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Blackmail – Sphinx EP (PREMIERE)

Publié le 23 février 2015 par Hartzine
Blackmail ÔêÅ Lebruman 2015 Il y a deux ans, presque jour pour jour, Hartzine s’en allait filmer les membres du groupe Blackmail, réfugiés dans une suite de l’Hôtel W Paris-Opéra reconvertie en studio à l’occasion de l’enregistrement de leur premier album,Bones — sorti chez Yuk-Fü Records en 2012 pour la version digitale, et chez Malditos l’année d’après pour la version vinyle (voir). Un album brut et bilieux, issu de la rencontre de Stéphane Bodin (Married Monk, Bosco, Prototypes), Sylvain Levene (This Is Pop, Beatmark) et François Marché (Bosco, Prototypes) aux productions hybrides, influencées aussi bien par les cultures punk et post-punk que par les structures répétitives propres aux musiques électroniques. Une dizaine de titres à l’estomac qui avaient réussi le tour de force de délayer une atmosphère résolument rock dans des paquets de boucles sombres et grasses, empruntés à la techno telle qu’on sait la faire chez Panzerkreuz et Berceuse Héroïque. De ce Bones, on retiendra surtout le monumental A Miracle, America, titre emblématique, déjà présent sur l’EP She’s Crafty, sorti en 2011 chez Yuk-Fü Records, qui résume sans doute le mieux les ambitions stylistiques du trio. Une voix lancinante engluée dans les delays, des boucles épaisses, un tempo assez lent, de gros filtres et une imagerie bien déglingue pour produire un son brut comme on l’aime. Deux ans plus tard, le nom de Blackmail réapparait enfin dans notre ligne de mire. Le 9 mars prochain, Dur au mal, leur nouvel album, sortira, une fois n’est pas coutume, chez les flaming boy-scouts de Yuk-Fü Records. Dur au mal, tough dirait l’anglais, un titre évocateur qui soulagera tous ceux qui craignaient un quelconque relâchement de hargne chez les trublions de l’urbanité crasseuse. Dur au mal, titre éponyme qui ouvre ce nouvel album sans s’embarrasser de mise en bouche. Première surprise, l’abandon de l’anglais au profit exclusif du français. Un français réduit à une expression quasi faciale, la syntaxe en limaille, débarrassé des exigences grammaticales et narratives, qui forge son univers à l’aide de morceaux de phrases jetées comme des volées de cailloux à l’auditeur. « J’incube… J’incube… Dur au mal… Dur au mal… J’incube… J’incube… Des virgules, des virgules, des virgules… Dur au mal… Ils hurlent… Ils hurlent… Dur au mal… J’incube… Des virgules, des virgules… Dur au mal… Musique de hangar… Vapeurs d’alcool… Flaques d’huile… Ils hurlent… ». Le tout porté par des gimmicks simples et efficaces. Pas besoin d’en dire plus. Ça marche. On se laisse prendre au jeu et on commence à secouer à la tête en se prenant pour des caïds en plastique façon Mad Max. Et c’est bien là que réside le tour de force de cet album : avoir réussi avec brio l’exercice périlleux de composer huit tracks brutales dont l’énergie réelle est préservée par une autodérision constante. Un second degré salvateur qui, à la façon des meilleurs films de R. Rodriguez, transmue l’outrance en esthétique et multiplie par dix notre capital sympathie à l’égard de l’album. Huit titres trop sombres pour se prendre au sérieux. Huit titres costauds pour une fresque grand guignol rock’n’tech urbaine, qui déploie ses notes et ses prêches décousues quelque part entre l’univers de Sin City et les réminiscences d’une soirée passée à déambuler dans les rues de la capitale. Souvent rapprochée d’Alan Vega, de Suicides et de The KVB, la musique de Blackmail prolonge peut-être encore plus directement l’expérience techno-rock initié par les canadiens de Sunns en 2010 avec leur album Zeroes QC En attendant de les (re)voir sur scène, le vendredi 13 mars au Garage MU, aux côtés de Deficit Budgétaire, Gyrls et Iueke (Event FB), on ne peut que vous recommander chaudement l’écoute de ce nouvel album annoncé pour le 9 mars prochain, qui nous conforte dans l’idée que Blackmail fait désormais partie des groupes français sur lesquels il va falloir compter. L’EP Sphinx, dévoilé aujourd’hui, est à écouter ci-après en intégralité. Audio(PREMIERE)

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