Né à Florence le 23 mars 1514, Lorenzo de Médicis, dit Lorenzaccio ou Lorenzino était le fils de Pierfrancesco de Médicis le Jeune (1487-1525) et de Marie Soderini. Après la mort de son père en 1525, il fut élevé par sa mère et les tuteurs Gianfranco Zeffi et Varino Favorino de Camerino à la Villa del Trebbio, où il grandit aux côtés de son frère Julien et de Cosme Ier de Médicis, futur duc de Toscane.
En 1526, il fut conduit avec Julien et Cosme à Venise pour échapper aux troubles qui agitaient Florence. Un an plus tard, à la suite du sac de Rome qui déstabilisa profondément le pape Clément VII (Jules de Médicis), membre le plus puissant de la famille des Médicis, ceux-ci furent de nouveau chassés par les Florentins.
De retour à Florence en 1530, il devient le compagnon inséparable du duc Alexandre de Médicis (1510-1537), son cousin, récemment restauré dans la direction de la ville. Il est le complice de ses excès, de son libertinage et de ses débauches, ainsi que de maintes actions criminelles. Les deux acolytes sont souvent vus en public montant le même cheval et ils auraient régulièrement partagé le même lit.
Le soir du 5 janvier 1537, Alexandre se rend dans les appartements de Lorenzo. Celui-ci lui promet de revenir rapidement avec sa sœur et l’épouse de Leonardo Ginori, pour une nuit d’orgie. Lorenzo tardant, Alexandre s’endort. Quelques heures plus tard Lorenzo revient, mais c’est avec un sicaire nommé « Scoronconcolo ». Trouvant le duc endormi, comme il l’avait prévu, il ordonne qu’on le tue. Le duc cependant, tiré de son sommeil par la première agression, ne succomba qu’au terme d’une lutte violente.
Parmi les raisons de la trahison de Lorenzo on a pu invoquer, par exemple, la volonté de Lorenzo de libérer Florence d’un tyran ; mais un différend plus personnel entre les deux compagnons aurait également pu motiver cet assassinat.
Rédigée par Lorenzino pour être lue dans les cercles politiques italiens, cette Apologie constitue à la fois une réponse à ses détracteurs et un développement des motivations éthiques et politiques de son meurtre. Invoquant les impératifs moraux des principes de citoyenneté et liberté, Lorenzino justifie son acte comme nécessaire à la république de Florence. Partant du présupposé qu’« il est bien que les tyrans soient tués », l’auteur a rédigé ce libelle dans le but de clarifier trois points essentiels. Premièrement, il explique en quoi Alexandre était un tyran. Deuxièmement, il dénonce le qualificatif de traître que certains accolent à son nom, puisqu’il affirme n’être ni serviteur ni parent dudit Alexandre. Troisièmement, il montre en quoi sa décision de fuir Florence après le crime pour rejoindre les ennemis des Médicis fut juste et inévitable. L’auteur livre donc son Apologie comme un témoignage auto-justificateur, comme une condamnation à mort universelle de la tyrannie. Son choix d’assassiner Alexandre fut le bon, dit-il, quoi qu’il lui en coûte, quoi qu’en pensent ses contemporains. Dans sa postface de l’ouvrage, Francesco Espamer s’appuie sur les différentes analyses du tyrannicide pour réfuter « l’image engendrée par le XIXème siècle d’un Lorenzino sombre, pâlichon et renfermé ». Selon lui, Lorenzino a composé l’Apologie avec éloquence, « pour rappeler aux contemporains et à la postérité que, malgré tout, il avait accomplie, lui, tout seul un geste mémorable ».
Même si l’Apologie ne fut pas imprimée du vivant de son auteur, elle continua longtemps après sa mort de circuler sous forme manuscrite. Elle fut publiée pour la première fois en 1723.
Cependant Lorenzo, contraint de fuir Florence, se réfugia d’abord à Bologne, puis à Venise, protégé par Mgr Giovanni Della Casa. La même année, il rejoignit les troupes du Florentin Philippe Strozzi pour lutter contre Cosme Ier et se battit à la bataille de Montemurlo.
Redoutant les hommes de main de Cosme, il voyagea à Constantinople, puis en France, où il vécut quelques années, de 1537 à 1541, protégé par Catherine de Médicis. En 1542, il se rendit de nouveau en Toscane pour tenter d’empêcher Cosme Ier d’unifier l’État de Toscane, avant de retourner à Venise. En 1544, il revint en France, puis de nouveau à Venise.
Le 26 février 1548, Lorenzo fut lardé de coups de couteaux par deux hommes à sa sortie de la messe, sur le seuil de l’église de San Polo, (« deux Volterra à la solde de Cosme » mentionnés dans une lettre), et il mourut en face de la maison de sa maîtresse Elena Barozzi, épouse du patricien Antonio Zantari, de San Tomà, sur le Campo San Polo à Venise.
Il laissait une fille, du nom de Lorenzina, qui fut élevée par des parents et se maria avec un noble romain, Julius Colonna.
Marguerite de Navarre, George Sand, Alfred de Musset et Alexandre Dumas relateront chacun à leur manière l’assassinat d’Alexandre par Lorenzaccio.