Peu de français se souciaient en février 1989, un mois avant les élections municipales dans notre pays, de la Roumanie, ce lointain pays des Balkans. Pourtant, nous aurions eu bien des raisons de nous intéresser à cette nation qui, depuis, a signé son adhésion à l'Union Européenne dont le traité est entré en vigueur le 1er Janvier 2007.
Pourtant en 1989, à peu près tous les roumains ayant dépassé l'école primaire parlaient ou comprenaient le français et les intellectuels ont toujours considéré Paris comme leur centre de référence.
A cette époque, les roumains subissaient une tragédie sans équivalent dans leur histoire. Nicolas Ceaucescu, le dictateur qui dirigeait le pays avait entrepris une série d'entreprises aussi dénuées de sens commun que ruineuses pour les habitants.
Une partie des monuments anciens et des vieux quartiers de Bucarest ont été rasés pour laisser place à une voie triomphale et un palais à la gloire du dictateur. Le gouvernement roumain décida, de façon arbitraire, de renoncer à tout crédit étranger et de rembourser par anticipation toutes ses dettes. Pour ce faire, afin de dégager des surplus à l'exportation necéssaires à ces remboursements anticipés, le pays est privé de lumière et de chauffage en hiver ainsi que des denrées alimentaires essentielles pour nourrir la population.
Il y eut plus grave : le pouvoir voulait réorganiser complètement les campagnes. Des villages allaient être rasés et leurs malheureux habitants contraints, quel que soit leur âge, de quitter leur domicile où ils avaient passé toute leur vie pour s'installer dans des immeubles infâmes.
Cette métamorphose qui avait déjà commencé près de Bucarest, allait mettre fin à la vie rurale traditionnelle du pays en transformant tous les paysans en citadins déracinés, coupés de leur voisinage et privés de leur mode de vie traditionnelle. (1).
(1) texte : A. de Tarlé. O.F.
C'est dans ce contexte dramatique qu'en mai 1989, sur proposition de la Coordination "Opération Villages Roumains", FILLE adopte le village roumain de CERVICESTI en MOLDAVIE, à l'extrême nord-est de la ROUMANIE, non loin de l'Ukraine, village destiné à être rasé sous l'administration de CEAUCESCU. On pensait ne jamais connaître ce village ; or suite aux évènements de décembre 1989, ce parrainage prend une toute autre dimension.
AINSI NAQUIT LE PARRAINAGE HUMANITAIRE ENTRE FILLE sur SARTHE et CERVICESTI en MOLDAVIE (Roumanie).La Moldavie roumaine se situe à l'ouest du Prout et comprend 8 départements coincés entre la république de Moldavie située à l'est du Prout, successeur de la République socialiste socialiste de Moldavie et la Transylvanie en Roumanie. La ville principale de la Moldavie est Botosani. Cervicesti fait partie des neuf villages composant la commune de Mihai Eminescu (commune qui a pris le nom du poète romantique le plus célèbre de Roumanie qui a passé son enfance dans le village d'Ipotesti.
Déjà en Janvier 1990, le Maire de reçoit une lettre adressée par les élus de CERVICESTI, en ses termes : "Nous sommes très heureux que notre village CERVICESTI ait été adopté par votre commune. Pour nous, c'est un geste d'un véritable encouragement moral pour nous aider à dépasser les évènements tristes et difficiles par lesquels nous sommes passés à cause de ce nommé "plan de systématisation" qui n'était pas en accord avec nos intérêts et la vie paisible des habitants de notre village... Nous avons l'intention de construire une école, en ce moment nos enfants apprennent dans un bâtiment impropre ; d'enrichir le fonds de la bibliothèque scolaire, et surtout avec une bonne littérature, y compris la littérature française parce que nos enfants étudient le français ; de développer notre village et les espaces destinés à l'enseignement, à la culture pour réussir à nous intégrer parmi les villages civilisés..."
Ce courrier a causé un vif émoi et il a été perçu à Fillé et ses alentours comme un appel en suscitant un élan de solidarité déjà amorcé. Dans le but d'apporter une aide adaptée et suivie, une quinzaine d'élus de villes et communes des Pays de la Loire dont Gérard CHOISNET, Maire de FILLE se rendent à la Mairie d'Orvault (44) pour prendre part à une réunion visant à organiser une action coordonnée entre ces diverses villes et communes parrainant des villages de la province de Botosani.
C'est ainsi que le mardi 13 Février 1990 au matin, un camion gracieusement affrété par la ville d'Orvault avec à son bord plusieurs élus dont le Maire de Fillé prend la direction de la Moldavie et notamment du village de CERVICESTI en emportant diverses denrées alimentaires, vêtements, produits agrico les, fournitures scolaires, médicaments et produits de première nécessité grâce aux dons des habitants de Fillé et bien d'autres personnes de l'extérieur.
Lors de ce premier voyage, le maire de Fillé emportait dans ses bagages les cartes postales, messages et dessins d'enfants et en retour, il ramenait les messages chaleureux des habitants de CERVICESTI. Durant les cinq jours qu'il a passé sur place le Maire de Fillé, guidé par les élus locaux a pu visiter cette province de Botosani située à l'extrême nord-est de la Roumanie dont la plupart des habitants vivait dans une extrême pauvreté. Il a eu l'occasion d'accompagner Dan, le médecin lors de visites de malades, un parcours effectué à travers la campagne en charrette à cheval. La visite du dispensaire qu'il avait effectuée ensuite a très vite justifié ces diverses réactions. En effet, un docteur, une assistante mais pas de matériel, même pas de coton hydrophile.
