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La naissance du fascisme … sur le terreau de la misère et de la détresse

Publié le 22 février 2015 par Plusnet
La naissance du fascisme … sur le terreau de la misère et de la détresse De toutes les grandes idéologies du XXe siècle, le fascisme est la seule à naître avec le siècle. Troisième voie entre le libéralisme et le socialisme marxiste, elle propose une autre solution aux problèmes que posent la révolution technique et la révolution intellectuelle à la société européenne du tournant du siècle.  Entre cette crise du libéralisme et la naissance du fascisme s’intercale le phénomène fondamental de la Première Guerre mondiale.
La Première Guerre mondiale a fourni les troupes et les conditions de détresse qui ont fait que l’idéologie fasciste a pu prendre corps après la fin des hostilités. Ce terrible événement a fourni un élément important dans la genèse du fascisme : « l’esprit des tranchées » où bourgeois, ouvriers et paysans avaient combattu ensemble l’ennemi de la nation. Dans ces tranchées  des «  déclassés »  y ont trouvé une place. Des déclassés qui, une fois la guerre finie, n’ont plus eu leur place. Alors nombreux parmi les laissés pour compte aspirent à un retour en arrière, idéalisant ‘l’ancien temps ».
Après la « Grande Boucherie de 14?, les Français rêvent de revenir à la Belle Époque, période magnifiée dans les esprits, et ils aspirent en même temps à perpétuer la solidarité, la fraternité des tranchées. Ils vont mettre six à huit ans avant de se rendre compte que plus rien ne sera comme avant. La classe moyenne, qui était l’horizon incontournable de la République, est ruinée par l’inflation, les colonies s’agitent, et le rôle de la France est singulièrement amoindri. La crise de civilisation est le fruit de l’entrée des masses dans la politique, de l’industrialisation, des changements qui interviennent dans la vie quotidienne des hommes au tournant du XXe siècle. Les modes de vie, les mentalités, la façon dont les hommes se regardent sont bouleversés.
Devant la détresse d’une population traumatisée, le fascisme apparait  comme la synthèse du nationalisme et du socialisme. Mais ensuite, le socialisme est bien vite oublié au profit du conservatisme social. Cette idéologie capable de monter à l’assaut de l’ordre établi etde concurrencer efficacement le marxisme dans l’esprit de certains   intellectuels aussi bien que des masses, va considérer qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme et à la recherche du profit. Le prolétariat ayant cessé d’être une force révolutionnaire, c’est à la nation de prendre la relève pour briser l’héritage des Lumières, et pour restaurer la grandeur de la nation il est indispensable de s’appuyer sur ceux qui possèdent les moyens de production. La bourgeoisie préoccupée par les événements et les nouvelles de Russie, voit d’un œil bienveillant la montée de la doctrine fasciste.
Lancé en France, le révisionnisme révolutionnaire devient en Italie une force intellectuelle, politique et sociale. Alliés aux nationalistes et aux futuristes, les révisionnistes révolutionnaires italiens trouvent, en été 1914, les troupes, les conditions et le chef qui leur permettront de transformer en force historique la longue incubation intellectuelle commencée au début du siècle.  Mussolini le comprend : il faut une révolution qui brise les valeurs universelles du libéralisme, de 1789 et de la Révolution française sans toucher au capitalisme.
Confrontée à  deux idéologies fort différentes, le marxisme et le fascisme,  l’Église prend vite position. Qu’elle condamne l’athéisme semble naturel. Qu’elle condamne le collectivisme l’est moins si on ne tient pas compte que l’Église est une puissance financière et qu’elle possède rien qu’en Europe un nombre incalculable de bâtiments, cathédrales, basiliques, églises, monastères, couvents, et d’autres propriétés servant aux œuvres dont elle s’occupe. La richesse de l’Église catholique est considérable. Elle ne peut prendre le risque de perdre toute cette fortune
La Papauté a choisi. Elle se rangera du côté des adversaires du communisme et quelle que soit la nature de l’État. Ce choix, comme le spécifiera le cardinal Pacelli, futur Pie XII, signataire avec Hitler du Concordat de 1933, est conforme à la politique de l’Église qui ne se soucie jamais de la nature de l’État avec lequel elle discute mais exclusivement de ses propres intérêts. C’est cette doctrine qui va permettre au Saint Siège de signer des accords de « bonne entente » avec des dictatures. Dictatures ou pas, l’Église a toujours su tirer profit des différents gouvernements  pour asseoir sa position et préserver ses intérêts. L’assemblée immense des fidèles est une assemblée passive et donc obéissante.
Dans de nombreux domaines les églises  défendent les mêmes valeurs que  le fascisme concernant la famille,  la soumission et l’obéissance, ou des  principes moraux bien définis dont l’homosexualité sert de bouc émissaire, et bien sûr la foi indéfectible dans le système capitaliste. Sans oublier la peur de l’autre, de l’étranger, de l’immigré, et le refus absolu de l’émancipation  des femmes. Souvent nostalgique d’un temps révolu, le discours fasciste s’appuie sur les mots : autorité, patrie, famille, le tout sous l’autorité d’un chef  tout puissant. Pour parvenir à leurs fins, les fascistes n’hésitent pas à  reprendre à leur compte tous les supports symboliques révolutionnaires en y incorporant leur programme réactionnaire.
Le fascisme organise la lutte contre les syndicats, contre la gauche et contre son principal ennemi, le communisme. Pour attirer à lui les classes populaires tout en rassurant  ses  « donneurs d’ordres et de fonds », il lui faut donc  mentir, manipuler, flatter nos mauvais cotés, pour continuer à prospérer sur le terreau de la misère et de la détresse… Pour expliquer la « décadence  » de la société, les fascistes englobent dans un imbroglio sémantique, francs-maçons, sionistes et thèses complotistes.  La théorie du complot  constitue pour eux une des meilleures œillères, et une  entrave à la révolte, en obscurcissant la compréhension du capitalisme et de l’impérialisme. Les fascistes sont persuadés de faire partie d’une élite française, et n’hésitent pas à utiliser les thèses du tous pourris ou ni-gauche ni-droite pour se parer du titre d’antisystèmes ou de dissidents de la révolte sociale.
Le fascisme est la roue de secours du capitalisme. Quand  l’exploitation sociale reste possible dans le cadre dit « démocratique », le capitalisme tolère des ilots de liberté. Dès lors que cette exploitation sociale devient compliquée, le capitalisme impose ses lois de façon autoritaire et le fascisme lui permet de retrouver ses marques. Avec des amis fascistes, le prolétariat n’a décidément pas besoin d’ennemis…
Source:  2ccr.unblog.fr

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