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considérations sur le lit

Publié le 22 février 2015 par Dubruel

d'après LE LIT de Maupassant

Plus que tout, je tiens à mon lit.

Il est le sanctuaire de la vie.

Je lui livre mon corps fatigué

Et il le repose sous son duvet.

Avec un extrême bonheur,

J’y trouve toujours

Mes plus douces heures

De sommeil ou d’amour.

Le lit est sacré.

Il doit être vénéré

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Dans un hôtel, en arrivant,

J’inspecte toujours les draps

Et me demande : ’’Qu’ont-ils fait là

Les occupants précédents ? ’’

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Un jour, une ancienne amie

M’a adressé ce pli :

’’Mon cher Armand,

Je suis malade et ne quitte plus mon lit.

Avant de vous écrire, je lisais un roman.

Vous dirai-je le titre ?

Non, vous me gronderiez !

Sous ma tête, mon valet a glissé

Deux oreillers. Sur mes genoux, il a posé

Ce joli pupitre

Qu’autrefois vous m’avez donné.

Et tandis qu’une forte pluie bat les vitres,

Je suis confortablement installée

Pour commencer mon épitre.

Ce lit,

C’est toute ma vie.

J’y suis née,

J’ y ai aimé et maintenant j’y meurs.

Que de gracieux bonheurs,

D’aventures émouvantes

D’histoires attendrissantes,

D’enseignements et d’immoralités

Ne pourrais-je vous citer ?

Mon ami,

Vous connaissez mon lit.

En cet instant,

Il me semble habité,

Hanté, usé

Par un tas de gens

Qui, ici, ont laissé

Quelque chose d’eux.

Songez à ceci, mon ami :

Mon lit si spacieux

A contenu bien des vies,

Qu’a-t ’il vu ?

Une jeune femme étendue

Qui gémit.

D’elle, sortait un petit

Crispé, ridé, miaulant.

Des vieux regardaient en tremblant.

C’était la famille prolongée,

L’âme et le cœur prorogés.

Puis se sont retrouvé ici

Deux amants, chair à chair,

Dans ce tabernacle de la vie

…Et le lit s’agitait comme une mer.

Songez aussi à la mort, à ceux

Qui ont ici

Exhalé leur dernier souffle vers Dieu.

Ce lit est mon caveau des espérances finies,

La porte qui se ferme après celle qui

S’ouvre sur le monde. Que de cris,

De souffrances, de gémissements, d’agonies,

De bras tendus vers les choses passées,

D’appels aux bonheurs terminés

Dans ce lit

Qui, depuis trois siècles, a prêté son abri !

Le lit fut

Créé pour l’homme. Pensez à Jésus :

Il est né dans une étable,

Mort sur une croix ;

Il n’a jamais eu besoin d’un lit véritable.

Je suis fatiguée, mon ami

Je vais dormir, je crois.

P.S. Le lit est le symbole de la vie.

Hors du lit, rien d’excellent.

Le sommeil est mon meilleur moment.’’


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