Magazine Culture
Le livre :
Mauvais garçon de Laurent Bettoni aux éditions Don Quichotte, 307 pages, 18 € 90.
Pourquoi cette lecture :
Il s'agit d'un partenariat avec les éditions Don Quichotte.
Le pitch :
Meilleur élève de sa promo et diplômé en sociologie et philosophie politique, Thomas, 23 ans, se voit refuser stages en entreprise et emplois auxquels il postule. D'autres lui passent devant, moins compétents mais mieux nés, des "fils de" qui disposent de réseaux d'entraide dont Thomas est privé. Alors, en attendant de décrocher un vrai boulot qui lui permettrait de vivre une vie décente aux côtés de sa petite amie, Thomas bricole avec les gars de la cité - deal de shit et autres matos tombés du camion - tout en aiguisant sa rancoeur.
Si rien ne bouge, Thomas risque de prendre perpète en HLM : "horizon lointain limité" et de crever lentement dans sa cage de béton. Jusqu'au jour où son directeur de soutenance, Louis Archambault - star médiatique des sociologues politiques - lui propose de venir l'aider à gérer Ideo, un site d'opinion qu'il dirige anonymement sur le Darknet, réseau parallèle du web où la confidentialité et l'anonymat sont de rigueur, octroyant une certaine impunité aux utilisateurs dotés de mauvaises intentions (trafic de drogue ou d'armes, manuel de terrorisme, combats clandestins, service de tueurs à gage, etc.). Thomas. Et comprend rapidement la raison pour laquelle le professeur opère à visage masqué. Ideo propage des thèses extrémistes qu'Archambault se garde bien de soutenir en public, et qui, de prime abord, interloquent Thomas. Simplement, par-delà ses idées dangereuses et discutables, l'homme est aussi le seul à lui apporter une aide providentielle quand tous lui tournent le dos... Jusqu'où l'élève sera-t-il prêt à suivre le maître ?
Ce que j'en pense :
On rentre vite dans l'histoire de ce livre, mais il y a un je ne sais quoi de trop convenu, de trop vu, trop lu aussi. Le pauvre Thomas qui trime depuis son enfance sur les bancs de l'école publique, puis de la fac, qui galère pour trouver des stages et plus encore pour se faire engager alors qu'il parfaitement formé, qualifié... Tout cela pour cause de discrimination, de racisme social. Les trafics, les cités, le jeu du chat et de la souris avec la police... Wahou, pour un peu je croirais que je regarde un énième reportage sur les banlieues chaudes de France ou même d'ailleurs. Merci bien pour les clichés, ils y sont tous. Évidemment que tout ceci existe. Je sais bien que c'est hélas une triste réalité, mais parfois j'aimerais sortir des sentiers battus et rebattus.
La figure paternelle dans ce roman n'est pas celle du véritable père biologique de Thomas. Ici on parlera d'autres liens que ceux du sang. Ils n'en sont pas moins forts, pas moins terrifiants. Cette filiation semble logique, prévisible même encore une fois. Thomas est choqué, il tombe de haut une nouvelle fois. Les apparences sont de nouveau trompeuses. Et alors ? C'est le lot quotidien de l'existence. Dans ce monde de dupes, il y a longtemps que plus rien n'est binaire : tout blanc ou tout noir, bon ou mauvais... Je ne suis pas surprise, je trouve même que c'est cousu de fil blanc alors que le niveau de narration à tout de même monté son niveau au fil des pages.
D'ailleurs je ne trouve pas le texte dans son ensemble mauvais en soi. C'est juste que j'ai l'impression d'avoir déjà lu ce livre, pas toujours aussi bien écrit ceci dit. Parfois j'ai l'impression d'avoir perdu toute naïveté alors que je me laisse pourtant porter par des intrigues bien moins travaillées sur le fond. Il faut donc croire que j'aspire à plus de fiction que de réalité ou alors d'un autre genre.
Pourtant, j'aime autant que je les déteste les personnages de Thomas et d'Archambault. Comme eux, je n'en puis plus des injustices, de la corruption qui règne partout, du politiquement correct, des apparences... Le manque d'ambition, les rêves trop étroits me fatiguent. J'en ai trop vu. Je crois que je suis plus proche qu'il n'y paraît de Thomas et c'est cela qui me rend si critique, presque injuste envers cet ouvrage que j'ai dévoré passé un début poussif. La suite est bien meilleure.
Alors oui tout ne me plait pas, mais en même temps ce livre me fait réagir. C'est certainement cela le plus important. La littérature est plus puissante que bien des discours. Elle soulève des montagnes, bouscule les esprits, fait sortir de son lit la certitude pour des horizons plus flous... On rêve, on se brûle les ailes, on tombe de haut, on se relève, on s'aguerrit etc...
Lisez, lisez ce livre et réagissez vous aussi. Ne restez pas passif, nous ne sommes pas des moutons. Indignez-vous !!!! (Oui hommage à Hessel au passage).
Et s'il fallait mettre une note : 15 / 20