Le Maire de Fillé à la rencontre des élus locaux ; au centre l'instituteur de la commune voisine et interprète du groupe.
c i-dessous, le maire de entouré des enfants de l'école de CERVICESTI.
avec au premier rang un jeune artiste de douze ans, Narcisse.
soirée folklorique roumaine inédite à la Maison du Temps Libre de FILLE.
De cette première visite en Roumanie, en Février 1990, d'une quinzaine d'élus des Pays de Loire - dont Gérard CHOISNET, maire de FILLE - naquit la passion d'où devait naître l'association France-Roumanie-Carpates-Moldavie. Or, à l'initiative de cette association, le groupe folklorique RAPSOZII-BOTOSANILOR a entamé une tournée dans toute la France en 1991.
Tout le groupe roumain a gardé un excellent souvenir du chaleureux accueil que leur ont réservé les habitants de FILLE.
En 2000, le village de Cervicesti s'était également doté - comme Fillé en 1992 - d'une nouvelle école :
En 2000, le directeur de la nouvelle école de CERVICESTI - une école toute neuve comme celle de Fillé - adresse un courrier très émouvant à l'association de Parrainage de Fillé-sur-sarthe. Cette école possède même internet. Peut-être qu'un jour les élèves de Fillé et de Cervicesti pourront-ils s'adresser des messages via internet ?
En 1993, grâce à l'association de Saint-Biez-en-Belin présidée par Madame Maryse THOMAS, nous avions pu faire parvenir à l'école neuve de Cervicesti, les anciens bureaux des vieilles classes de Fillé dans le cadre de l'opération "Camions école" créée avec la préfecture, AFPA, Mission locale et l'école de conduire Savare. Auparavant, au moyen d'un autre convoi, des lits du Centre Hospitalier du Mans ont été acheminés à l'hôpital de Botosani, la ville principale près de Cervicesti
Le détail du porche de l'église de l'Assomption de Cervicesti.
La nef est simple, carrée et séparée de l'autel par une iconostase habilement exécutée par un maître anonyme, en 1845, en même temps que la construction de l'église. Celle-ci est en bois de tilleul et se compose de trois rangées d'icônes, qui sont séparées par de belles colonnes. Les peintures à l'huile des icônes de saints ont joué dans le naturel. La hiérarchique Strana est également faite de bois et de chaux avec le même genre d'éléments décoratifs que l'iconostase et du même auteur. La nef a un dôme hémisphérique au milieu de laquelle pend un lustre à 24 lumières acheté vers 1928.
Depuis nos premiers contacts en février 1990, Cervicesti a créé une équipe de football. Celle-ci a gagné le 11 Juillet 2011 la coupe MIHAI EMINESCU (sorte de tournoi des villages de la région de Botosani).
Commentaires de VEZI : "
"Ils ont joué , ils ont gagné et ont empoché la prime. "Ils" ce sont les joueurs de Cervicesti qui ont remporté la huitième édition des villages : celle de la coupe de football de Mihai Eminescu. L'enjeu de cette coupe était un prix de £ 1000 . Pas moins de six équipes représentant les villes de Stancesti , Cucorani , Ipotesti , Catamarasti (Catamarasti Vale) et Cervicesti ont participé à cette coupe".
"Puis, Les joueurs de Cervicesti ont entamé l'hymne de la bande Steaua Bucarest . Après avoir reçu le trophée pour avoir remporté la Coupe des champions communes du Mihai Eminescu , les joueurs de l'équipe de Cervicesti ont déclenché une fiesta du tonnerre après avoir enrichi le club d'une prime de 1000 € tout en "chauffant" l'atmosphère par des danses".
"Chaude fut la nuit qui suivit pour ces joueurs, même si dans la soirée l'apparition de quelques nuages dans le ciel a raffraichi quelque peu le temps, la température atteignait ce soir-là encore 26 degrés puis la région fut douchée le lendeman par quelques orages et même de la grêle".
Comme nous l'a écrit le Directeur de l'école dans sa lettre du 24 Mai 2000, une école moderne a été construite entre 1994 et 1995 - à l'image de ce qui s'était passé à Fillé, le village "parrain" puisqu'une école moderne avait été construite aussi en 1992 -. Il nous précisait que c'était la seule école moderne de toute la contrée avec un étage, une salle pour les professeurs et un laboratoire de chimie.
Le premier bâtiment servant d'école avait été construit en 1948 dans le nord-ouest du village jusqu'en 1989 où les classes avaient été déplacées dans les locaux du centre culturel en raison de glissements de terrain.
Les nouveaux locaux de l'école "PETRU RARES" ont été construits dans le centre du village.
Ecole de Cervicesti.
(Veuillez m'excuser pour ma traduction pas très bonne. Ch. Ch.).
M ihai Eminescu est considéré comme le plus grand poète romantique roumain. Il est d'ailleurs proclamé poète national de Roumanie parce qu'l a été adopté comme symbole par tous les roumains de toutes les provinces mais aussi par les roumains de l'Ukraine (voisine de la Moldavie roumaine). Des célébrations nationales ont eu lieu en 1989 pour le centenaire de sa mort et en 2000 pour le cent cinquantenaire de sa naissance qui fut baptisée "année Eminescu".
Il était né le 15 Janvier 1850 à Botosani. Il passa ses premières années à Botosani et à Ipotesti (village natal de son père et voisin de Cervicesti).
Le grand poète roumain Mihai Eminescu