La collection « Passeurs d’Inuits », au Castor Astral publie Reste d’hirondelle d’Ulrike Draesner, dans une traduction de Jean Portante (édition bilingue).
mort d’une souris
rugosité du cou rien qu’un rien de fauconnerie &
battement nous l’avons vu d’un œil saccadé (dans
le souvenir) nous tenions déjà ouvertes
(les mains) une souris des champs au brigand
échappée dans son doux brun poilu
avons vu son émouvante agitation (souris-moi)
le zèle du souriceau et sa dévotion comment
il cherchait protection refuge se retournait dansait
jusqu’à ce que nous nous penchions consolants
au-dessus de la petit flaque où il s’était posé
déposé se livrant ave tout le dévouement d’un animal
qui meurt, comment se pouvait-il que nous
ne comprenions rien ni à sa fin ni ne nous
regardions dans les yeux c’était le jour du mariage
que nous ne fêtions pas oubliions regrettions
c’était, enfin, terminé
si poilu si doux et si rigide
tod einer maus
rauheit des halses nur kleines falken &
schlagen sahen ruckenden auges (in
der erinnerung) hielten schon auf
(die hände) eine feldmaus dem räuber
entkommen in ihrem süßen felligen braun
die rührenden bewegungen sahen (mausich)
des mäuschens eifrigkeit und hingabe wie
es schutz suchte zuflucht sich drehte tanzte
bis wir tröstend auf es herabblickten über
der kleinen pfütze in die es sich gelegt
abgelegt mit der ergebenshut des sterbenden
tiers sich gebettet. wie konnte es sein dass wir
nichts verstanden weder ihr ende noch uns
in die augen sahen es war der hochzeitstag
den wir nicht feierten vergaßen bereuten
es war endlich und vorbei
so haarig so süß und so starr
./
sureau à plusieurs voix
sureau à plusieurs voix, au-dessus
du portail bleu éclatant, après
le premier fauchage le fleuve est naturellement
d’un vert si laiteux ?, bénédiction chimique
déversée sur un paysage
entretient la SURNATURE, en fleur
tout un chacun a droit à une âme
alma, malga, madena s’appellent les vaches
encore et toujours des mots distordus, vrilles vertes
dans le pré qui se remet à pousser, un parler
scintillant qui enfle et désenfle en un clin
d’œil sera quiconque est assis ici
fondu dans l’herbe se balancent
des ombelles blanches au portail, nos souhaits
flottants : sont d’aujourd’hui
d’hier, ce qui pourrait les combler, passé
mehrstimmiger holunder
mehrstimmiger holunder über blau
knallendem tor, nach
der ersten mahd ist der fluss natürlich
so milchgrün?, über eine landschaft
ausgegossener chemie-segen
pflegt die ÜBERNATUR, blühend
hat jeder ein recht auf eine seele
alma, malga, madena heißen die kühe
noch immer verzerrte wörter, grüne ranken
in der wiedersprießenden wiese, ein
sekundenschnell auf- und abschwellendes
flimmerndes reden wird wer hier sitzt
ins gras verschmolzen schwanken
weiß dolden am tor unser
treibenden wünsche: sind von heute
von gestern, was sie erfüllen könnte, vorbei
Ulrike Draesner, Reste d’hirondelle, traduit de l’allemand par Jean Portante, édition bilingue, « Les passeurs d’Inuits », Le Castor Astral, 2015, pp. 68-69 et 92-93
Ulrike Draesner dans Poezibao :
bio-bibliographie, ext. 1