Magazine Culture

Jamie Ford : La ballade de Willow

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

La ballade de Willow  de Jamie Ford  3,5/5 (24-02-2015)

La ballade de Willow  (421 pages) est paru le 19 Février 2015 aux Editions Presses de la Cité.

Site de l’auteur Jamie Ford 

couv51247963 (105x173).jpg

L’histoire (éditeur) :

1934. Depuis qu'il a été abandonné quand il avait 7 ans, William Eng est pensionnaire de la très stricte institution du Sacré-Coeur, à Seattle. Cinq années ont passé, personne n'est venu le chercher. Aucune nouvelle de Liu Song, sa mère. 
Un jour pourtant, alors qu'il est au cinéma avec les autres garçons de l'orphelinat, il reconnaît le visage de sa mère dans une bande-annonce. Troublé par cette apparition qu'il n'osait plus espérer, William décide de s'enfuir pour retrouver celle qui se nomme désormais Willow Frost...

Mon avis :

Deuxième roman de Jamie Ford, La ballade de Willow  est une fiction sur fond historique qui se déroule au début du XXe siècle, à Seattle, au moment de la Grande Dépression. William est un sino-américain de 12 ans placé dans un établissement catholique pour « orphelins » depuis  5 ans. Ce 28 septembre, lors d’une sortie au cinéma pour l’anniversaire collectif des pensionnaires,  il tombe sur une affiche sur laquelle il croit reconnaitre sa mère. Désireux de comprendre pourquoi cette femme qu’il croyait morte l’a abandonné, aidé par Charlotte  (une autre petite pensionnaire de l’institut du Sacré Cœur) le garçon s’enfuit et tente de rencontrer cette splendide actrice nommé Willow Frost pour connaître la vérité.

La ballade de Willow est un double récit : celui de William en 1934 à la recherche de ses racines et celui de sa mère Liu Song, de 1921 à 1929, de ses 17 ans jusqu’au placement du jeune garçon. L’action se déplace ainsi successivement entre William et sa mère et permet de comprendre ce qui a conduit l’abandon.

William, de par sa situation et le profond sentiment de rejet qui l’habite, est un personnage touchant auquel on s’attache, tout autant que Charlotte, la petite aveugle qui le pousse à retrouver sa maman. Cette dernière m’a profondément émue (mais je ne vous en dis pas plus !). Accroché à ce petit « orphelin » on est vite gagné par l’envie d’en  savoir  plus.  Lorsque l’histoire de Liu Song Eng débute, le roman gagne en intérêt et’est c’est avec un profond sentiment d’injustice que l’on continue la lecture

L’écriture de  Jamie Ford est agréable et très accessible. La quatrième de couverture annonce l’auteur comme un conteur hors pair, et il y a du vrai. Ça coule tout seul et même si le roman n’est pas spécialement chargé en émotions forte (excepté les retrouvailles de Charlotte), j’ai trouvé son style suffisamment accrocheur et son intrigue particulièrement intéressante pour ne plus avoir envie de quitter William et sa maman. L’auteur a fait le choix de placer son histoire dans un contexte historique très précis et suffisamment bien détaillé du point de vue pour donner crédibilité et vraisemblance à son roman. J’y ai trouvé beaucoup d’intérêt à découvrir la population (et en particulier sino-américaine) durant cette terrible période d’après-guerre où la pauvreté a obligé bon nombre de parents à abandonner leurs enfants à la bibliothèque, au rayons jouets d’un  grand magasin…ou directement aux portes des institutions où ils étaient recueillis, nourris, logés, jusqu’au retour de leur capacité à subvenir à leurs besoins (parfois jamais).  J’ai trouvé ça terrible, d’autant plus  que c’est devenu monnaie courante, et encore plus cruel lorsque certains enfants espèrent que leur parents ne reviennent jamais…Mais la moral catholique préfère encore laisser un gamin à son père malgré le malaise qui le saisi en apprenant la nouvelle plutôt que faire confiance à une mère chinoise célibataire chanteuse pourtant débordant d’amour pour son  fils, jugeant les conditions et les origines plutôt que les actes.  

Krach boursier, discrimination, prohibition, croyances et traditions chinoises, marginalisation…La ballade de Willow est avec tout ça un riche roman sur lequel les sujets de discussion sont nombreux. La misère côtoie le glamour et l’ascension  du cinéma et de ses vedettes laisse une étrange impression dans ce douloureux paysage social.  Bien évidemment, les thèmes de l’abandon et des liens familiaux restent le sujet majeur, mais l’essor du cinéma permet aussi de mettre en avant l’interdit lié aux artistes féminines chinoises (actrice ou chanteuse sont considérées comme des professions  de mauvais goût).  L’Histoire façonne le récit de Jamie Ford et rend La ballade de Willow riche et passionnante.

Même s’il manque de profondeur sur le plan des émotions, j'ai trouvé l’histoire de ce roman vraiment intéressante. Je pense que je ne l’oublierai pas de sitôt.

17232261 (114x173).jpg
 
18664305 (114x173).jpg
 
18301103 (121x173).jpg
 
19101240 (112x173).jpg
 
22375099 (119x173).jpg
 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Stephanie Tranchant 5196 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines