Pendant plusieurs années, je me suis toujours flattée pour mes tendances perfectionnistes. "Où est le mal à vouloir être parfaite ?" Aurais-je pu m’interroger. Le terme "parfait" n’est-il pas un mot merveilleux, positif ? Les gens ne se souviennent-ils pas de la célèbre gymnaste Nadia Comaneci pour son dix parfait ? Pourquoi se contenter d’un B lorsque vous pouvez obtenir un A, lorsque vous pouvez être le meilleur une bonne fois pour toutes ?
Et ce perfectionnisme m’a servi de plusieurs façons. J’ai été une très bonne élève à l’école. J’ai adoré la lecture parce que je la pratiquais si bien, et l’écriture aussi à cause des notes et des acclamations que je recevais de mes professeurs d’anglais et de mes amis. J’ai utilisé mon énergie à vouloir être parfaite comme une boussole pour orienter ma vie vers où je le voulais ; si j’étais bonne dans une discipline (et que je recevais un prix pour ça), je m’y mettais encore plus. Et si je ne l’étais pas dans une autre, je la laissais tomber comme on laisse tomber un objet brûlant d’entre les mains.
Prenons l’art par exemple. Depuis l’age où j’ai pu tenir un crayon dans la main, j’ai toujours adoré dessiner. Bien que je n’aie jamais reçu d’éducation artistique officielle, je me suis essayée à la peinture à l’eau, à la craie, à l’encre, au fusain et à la peinture acrylique depuis l’enfance jusqu’à l’adolescence. Ma maman n’a pas juste collé mes dessins sur la portière du réfrigérateur, elle en a encadré certains. J’ai toujours cru que j’étais destinée à dessiner les cartes de vœux et à illustrer les livres pour enfants… jusqu’à ma première année secondaire, lorsque j’ai reçu un cours d’art d’un professeur où j’ai eu un C. Je n’ai plus jamais pris de cours d’art à l’école, je m’étais décidée à devenir écrivain.
Mais je n’avais pas idée que mon perfectionnisme allait devenir aussi le plus grand obstacle qui se dresserait sur mon chemin vers le rêve de l’écriture, pour plusieurs années durant. Car loin d’être un trait de caractère "merveilleux" ou "positif", ça m’avait en fait retenue, raillée, réprimandée, culpabilisée et méprisé mon envie ardente de devenir une écrivain. Restée sans les caresses constantes de mon ego par les professeurs et leurs encouragements dont j’avais tellement besoin, j’avais perdu pied et tergiversé, je m’étais débattue et avais fui.
Il m’a fallu beaucoup de temps pour réaliser la vraie raison pour laquelle je n’écrivais pas. Je rejetais la responsabilité sur le manque de discipline, ou le manque de temps, ou alors je venais occasionnellement à la conclusion que je n’étais tout simplement pas faite pour devenir écrivain. Et alors je tombais par hasard sur une vieille histoire ou essai que j’avais écrite, j’y reconnaissais l’habileté et le talent, me rappelais la joie et la satisfaction que je ressentais pendant l’écriture, ce qui me redonnais un souffle nouveau pour écrire pour la publication.
Mais jamais rien n’était encore assez parfait pour que je publie. Ou bien, parmi ces rares occasions où j’avais effectivement envoyé une histoire ou une demande pour considération, j’ai vu chaque rejet comme étant la confirmation que je n’étais simplement pas assez bonne. Des mois, parfois des années s’étaient passées, avant que je ne réessaye encore une fois.
Vous reconnaissez vous à travers ces mots ? Es-ce que votre propre perfectionnisme vous bloque, vous fige, vous empêche de soumettre votre travail ou vos idées ?
Croyez moi lorsque je vous dis ceci : le perfectionnisme n’est pas l’ami d’un écrivain. Si j’avais continué à succomber à cette tendance, je n’aurai jamais connu la joie et la satisfaction de voir mes articles publiés, je n’aurai jamais commencé ma newsletter (lettres d’informations) pour écrivains ou réalisé mon site web. Si vous aussi vous êtes un ou une perfectionniste, et que vous laissez ce trait de caractère orienter votre vie, vous non plus ne pourrez le faire.
