♥♥♥
Ce que j'ai aimé :
Pearl est une jeune américaine venue à Paris pour découvrir la vieille Europe. Ivre de la liberté que lui offre ce voyage à Paris, elle parcoure ses rues, les quartiers emblématiques, Montparnasse et ses peintres, les brasseries, tout en capturant ces instants :
"Photographier, se répétait-elle, au moins ça. Les rues et leur hasard. La charrette du vitrier chargée à s'écrouler, qu'un coup de lumière transforme en carrosse. Les globes des reverbères, loupes géantes posées que le gris argenté du fleuve, le long du pont Alexandre III. Et la fine poussière sur les tranches des livres, à la librairie. Clients cassés en deux dans leur lecture, comme si une maladie mortelle allait les terrasser. Etre là. Saisir. En quelques secondes, sauter sur le sujet, armer, appuyer, garder l'émotion. Par surprise et par morceaux, par bouts qui se rejoindront un jour, tout arracher à cette ville pour tout emporter." p. 58
Mais un sujet l'intrigue particulièrement : le restaurant le Paquebot, son chef impérial Charles-Henri Chelan et son ami Robert. Elle doit en effet réaliser pour son éditeur de New York, friand des échos de Paris, un livre sur la gastronomie française. Mais son projet artistique s'élargit au fil des jours, elle décide alors de s'attacher au lieu plus qu'aux plats.
Chaque personnage vibre d'une fibre artistique le sublimant pour atteindre une certaine forme de perfection : que ce soit Pearl et ses photographies, Charles-Henri et sa cuisine, ou encore un pianiste au talent émouvant, tous recherchent la beauté cristalline qui transforme leur savoir-faire en oeuvre artistique. Par leur pouvoir d'évocation, ils cherchent à toucher les sens de leurs invités, le goût, l'ouïe, la vue.
"En salle, les clients avaient plébiscité l'entremets indochinois, servi avec deux vers en langue hmong, dans l'envol d'une fumée qui évoquait la moiteur des rizières et es troupeaux de buffles. Avec, par-dessus la blancheur, le pourpre des framboises en purée servies à la louche, légèrement tièdes." p. 134
Le monde se trouve sublimé par leur art, la photographie permet ainsi de contempler ce qui nous entoure différemment, la grande cuisine exaltant l'acte primitif de manger, la musique transportant l'âme au-delà de la réalité. Enfin, l'écriture de Michelle Tourneur exalte également le rendu des saveurs, des couleurs, des décors, de l'atmosphère particulière des lieux.
"Fin septembre déposait ses buées, le soir, sur la ville. Un vent d'ouest apportait des pluies pénétrantes qui n'étaient plus d'orage. Les crépuscules étaient d'un froid coupant. L'humidité avait envahi les allées du jardin des Tuileries, les enfants y passaient sans s'attarder et, à la villa de Pigalle, le catalpa pleurait de lourdes cosses sombres." p. 269
La délicatesse de l'histoire diffuse un charme envoûtant indéniablement efficace.
Ce que j'ai moins aimé :
Rien.
Présentation de l'éditeur :
Fayard
Vous aimerez aussi :
Sur la cuisine : La colère des aubergines ; Le cuisinier ; En cuisine avec Alain Passard ; Mãn ; Le restaurant de l’amour retrouvé ; L’école des saveurs
Sur la photographie : Ce jour-là ; L’enchantement des lucioles
Sur la musique : La double vie d’Anna Song ; Chico et Rita ; Novecento : pianiste ; La nuit des femmes qui chantent ; L'appel des origines tome 1 ; Le temps où nous chantions ; Concerto pour la main morte ; WOOD Benjamin Le complexe d'Eden Bellwether
D'autres avis :
Cristal noir, Michelle Tourneur, Fayard, janvier 2015, 280 p., 18.50
Lu dans le cadre d'une opération Babélio.
Cristal noir Michelle Tourneur tous les livres sur Babelio.com