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Depuis le 7 janvier, les mots se sont bousculés dans ma tête mais impossible de les mettre par écrit. Je crois que Madame Sophie est fatiguée de tenir un blog. J'avais vainement tenté il y a quelques mois de lui refaire une beauté histoire de retrouver l'envie, mais cela n'a pas servi à grand'chose.J'en ai des choses à dire. Mais à qui, d'abord ? Le sentiment que mon lectorat a légitimement déserté les lieux n'est pas très motivant. Envie aussi de parler à visage découvert, en mon nom. Je l'ai déjà fait, entre 2007 et 2010, ailleurs. Et puis, j'ai renoncé car je ne maitrisais pas cette frontière si ténue entre ce qui peut être dit et ce qui doit rester tu, par respect pour les autres.Même si mes billets de l'époque se promènent encore sur la toile, j'ai préféré retrouver une forme d'anonymat qui m'a bien arrangée jusqu'à ce que l'envie de rencontrer des blogueurs IRL se fasse sentir. Vous êtes une dizaine à connaitre ma trombine, le son de ma voix et quelques détails sur ma vie, vous êtes deux à être venus jusque dans mon salon (ils se reconnaitront, big up).J'en ai un petit peu marre de tourner autour du pot pour cracher ma Valda. Des névroses, j'en ai toujours à la pelle, mais j'apprends tout doucement à m'aimer, à avoir confiance en moi. Ce blog a toujours été mon défouloir, je traine derrière moi une réputation de "jamais contente" notoire. Aujourd'hui, j'aurais envie qu'il soit plus constructif, mais est-ce bien le bon endroit ? Ne faudrait-il pas changer d'espace encore une fois ? Ne serait-ce pas une nouvelle fuite en avant ? (amis de la psychologie de comptoir, bonjour). Tout reconstruire encore une fois, barf.Je pourrais continuer à raconter à quel point mon ado de fille me rend chèvre, comment l'hyperactivité de mon fils m'épuise, pourquoi belle-maman ne m'aime pas, que les gens en général me saoulent, donner mes recettes de tartes car je suis la reine des quiches, parler du dernier bouquin lu. Là, tout de suite, ça ne ne vient pas.Surtout, je me reconnais de moins en moins dans la foule des blogueurs. J'en ai découvert de nouveaux, beaucoup via Twitter et Instagram. Beaucoup parlent de sujets de société qui me tiennent à coeur et ils le font si bien que j'ai l'impression de ne pas leur arriver à la cheville. D'autres sont des mamans et femmes actives comme moi, à la différence près que nous ne vivons pas la même vie : la place est tenue en majorité par des blogueuses qui ont un appartement ou une maison magnifique (dont elles sont propriétaires, évidemment), plein d'objets de déco hyper sympas qui coûtent une blinde (mais elles ont toute la même déco, par contre, sur Instagram, on se croirait dans une pub pour Ikea, parfois), des idées extras (et du temps ! ) pour le DIY, qui ont des jobs de bobos (ouais moi aussi, c'est vrai, mais on ne retiendra que le côté bohême, pas le côté bourgeois), qui instagrament sur leur Iphone et bloguent sur leur Imac pendant que les enfants sont sur leur tablette tactile, qui font des footing en portant des Nike Air, se photographient et se vantent de leurs 10km engloutis en une heure (moi aussi, je peux faire du 10 à l'heure... à vélo), qui ont des enfants adooorables et toujours habillés comme dans un catalogue (hashtag ootd), qui sont des mamans hyper patientes et compréhensives, qui se payent une semaine au ski les doigts dans le nez et qui, le reste du temps, partent en vacances dans des endroits qui font baver le commun des mortels => si tu te reconnais dans cette description, sache que je suis volontairement pas très très gentille, que tu as toute mon affection et que je continuerai de te lire, mais qu'à force, je finis par toutes vous confondre tant vous cherchez toutes à ressembler à la voisine. Car non, dans la blogosphère, il n'y a pas beaucoup de place pour les gens qui gagnent moins de 3000 euros par mois et qui galèrent pour joindre les deux bouts, pour les gens dont la vie n'est pas toujours simple, pour les gens qui ont potentiellement des choses intelligentes à dire mais qui ont peut-être envie d'être eux-mêmes, avec leurs plaies et leurs bosses, sans donner une image lisse et aseptisée de leur vie. Etonnamment, si tu ne rentres pas dans le moule, tu as beaucoup moins de lecteur que les autres, c'est un peu du réchauffé tout ça.Bref, je pose tout ça ici en vrac, je ne sais pas si j'en ferai quelque chose un jour. Non, ma vie n'est pas spécialement géééniaaale, elle est pleine de rugosités, de questionnements, elle est normale, en somme. Et je n'ai pas envie de dire le contraire. Si tu es resté(e) jusqu'au bout, merci (coeur avec les doigts, smiley qui tire la langue).