Une ferme de 250.000 poules à Doullens dans la Somme, une porcherie de 15 000 porcs à Vitry-le-François dans la Marne, un poulailler géant avec 1,2 million de volailles à Pamproux en Poitou-Charentes... A la veille de l'ouverture du Salon de l'agriculture, la Confédération Paysanne a publié une carte des projets de développement de l'"agriculture industrielle" en France.
"Cette carte non exhaustive met en évidence comment, au-delà du symbole des 1000 vaches, une agriculture destructrice se met en place" précise le syndicat fondé par José Bové. "Il y a une réelle intention (du gouvernement) de livrer notre métier aux mains d'industriels plus soucieux de leurs parts de marché que de l'emploi, de l'alimentation ou de l'environnement. Et cette carte n'est que la partie immergée d'un énorme iceberg. Quotidiennement, les paysans sont poussés par la profession agricole, les banques et les politiques vers l'agrandissement, la modernisation à outrance et la déconnexion de leur métier, accentuant leurs difficultés. Avec des paysans plus fragiles, qui deviennent les travailleurs à façon de l'agro-alimentaire, et moins soutenus par les pouvoirs publics que les projets industriels, le calcul est vite fait."
La Confédération Paysanne dénonce aujourd'hui le fait que ces dérives correspondent à la volonté du gouvernement et cite les articles 27 à 30 de la Loi Macron qui visent à assouplir les autorisations d'agrandissement des élevages industriels tout en réduisant et en allégeant le nombre des contrôles ciblant ces usines.
L'association de mobilisation citoyenne "Agir pour l"environnement" a rejoint la Confédération Paysanne dans son combat contre l'industrialisation de l'agriculture à outrance en lancant une pétition nationale pour stopper les fermes-usines.
"Malgré l'impasse de ce type d'élevage qui réduit les paysans à de simples exécutants à la solde de multinationales, soumet l'animal à un environnement concentrationnaire indigne, pollue l'environnement (notamment rivières, littoraux et nappes phréatiques) et produit une alimentation de qualité discutable,... le gouvernement annonce un nouvel assouplissement des règles régissant l'agrandissement des élevages !" explique l'association Agir pour l'Environnement qui se dit scandalisée. "Il est nécessaire qu'un véritable débat s'engage afin de tenir compte de la volonté maintes fois exprimée des citoyens d'une nourriture de qualité et d'un environnement préservé. Le gouvernement doit renoncer à soutenir cette course au gigantisme : il doit abandonner sa volonté de détricoter le droit de l'environnement pour satisfaire les exigences de quelques centaines d'agriculteurs productivistes et des multinationales qui les instrumentalisent. Ce "modèle" industriel nous rend dépendants des marchés spéculatifs et des importations d'aliments pour bétail, il détruit le tissu agricole, augmente le chômage et bafoue les attentes sociales. Il est grand temps que l'agriculture cesse d'être le monopole d'une minorité agissante."
Selon un sondage Odoxa publié dimanche 22 février dans le journal Le Parisien, une écrasante majorité de Français (87%) souhaitent que la politique agricole favorise les "petites exploitations qui privilégient la qualité des produits". La pétition pour stopper les fermes-usines en France devrait ainsi connaître un important succès.
Pour signer la pétition, rendez-vous sur le site fermes-usines.agirpourlenvironnement.org.
Stella Giani