Les chercheurs de l'Université du Kent ont étudié la clientèle de 7935 médecins de famille d'Angleterre. Les médecins de famille anglais qui participent au régime de santé public sont incités financièrement à vérifier le fonctionnement de la glande thyroïde.
Environ 10% de la population britannique est desservie par un réseau d'aqueduc dans lequel du fluor a été ajouté à l'eau potable. Il y a donc une masse de données propice à l'analyse de type épidémiologique. Résultat: la probabilité que la clientèle d'un médecin souffre d'un taux élevé d'hypothyroïdie augmente de 40% à 60% selon la teneur en fluorure de l'eau.
Une plus grande proportion de la population est alimentée par de l'eau fluorée au Canada et aux États-Unis, où cette pratique à grande échelle a commencé dans les années 50.
Au pays, 42% de la population est alimentée par de l'eau fluorée. En Ontario, c'est 76%, autant qu'aux États-Unis (75%). Mais au Québec, c'est seulement 3%.
En 2006, le gouvernement du Québec se donnait l'objectif que d'ici 2012, 50% de la population de la province ait accès à de l'eau potable dont la concentration en fluorure est optimale. L'objectif est loin d'être atteint. En fait, on s'en éloigne, avec l'abandon de la fluoration à Québec en 2008 et, plus récemment, à Bécancour.
L'hypothyroïdie
Alors qu'est-ce donc que l'hypothyroïdie? Tout part de la glande thyroïde, qui sécrète des hormones qui contrôlent le niveau du métabolisme des cellules du corps. Selon Passeport Santé, quand cette glande sécrète moins d'hormones, les personnes peuvent prendre du poids et ressentir de la faiblesse, de la fatigue, de la confusion, des crampes musculaires, de la frilosité et une foule d'autres symptômes diffus.
Les femmes sont de deux à huit fois plus susceptibles d'en souffrir. La prévalence augmente avec l'âge. La maladie touche 1% des adultes au Canada, mais 10% des 60 ans et plus.
Selon les chercheurs, c'est la première fois que la corrélation entre l'exposition au fluor et les effets sur la glande thyroïde est étudiée à l'échelle de la population.
Cependant, ils mentionnent que l'on connaissait l'effet du fluor sur la thyroïde depuis longtemps: dans les années 50, on traitait le goitre - l'hyperthyroïdie - avec une dose de fluor semblable à celle à laquelle on est exposé si on boit 1,5 litre d'eau fluorée par jour. Les symptômes du goitre sont souvent à l'opposé de ceux de l'hypothyroïdie: nervosité, tremblements, rythme cardiaque rapide, perte de poids, etc.
Toujours recommandé au Québec
Les chercheurs affirment que leurs «résultats de recherche ont des implications importantes pour les politiques de santé publique au Royaume-Uni et dans d'autres pays où le fluorure est ajouté à l'eau».
Mais pour sa part, la Direction de la santé publique (DSP) du Québec continue de prôner la fluoration, y compris dans un avis de 2012 sur cette question.
On y affirme que les enfants québécois ont 40% à 50% plus de caries que les Nord-Américains du même âge. Et il y a plus d'«édentés» au Québec qu'ailleurs au Canada. Dans ce même avis, la DSP affirme qu'«aucune donnée scientifique ne démontre de lien entre la fluoration de l'eau de consommation et un problème de santé particulier».
Une affirmation qui devra peut-être être nuancée.
À l'instar de la DSP, la plupart des autorités de santé publique et des associations dentaires continuent de prôner la fluoration de l'eau, sur la base de centaines d'études qui n'ont pas mis au jour d'impact négatif.
Mais ses bienfaits pour la santé dentaire sont de plus en plus difficiles à discerner, selon un rapport publié l'an dernier par le Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE).
«Il y a de multiples sources de fluor, les soins dentaires s'améliorent ainsi que l'hygiène dentaire individuelle», affirme-t-on.
Source : LaPresse