En musique, il m'arrive souvent de me considérer comme une inculte. J'écoute Radio Classique et je me sens soudain perdue, lâchée dans l'immensité de la nature, comme face à un océan énigmatique dont je ne connaîtrais pas les courants ni les codes. Sortie de mon folklore sudaméricain, je nage en eaux profondes. Mes repères culturels me rassurent et délimitent mon espace sonore, comme les cimes ont tendance à dessiner les contours rassurants de mon espace visuel. Je sais où commence la musique et où elle finit, je reconnais chacun des sons et des variations. Je suis en terrain connu. Sortir de mes sentiers battus est une aventure à part entière. Exaltante, mais qui réactive ce sentiment de petitesse face à la vasteté du domaine.
Evidemment, lorsqu'on assiste à un concert d'une formation classique, on peut simplement écouter l'ensemble et se faire la réflexion finale suivante : j'ai aimé / je n'ai pas aimé. J'ai plutôt tenté d'aller chercher dans les partitions de chacun des instruments les réponses à mes interrogations. Je me suis à la fois laissée emporter par le tout et captiver par les détails. Et j'ai compris le sens du mot "harmonie" dont l'ensemble que j'ai écouté a été baptisé. Au terme du concert, je n'ai pas beaucoup plus de connaissances en terme de musique qu'à mon entrée dans la salle. Cependant, j'ai goûté l'aventure avec un plaisir non dissimulé. J'ai quand même eu l'impression de grandir un peu, d'apprendre, de profiter d'une beauté que je n'avais pas eu l'idée ou l'occasion d'aller chercher auparavant.
J'ai été subjuguée, mais peut-être ne suis-je pas totalement objective... !