Une réalisation virtuose, une interprétation au sommet, un scénario toujours juste et pertinent, pour un film immanquable. Une formidable mise en abîme sur la création artistique dressant un portrait extrêmement lucide sur le métier d'acteur et la célébrité qui y est associée. Birdman est bel et bien un chef-d'oeuvre.
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Grand vainqueur de la 87ème cérémonie des OSCARS,
le dernier film Alejandro González Iñárritu a remporté hier soir 4 statuettes !
Dire que nous l'attendions avec impatience est un euphémisme ! Il a fallu une toute petite réflexion d'Alfonso Cuaron à la sortie de Gravity pour nous mettre l'eau à la bouche. Le réalisateur avait parlé d'un film mystérieux mis en scène par l'un de ses compatriotes, tourné en un plan séquence de deux heures, et qui était déjà, selon lui, un chef-d'oeuvre. Et maintenant que nous l'avons vu (il y a près de deux mois, au point que l'on a plus que jamais envie de pouvoir le voir encore), nous pouvons confirmer les dires du metteur en scène mexicain oscarisé l'année dernière : Birdman est bel et bien un chef-d'oeuvre.
En tous cas, un film complètement en marge de la production cinématographique actuelle. Une oeuvre expérimentale, pensée et tournée en un long plan-séquence presqu'en temps réel (les ellipses temporelles sont visibles), un pari d'une ambition folle et qui n'est jamais réduit à l'état de gimmick auteurisant tant la forme colle parfaitement avec le propos. Sorte de mise en abîme sur le thème de la création artistique, Birdman suit le parcours d'une ancienne star de films d'actions (de super-héros pour être plus précis), Riggan Thomson, autrefois adulée et dorénavant oubliée, ayant bien décidé de revenir - littéralement ! - sur le devant de la scène, en montant une pièce de théâtre qu'il juge comme suffisamment noble pour lui permettre d'accéder enfin à une véritable reconnaissance. Assez savoureux quand on connaît le petit monde du théâtre et les obsessions bien souvent surréalistes des acteurs, le film d'Iñárritu dresse ainsi avec une lucidité incroyable le portrait d'un homme complexe, en proie au doute et aux hallucinations, dans un monde d'illusions mais également de désillusions.
Intelligemment rythmé par des percussions tentant de retranscrire les divers états émotionnels que traverse le personnage principal (une bande son à ce titre vraiment judicieuse !), Birdman se propose ainsi de faire vivre aux spectateurs une expérience qui les plongera avec une extrême justesse dans ce tourbillon, ce bouillonnement créatif, à la limite de l'absurde mais pourtant si réel, si crédible, si naturel. D'où le choix d'une mise en scène étourdissante, continuellement en mouvement et suivant au plus près le héros, collant parfaitement avec cet environnement en constante ébullition. Et si Birdman, contrairement à ce qu'indique pourtant son titre, n'est pas vraiment un film sur les super-héros, il n'en demeure pas moins cependant être un véritable film de « super-slips », eu égard à la propension qu'ont le héros et sa « némésis » - le jeune premier unanimement salué par la profession, qu'admire et jalouse à la fois Riggan Thomson - à se retrouver dans pareille tenue. Il faudra bien évidemment trouver dans ce choix vestimentaire - en décalage avec les conventions et la réalité - un moyen de mettre les personnages « à nu », sans aucune pudeur, sans honte, sans gêne, comme pour justifier à la fois leur débordante sincérité et leur folie sous-jacente.
Il est évident que l'un des atouts principaux du film est son interprétation, d'autant qu'il permet au grand Michael Keaton de faire, à l'instar de son personnage avec lequel bien évidemment il partage de nombreux points communs, un retour triomphant. A ses côtés, on retiendra surtout la performance d'Emma Stone, dans le rôle du seul élément doté de raison auprès du héros, et d'Edward Norton, irrésistible en acteur aux méthodes radicales et au comportement instable. Un casting apportant la fraîcheur et l'énergie requises pour arriver à donner cette sensation de spontanéité à un film paradoxalement extrêmement chorégraphié et mis en scène avec une technique qui tient (presque ! Car ce n'est pas le seul long-métrage à avoir été monté
Un très grand film.
Titre original
Birdman Or (The Unexpected Virtue Of Ignorance)
Mise en scène
Alejandro González Iñárritu
Date de sortie
28/02/15 avec la 20th Century Fox
Scénario
Alejandro González Iñárritu, Nicolás Giacobone, Alexander Dinelaris & Armando Bo
Distribution
Michael Keaton, Edward Norton, Emma Stone, Naomi Watts & Zach Galifianakis
Photographie
Emmanuel Lubezki
Musique
Antonio Sanchez
Support & durée
35 mm en 1.85 : 1 / 119 minutes
Synopsis : À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego…
S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir...