D’où vient ce goût du voyage? Pourquoi voyager autant?
Des questions que j’ai souvent entendues… Ce sont de bonnes questions, que je suis la première à me poser!
Un élément déclencheur?
En 2002, j’ai commencé à beaucoup voyager et c’était tout nouveau pour moi! Une passion est née soudainement! Ma vie a radicalement changé. Ma vision du monde aussi.
Vraiment? Tout a changé brusquement? Tout a commencé à ce moment là? Pas si simple… Ça, c’est l’impression que ça donne de l’extérieur et ce que j’ai pensé aussi, au début.
C’est vrai qu’en 2002, j’ai vécu un événement majeur: j’ai eu un coup de foudre pour un grand voyageur, quelqu’un pour qui le voyage fait complètement partie de la vie depuis sa naissance, quelqu’un pour qui le monde est un grand jardin à explorer. L’aimer et vivre avec lui, cela impliquait naturellement de voyager. Et nous avons beaucoup voyagé! Des expatriations et plusieurs grands voyages chaque année. J’ai adoré cette vie tout de suite! Le virus du voyage s’est définitivement logé en moi! On peut penser que c’est une « révolution », alors que je n’avais jamais voyagé avant! Je me demande parfois: « Qu’aurait été ma vie sans cette rencontre? » « Aurais-je découvert cette passion du voyage? » Après réflexion, je pense que si je suis aussi épanouie aujourd’hui dans cette vie assez « nomade », c’est parce que j’ai en moi le goût du voyage depuis toute petite. Je voyage depuis toujours.
Lire, c’est déjà voyager
« La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté. » François Mauriac
Mon premier voyage, c’était un voyage en lecture. J’étais très impatiente d’apprendre à lire et j’ai adoré mes heures de lecture hors du temps et de l’espace. Pour moi, un livre a toujours été une invitation à l’évasion. Je me rappelle les mercredis de mon enfance où je ne pouvais pas quitter mon lit tant que je n’étais pas arrivée à la fin du livre. Je me rappelle l’euphorie de la bibliothèque, des échanges de livres avec les copines: le Club des 5, les enquêtes d’Alice.
Cette passion est restée intacte avec les années, quels que soient les lieux et les circonstances. Entrer dans une bibliothèque ou une librairie a toujours provoqué en moi une excitation passionnelle. Me plonger dans un livre, c’est oublier où je suis, oublier l’heure.. J’aime lire des histoires à suspense où je veux absolument comprendre le dénouement avant d’y arriver. J’aime les histoires qui se passent dans des pays que j’ai déjà visités ou qui me font rêver. J’aime les personnages complexes, les anti-héros, décrits avec subtilités. L’écrivain nous invite au voyage mais le lecteur a la liberté de construire SON voyage: faire des pauses, aller directement à l’arrivée, ou même l’interrompre, créer les lieux et les personnages selon son propre désir, continuer le voyage au-delà du livre, etc…
Grâce aux livres, j’ai déjà fait de très beaux et très nombreux voyages. Certains sont gravés dans ma mémoire, d’autres n’avaient vocation qu’à mon plaisir du moment, sans suite.
M’attendait un autre voyage, tout aussi passionnant!
Le psychisme : un voyage en terre inconnue!
« Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même » a dit Confucius. Il semblerait que Gandhi lui ait un peu pompé dessus en disant: « Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde mais celui qui a fait une fois le tour de lui même ».
