Bertrand et Lola d’Angélique Barbérat 5/5 (21-02-2015)
Bertrand et Lola (493 pages) sort le 26 février 2015 aux Editions Michel Lafon.
L’histoire (éditeur) :
Pourquoi Lola a-t-elle sonné à cette porte ? Pourquoi Bertrand a-t-il ouvert à cette inconnue ? Comment peut-on tomber fou amoureux de quelqu’un en dix secondes ?
Ce jour chaud du mois de juin va tout changer. Durant quelques heures de bonheur et d’insouciance, Bertrand et Lola oublient tout : elle, qu’elle va se marier dans une semaine ; lui, qu’il est reporter-photographe et ne supporte aucune attache.
Malgré cette passion inattendue, tous deux prennent la plus sage et la pire des décisions : continuer leurs chemins respectifs et retourner à leur vie d’avant. Lola se marie et reprend son métier d’hôtesse de l’air. Bertrand s’envole pour un pays lointain… Mais chacun demeure prisonnier de cet amour fou.
Mon avis :
Bertrand et Lola est un très beau roman sur l’amour, la vie, le désir, l’espoir, le destin et la nécessité de prendre en main tout ça pour être heureux et en harmonie.
« Alors quelque chose de bien plus puissant qu’une gifle lui tarauda un endroit précis au cœur. Bertrand se redressa, Lola resta couchée, le regard dans le sien. Le pont était très beau. Et la vue imprenable sur un monde étourdissant. Il était cet homme qui mettait en lumière et repartait avec celle-ci, laissant ombres et souvenirs impossibles. » Page 47
Pas d’écriture mélo, pas de drames surjoués, pas de passion dévorante, juste une histoire simple faite de personnages naturels, comme vous, comme moi et pourtant une histoire follement passionnante (j’ai troqué ma nuit de sommeil pour elle tellement elle m’a emportée). J’ai particulièrement aimé cette simplicité. Le tout est crédible, cohérent et tellement juste qu’Angélique Barbérat a su me tenir amoureusement du début à la fin.
Et pourtant ce n’était pas gagné car je n’ai pas vraiment ressenti leur coup de foudre. Je n’ai pas vibré avec eux dans ces premières pages même si l’envie de de ne plus les quitter était déjà là. Mais finalement l’histoire a gagné en ampleur au fur et à mesure, pour germer et grandir dans mon cœur. Il faut dire que les personnages sont tous très bien construits, les histoires personnelles respectives sont riches et on les suit avec avidité, attachement, peur, incertitude et toujours cette terrible envie de pousser un peu plus le destin en leur faveur (ou plutôt de faire pour eux des choix de cœur plutôt que de raison).
Les pages se tournent toutes seules et l’écriture d’Angélique Barbérat est un vrai plaisir. Fluide, tellement sobre et pleine de finesse, elle a quelque chose d’envoûtant (le périple en Russie m’a fait rêver). Il y a une bonne dynamique dans la lecture grâce aux chapitres courts et à l’alternance des histoires et des points de vue. On avance dans les vies de Bertrand et Lola en alternance en espérant toujours qu’elles vontenfin finir par se relier définitivement. Les phrases en italiques destinées aussi àbien à l’un et à l’autre, comme des non-dits qui boostent mais qui rappellent aussi l’acte manqué, sont capitales et ont largement contribué au développement des émotions. J’ai senti croître doucement, surement, efficacement l’amour qui a soudé Bertrand et Lola ce 5 juin 2009 au 43 rue Hector de Paris.
« La vie est merveilleuse, injuste, étonnante, parfois abominable mais très rapide. » Page 197
« Depuis notre rencontre, nous sommes pris au piège de cet amour et depuis l’aéroport, nous sommes pris au piège de notre vie. » Page 261
J’ai été conquise par ce roman tellement loin des romances à clichés surdosées en sentiments, en situations invraisemblables et loin du réel. Bertrand et Lola est un récit d’une grande sensibilité, doux et délicat qui se construit doucement et qui gagne en force à mesure qu’on progresse.
Bref : Angélique Barbérat m’avait déjà émue avec L’instant précis où les destins s’entremêlent, avec ce nouveau roman elle m’a encore une fois conquise, d’une manière différente, en faisant gonfler le plaisir et les émotions, pour me toucher profondément.
« Son père avait le chic pour dire les choses comme ça qui laissaient des traces identiques au sillage d’un avion. Elles finissaient par disparaitre, mais parfois, avec un vol, c’était de retour. Glacé et blanc. Muet et présent. Aussi perpétuel que le souvenir d’un geste. » Page 22
« Je t’ai laissé voler mon mariage, ma vie, et une partie de moi continue d’en être horriblement heureuse. Le désir de toi ne me quittera jamais, pas plus que le manque. » Page 133
« Sous la verrière, le furtif mieux-être des jours précédents se dilua, ne laissant derrière lui que le désir fou de se jeter dans ses bras. Cette envie, qui s’échappait de son cœur comme un lapsus incontrôlable, libre et récurrent, n’affirmait qu’une chose : Je ne pourrai jamais arrêter de l’aimer. » Page 167