Les Israéliens, pour leur part, ont salué comme une "victoire morale" le jugement de New York et la confirmation de "l'hypocrisie" de l'Autorité palestinienne et d'une partie de la communauté internationale.
La direction palestinienne a immédiatement annoncé qu'elle ferait appel, en dénonçant une instrumentalisation de la justice américaine par des "factions de purs et durs opposés à la paix en Israël".
Un jury populaire new-yorkais a condamné lundi l'Autorité palestinienne et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à payer 218,5 millions de dollars aux familles de victimes de six attentats ayant fait 33 morts et 390 blessés entre 2002 et 2004 en Israël.
Ce montant devrait être automatiquement triplé en vertu des lois antiterroristes américaines, portant le montant des dommages et intérêts à plus de 655 millions de dollars.
Parmi les victimes figuraient des Américains, dont les familles ont porté l'affaire devant une juridiction civile à New York.
Les jurés ont reconnu l'Autorité palestinienne et l'OLP, les deux grandes organisations représentatives des Palestiniens, responsables d'avoir soutenu ces attentats. Ces derniers avaient été perpétrés par des militants du mouvement islamiste Hamas ou des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, la branche armée du Fatah, le parti laïc du président Mahmoud Abbas et la principale force au sein de l'OLP.
- L'Autorité va-t-elle devoir payer ?-
Pour l'Autorité palestinienne, préfiguration de l'Etat palestinien, le jugement peut faire très mal. Déjà chroniquement désargentée, elle est prise à la gorge depuis qu'Israël a cessé de lui reverser les revenus des taxes prélevées sur les marchandises destinées aux Palestiniens et transitant par Israël. Beaucoup, avant le jugement de New York, s'inquiètaient d'un écroulement de l'Autorité.
La direction palestinienne devra-t-elle ou non payer, malgré l'appel? Une avocate israélienne des familles de victimes a averti qu'elle remuerait ciel et terre pour forcer les Palestiniens à payer, en visant leurs biens aux Etats-Unis par exemple.
"Nous ne pouvons pas payer. Nous n'avons pas cet argent", a répondu à Ramallah Hanan Ashrawi, dirigeante palestinienne. Elle s'est dite assurée que, dans la mesure où l'Autorité coopère avec la justice américaine, celle-ci ne s'en prendra pas aux avoirs palestiniens aux Etats-Unis.
Mais, a-t-elle admis, "cette décision arrive à un moment où l'Autorité se bat pour sa survie (...) Si elle s'effondre, cela aura des conséquences pour tout le monde".
Le jugement de lundi a été rendu dans un climat de vives tensions entre Israéliens et Palestiniens.
La direction palestinienne est engagée dans une démarche d'internationalisation de sa cause et a annoncé en janvier son adhésion à la Cour pénale internationale (CPI). L'intention proclamée est de poursuivre les dirigeants israéliens pour crimes de guerre.
Cette initiative scandalise les Israéliens qui, en représailles, gèlent le versement des fonds dûs à l'Autorité.
- Un mort près de Bethléem -
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a salué le jugement new-yorkais comme la confirmation de l'hypocrisie palestinienne.
"Au lieu de tirer les leçons nécessaires, l'Autorité palestinienne a pris des mesures qui menacent la stabilité régionale telles que sa demande hypocrite d'adhésion à la Cour pénale internationale alors qu'elle est alliée au Hamas, une organisation terroriste", a-t-il réagi.
Une partie de la communauté internationale a désapprouvé l'adhésion à la CPI en faisant valoir qu'elle compliquait la recherche de la paix. Des diplomates ont aussi mis en garde contre le risque qu'elle ne se retourne contre les Palestiniens, susceptibles d'être concernés eux aussi par les investigations.
"Ce jugement renforce notre détermination (...) Nous poursuivrons notre quête de justice et nous gagnerons", a déclaré Mme Ashrawi.
La direction palestinienne a présenté le procès de New-York comme une tentative supplémentaire des ennemis de la paix de bloquer la création d'un Etat palestinien, de poursuivre la colonisation et de détourner l'attention des injustices quotidiennes.
Un Palestinien de 19 ans a été tué dans la nuit de lundi à mardi par des tirs de soldats israéliens lors d'affrontements dans le camp de réfugiés de Dheisheh près de Bethléem en Cisjordanie occupée, selon des sources médicales palestiniennes. Les soldats ont été attaqués à coups de pierres et de bouteilles incendiaires et, après avoir tenté de disperser les émeutiers, ont ouvert le feu quand ils se sont sentis en danger, a dit une porte-parole de l'armée israélienne.
Source : AFP