Une soirée cerise de premier choix au Rock Classic: Michael Feuerstack + The Fire Harvest , soit un vétéran de la scène indie canadienne et un représentant cinq étoiles de la scène slowcore / altcountry / sadcore d'Utrecht.
21:30, après avoir éclusé quelques Jupiler, l'ennui pousse à boire, en contemplant les touristes peuplant la sombre taule, tu observes, enfin, du mouvement sur scène.
Contre toute attente, c'est Michael Feuerstack qui ouvre les débats.
Jusqu'il y a peu, le barbu peu chevelu se produisait sous l'identité Snailhouse, ne digérant plus ces bestioles à l'ail, il décide ( en 2012) de monter sur scène et d'enregistrer en utilisant son patronyme flambant.
Neuf albums gastéropodes, d'autres avec Wooden Stars, le band tournant avec la merveilleuse Julie Doiron et déjà 3 full cd's sous l'étiquette Michael Feuerstack .
Le qualificatif 'prolifique' n'est pas usurpé.
Seul à la guitare il entame le set avec 'Tambourine", un titre de l'album 'Tambourine Death Bed'.
De l'indie contemplatif empreint de mélancolie, la sentence ironique ... Maybe on my deathbed I’m going to worry about my cash-flow... devrait lui valoir le National Bank Award.
Les clients se sont tus et écoutent, le mec a réussi à captiver avec son premier morceau.
Another song about money, ironise-t-il, d'un ton presque désabusé il conte... money won't make a good companion... de l'alt. country/indie folk d'un classicisme tout en retenue et hautement estimable.
Il appelle les musiciens de The Fire Harvest, désormais sur le podium: une batterie, une basse, une guitare, des claviers et quatre Bataves pour accompagner le Canada.
Le set gagnera en électricité et en intensité, et pourtant 'Blue Light' fait l'éloge de la lenteur, à l'instar de certains titres de Codeine prêtant aux songeries.
Le quintet enchaîne sur un autre midtempo, 'Sentimental Gentleman' datant de l'époque Snailhouse.
A modern blues, augure-t-il avant d'amorcer 'Clackity Clack', une plage à écouter sur le dernier album, 'The Forgettable Truth'.
La formule laidback, la voix paresseuse le renvoient vers Lambchop.
Même album, un morceau nettement plus agité, 'The Devil', plus Band of Horses que slowcore.
Clackity clack est terminé depuis longtemps mais c'est maintenant que les enceintes font entendre de sinistres grincements.
La Hollande l'a remarqué, if they start speaking in their Nedertongue it means I fucked it up...
Mais non, fieu, c'est le matos.
Qui compte les points?
Le 'Scorekeeper', il le fait dans le calme.
Une lapalissade... the winners win and the losers lose.. t'en peut rien, scorekeeper!
Toujours le modèle poésie paisible, 'Flowers in the city', puis une dernière plage avec les copains pendant laquelle il pète une corde.
On lui refile une guitare, il achève le set en solitaire avec 'I wanted more', a lovesong.
Un concert racé!
Les mêmes protagonistes venus épauler Michael Feuerstack, ils ont tous, sauf le guitariste, changé de rôle.
Gerben Houwer ( lead vocals, guitar) tenait les baguettes avant le break, Jacco van Elst ( bass, backings) jouait de l'harmonium, barbe rousse, Gibson Houwer, le frangin de l'autre ( drums) tenait la basse, Nicolai Adolfs ( guitar) a gardé sa casquette et son instrument.
Un EP au crédit de la récolte d'incendie et un split avec nos compatriotes Reiziger, ze hebben nieuwe materiaal pour une prochaine plaque.
A noter, ces Utrechtois ont tous un passé, Encyclopedia Germania Inferior a déniché un Gerben au sein de We vs. Death, le frangin chez Lost Bear, il a tout de l'ours perdu, d'ailleurs, Jacco, pas un papegaai, chez This Leo Sunrise, et Nicolai, pas au Standard de Liège pour garder les filets mais chez Kismet, avec un K pas un V.
'Working man' ouvre, et, effectivement, les références citées se vérifient, Low, Rivulets, Idaho et même pour ceux qui sont restés coincer en 1986, Crazy Horse, du regretté Danny Whitten.
L'imposant 'In simple solutions' présente de sombres touches Nick Cave, Jeremy y entend des effluves Black Rebel Motorcycle Club, le petit fond psychédélique, sans doute.
Ce ne sont pas les polders que ton cerveau visualise, mais un paysage désolé, désertique, aride, austère, le chant narratif, presque léthargique te ramène vers les murder ballads de Cave, tandis que les lignes de guitare lacèrent tes cellules.
D'une efficacité redoutable.
' Priorities', même sobriété, même torpeur, même pouvoir émotionnel, un nouveau morceau imparable.
Puis vient 'Empire watertree' , une plage que l'on retrouve sur 'After The Storm' an 18 track charity compilation album in aid of DEC 'Philippines Typhoon Appeal'.
Remerciements cocasse en français exotique.
Zeg het in 't Nederlands, gueule Bart qui n'a pas emmené son escorte policière, ni la légion étrangère.
Goed, dit is ' All going to hell', une perspective jubilatoire, on va bien se marrer chez l'ange déchu.
'Runner' titre à prendre au second degré, l'étiquette slowcore n'a jamais été aussi bien appliquée.
Elk nummer is een schot in de roos en doet je heerlijk wegdromen en stilletjes genieten, écrit un journaliste du Nord, ce brave gars, lucide, n'avait pas abusé de la Heineken,
Nog eentje, ' Secret holy place', un morceau obsédant tourmentant ton cerveau bien après les dernières notes.
Une superbe soirée cerise!