Là où les rivières se séparent - Mark Spragg

Publié le 23 février 2015 par Manu17
Traduit de l'américain par Laurent Bury


S’aventurer dans ce livre, c’est se frotter aux grands espaces, à la nature sauvage du Wyoming. Des grandes plaines aux contreforts des montagnes rocheuses, des paysages balayés, fouettés, blessés par un élément indomptable avec lequel il faut compter, le vent auquel l’auteur consacre d’ailleurs un chapitre.
L’auteur, c’est l’américain Mark Spragg qui nous livre ce recueil autobiographique composé de ses souvenirs d’enfance et de jeunesse au cœur de cette nature qu’il nous rend proche et majestueuse en dépit sa rudesse.
Un destin qui sous la plume de Mark Spragg devient mon destin, ton destin. Je ne lis plus, tu ne lis plus, on vit…
Tu es tout jeune mais déjà, rien ne compte plus pour toi que monter à cheval. Faire corps avec l’animal, comme un prolongement de toi-même. Savoir mener un troupeau ou guider des groupes, voilà ce qui te fait vibrer, c’est comme ça que tu te sens vivant, heureux. C’est comme ça que tu deviens un homme.
Je te revois avec ce cerf que tu apprends à dépecer, à vider de ses entrailles. Le sang qui gicle. Les éclaboussures de sang qui sèchent sur ton visage. Les boyaux qui fument dans la froideur hivernale.
Je me souviens aussi de ta nouvelle paire de bottes. Quel souvenir ! Comme tu es allé dans l’eau avec, pour aider le cuir à se faire, à prendre la bonne forme, pour ne pas te blesser les pieds. Le temps est trop précieux pour qu’on puisse se permettre de le perdre. Puis ce cheval qui te jette à terre. La paire de bottes ne fait pas le cavalier.
Et ce ranch perdu au milieu de nulle part où, plus tard, tu es allé t’isoler tout un hiver, au grand dam de ta mère. Qu’allais-tu faire tout seul dans ce désert sans âmes ? Reclus, avec tes bouquins, tu as enfin pu de te consacrer à ce qui allait devenir ton occupation future, l’écriture.
L’écriture, de la nature et de la vie, c’est bien pour ça que tu es fait Mark, Là où les rivières se séparent, c’est justement là où nos destins se rencontrent…

Rien que du bonheur...


"Je rêve du mois de janvier. Du crépuscule à 4 heures de l'après-midi. Du rythme lent et prudent de la vie par - 20°C. J'imagine que je m'envelopperai d'hiver : cinq mois de lumière vaporeuse, le délicat bruissement du froid. Et la neige. Son accumulation douce, jour après jour. La neige étouffera tous les bruits, les réduira à un murmure."
"Je suis fatigué des conversations, de la télévision, de la musique, même des rires. Je veux être dans les montagnes, me tenir contre elles, sans bruit, me réparer, intérieur comme extérieur."
"J'étais un garçon et j'étais convaincu que les chevaux étaient extralucides. J'étais sûr que rien ne leur échappait. J'étais sûr que rien ne leur échappait. J'étais sûr que, avec un cheval entre les jambes, avec mon pouls, mon sang et mon énergie alliés aux leurs, j'en voyais davantage. Que je devenais un voyant. J'étais sûr qu'ils étaient les pupilles pommelées, alezanes, rouanes, baies ou noires des yeux de Dieu."
"En vérité, je ne pense pas qu'il me soit jamais arrivé d'être serré contre Linda. je pense que nos genoux ont pu se toucher. Mais quand on a douze ans et qu'à part sa mère les seules femmes qu'on ait vu sans leur couche supérieures de vêtements se trouvent dans les pages lingeries du catalogue Montgomery Ward, le contact d'un genou retient toute votre attention."
"L'idée que ce vieillard a un jour touché une femme sans avoir à la ligoter me fait l'effet d'un serpent qui serait tombé dans le col de ma chemise."   

Une belle expérience que je dois une fois de plus à Babelio et aux Éditions Gallmeister !

Toute ressemblance...

Éditions GallmeisterISBN 978 2 35178 546 1342 pages1999/200510,50€