Parce que le perfectionnisme est un syndrome enraciné dans un désir d’enfance de plaire et d’être remarqué, il n’existe pas de solutions rapides ou faciles pour en venir à bout. En plus, même si vous le surmontez dans le but de finir un projet, ce perfectionnisme remontrera sa vilaine face pour en contrecarrer d’autres ; j’ai plusieurs projets à demi achevés qui l’attestent. Cependant, j’ai aussi pour vous quelques indices qui pourraient vous aider à vous débarrasser de votre habitude perfectionniste, ou bien au moins arriver à s’adapter avec elle encore et encore :
1. Exposez la bête à travers votre écriture. écrivez sur votre perfectionnisme dans votre journal, ou écrivez un essai sur l’expérience que vous en avez. Comment es-ce que ça a gêné votre vie dans le passé, comment es-ce que ça vous a empêché de vous consacrer à des choses que vous aimiez beaucoup ? D’où cette tendance est-elle venue, comment a-t-elle évolué ? Allez vous laisser ce seul trait de caractère continuer à saper la passion et l’enthousiasme de votre vie ?
2. Lisez sur le perfectionnisme et comment le surmonter ou travailler avec. Deux livres que je recommande (en anglais) sont Never Good Enough: How to Use Perfectionism to Your Advantage Without Letting it Ruin Your Life (Jamais assez bon: comment utiliser le perfectionnisme à votre avantage sans le laisser vous ruiner la vie) par Monica Ramirez Basco (http://tinyurl.com/2gc9c), et If You Can Talk, You Can Write (Si vous pouvez parler, vous pouvez écrire) par Joel Saltzman (http://tinyurl.com/2tjje).
3. Retenez vous de penser que vous ou votre travail devez être "les meilleurs", et au lieu de ça visez seulement de faire "de votre mieux". Ne faites pas tout votre possible pour la perfection, mais pour le meilleur de ce que vous pouvez donner. Et alors soumettez votre meilleur travail, puis passez au projet suivant sans regarder vers l’arrière.
Avec le temps, vous verrez qu’envoyer votre travail "imparfait" et vous concentrer sur le prochain livre, histoire ou article deviendra de plus en plus facile, et votre écriture se portera de mieux en mieux.
4. Rappelez vous continuellement la raison pour laquelle vous vouliez écrire à l’origine. Essayez d’écrire juste par pur plaisir, ou pour toucher un certain genre de personnes ou d’audience, ou pour capturer une idée, une émotion, une croyance, une mémoire, un personnage ou une scène.5. Si vous vous sentez être désespérément au point mort et que vous ayez besoin de recevoir des échos et des encouragements pour revenir dans l’écriture, rejoignez un atelier d'écriture (workshop). Vous trouverez d’excellents ateliers d'écriture en ligne (en anglais) sur http://writesuccess.com/workshops_for_writers.htm
Le perfectionnisme et l’écriture, comme l’huile et l’eau, ne se mélangent jamais—le premier fera tout pour entraver le second, vous faire douter de votre propre talent, et souvent pour vous sucer votre enthousiasme envers l’écriture et votre énergie jusqu’à l’os. Donnez vous la permission d’être imparfaits, de vous y essayer et d’explorer et travailler votre art d’écrire, d’envoyer vos meilleurs efforts pour être considérés par autrui. Vous trouverez que le seul fait d’essayer donne beaucoup plus de satisfaction et de récompenses que le besoin d’être parfait.
Idées de Mary Anne Hahn, éditrice de "WriteSuccess", le magazine électronique (e-zine) gratuit bihebdomadaire (en anglais) de ressources, d’information et d’inspiration pour les personnes qui veulent se constituer des carrières d’écritures réussies. Vous pouvez vous inscrire sur le site (en anglais) http://writesuccess.com/
Traduction de l’anglais vers le français : Karim Benyagoub.<>