« Le Soleil »
GAILLIOT Jean-Hubert
(L’Olivier)
Voilà une œuvre littéraire. Une œuvre parmi les arcanes de laquelle il n’est pas interdit de se perdre, parmi lesquelles le Lecteur s’est plusieurs dois égaré. Ce qui n’a finalement qu’une importance accessoire. Car cette œuvre-là est soutenue, en premier lieu, par une superbe écriture, quelque chose de rare dans l’univers actuel de l’édition. Mais aussi parce qu’elle s’arrime aux grands mouvements de la littérature de l’autre siècle, dont le Surréalisme. Man Ray en premier lieu. Un mystérieux manuscrit aurait disparu, un manuscrit intitulé « Le Soleil », qui aurait été successivement en possession d’Ezra Pound, de Man Ray et de Cy Twombly. Alexandre Varlop se lance à la recherche du texte. Une recherche qui lui a été commandée par une généreuse éditrice. Son enquête débute sur l’île de Mykonos, où il croise une jeune et fascinante jeune femme, photographe de son état. C’est à Mykonos que Twombly réalisa en effet une série de dessins, les « Delian Odes », dessins qui auraient pu être inspirés par le dit manuscrit. Puis son errance l’entraînera, suivant en quelque sorte le cheminement du soleil, jusqu’à Palerme puis à Formentara, petite île des Baléares où il obtiendra de médiocres révélations.
Le roman abonde de références, dont quelques-unes d’entre elles égarèrent en effet le Lecteur. Mais l’immersion dans les phases les moins lumineuses de l’histoire du Surréalisme, l’approche des espaces culturels qui confèrent à la Méditerranée ses spécificités et la multitude de ses richesses, tout cela L’emporta dans ce qui prit en lui les apparences d’un rêve confinant au merveilleux. Voilà une œuvre rare, une œuvre singulière, une œuvre qui interroge sur l’œuvre en devenir à travers ses multiples et contradictoires ancrages à celle qui fut peut-être (ou qui ne fut pas).
Jean-Hubert Gailliot - Le soleil