Enfant, je ne connaissais ni Confucius ni Gandhi mais j’avais compris qu’il y avait des trucs à explorer chez les gens. J’aimais beaucoup observer les personnes autour de moi et surtout les adultes. Adolescente, j’ai commencé à vouloir m’explorer moi-même. J’ai fait un bref passage par l’astrologie mais ça m’emballait pas d’être Capricorne ;-) Je me suis intéressée alors à la psychologie.Assez sérieusement, puisque j’y ai consacré 8 ans d’études! Long voyage à lire en long en large et en travers des pavés de psychanalyse! (heureusement que j’aimais la lecture!!!) J’ai aussi fait un voyage éprouvant (mais vital) dans le cabinet d’un psychanalyste muet et antipathique (comme il se doit!). Pour ce qui est de rencontrer toute la complexité de la psyché, j’ai été comblée. Confucius, une petite question : on a combien de temps pour faire le tour de soi-même? J’espère que c´est pas pressé!!! ;-) Plutôt que de m’épuiser à faire le tour de moi-même, je me suis dirigée vers les autres. Je suis devenue psychologue clinicienne. J’ai accompagné des patients d’univers très différents: des personnes âgées atteintes de démence, des adolescents anorexiques, des jeunes suicidaires, des enfants de réfugiés, des malades du Sida, des autistes profonds, des traumatisés, des enfants victimes de violence, des malades du cancer…J’arrête la liste, je sens que je vais plomber l’ambiance!!! À chaque fois, avec chaque personne, je partais dans un voyage différent et croyez-moi, ça n’avait rien du voyage organisé ou de l’hôtel club! Chaque jour, je visitais plusieurs terres inconnues en mode « marche et sac à dos » avec, entre deux voyages, une escale dans ma terre à moi, beaucoup plus banale. Je rentrais parfois le soir avec un sac bien lourd… J’ai dû apprendre à ranger dans des armoires, des tiroirs, des cachettes secrètes, apprendre à jeter aussi…J’ai profondément aimé ce travail. Même si la souffrance est à chaque fois au cœur de la rencontre, ce sont des moments intenses de fraternité. Je me sentais au cœur de l’essentiel! Les rencontres les plus marquantes ont été avec les personnes en fin de vie que j’ai accompagnées. J’ai commencé comme bénévole en soins palliatifs vers l’âge de 20 ans. Mes choix importants et ce que je vis aujourd’hui sont très liés à cette expérience avec les malades. J’ai appris une leçon fondamentale pour le reste de ma vie :
-On n’a qu’une vie et elle peut être courte.
-Il est très difficile de conclure sa vie avec des regrets douloureux.
-À la fin du parcours, ce qui compte, c’est l’amour, les relations. Le travail ne fait jamais le poids! Inutile de sacrifier sa vie personnelle pour le travail ou la recherche du pouvoir.
-L’être humain a besoin de transmettre à d’autres humains son expérience, ses bonheurs et ses souffrances.
Grâce à ces leçons transmises comme des cadeaux, je suis devenue une adulte très consciente de la valeur de la vie. J’ai compris qu’on devait absolument CHOISIR son parcours et résister aux pressions du conformisme. J’ai essayé de faire des choix selon mes envies et sans me laisser guider par ce qu’on pouvait attendre de moi. Au niveau professionnel, j’ai choisi des emplois qui me motivaient vraiment et je les ai quittés quand mes envies me portaient ailleurs. L’argent ou la carrière ne m´ont jamais guidée dans mes choix. Quand je sentais que c’était bon pour moi, je fonçais!
La découverte de notre PLANÈTE
Quand en 2002, j’ai rencontré mon grand voyageur adoré, j’avais 28 ans et j’étais mûre pour d’autres voyages, pour découvrir le monde. Ma curiosité trouvait un autre « terrain de jeu ». Embarquement pour des voyages sous le signe du plaisir. Beaucoup de légèreté. Pas de drames. Plaisir de l’esthétique des lieux.
Même si la psyché continue de m’intéresser, et surtout dans sa dimension culturelle, je veux avant tout découvrir les beautés de notre planète. Je suis émerveillée par les sculptures naturelles et la puissance de la Nature. Les volcans, les cyclones et les séismes me fascinent.
Big Island, Hawaï – 2008
San Juan del Sur, Nicaragua – 2011
Moi qui détestais et séchais les cours d’histoire-géo au lycée, j’ai plaisir à apprendre. L’aspect sociologique des pays visités m’intéresse mais j’essaie de me limiter dans mes explorations car j’ai la fâcheuse tendance à aller regarder tous les problèmes. Je vous avoue une fâcheuse manie; j’adore les statistiques: mortalité infantile, taux d’alphabétisation, PIB par habitant, etc… Je retiens ces chiffres plus que le nom des lieux traversés!
Trois types de voyages. Un fil rouge? : la curiosité, le goût de découvrir et de comprendre.
Le voyage, selon le Larousse, c’est « l’action de se rendre ou d’être transporté en un autre lieu ». Au sens littéraire, c’est « l’exploration, la découverte, la description de quelque chose qu’on suit comme un parcours. »
Avec cette définition très large, on voyage tous, chacun à notre manière…Vous ne trouvez pas?
Et vous, comment vous voyagez?