Nathalie et ses bonnes œuvres – ChocolatCannelle

Publié le 22 février 2015 par Noann

Présentation de l’éditeur :

Quand Nathalie vient remplacer Gabrielle, sa mère, pour la collecte de la banque alimentaire, Alain réalise que la jeune femme pourrait utiliser son physique avantageux pour faire le bien autour d’elle. La plantureuse Nathalie met alors en scène ses talents, en toute candeur… à moins que le personnage soit moins manipulable qu’Alain, Jojo, et son employeur, le Dr Grignoux, ne le pensent.

« Pauvre Nathalie, objet de fantasme de tous ces mâles… Alain soupirait, mais convenait d’une part qu’il était en proie aux mêmes fantasmes que les autres et, d’autre part, que cela arrangeait bien leurs affaires. »

De la bonté et du cynisme, des scènes de sexe en nombre, un mariage et un enterrement, de l’humour et du bonheur enfin, à condition de fermer les yeux…

Mon avis :

Contrairement aux habitudes de l’auteure, ce texte n’est pas vraiment une nouvelle, mais un petit roman. Il est structuré avec des chapitres et a l’allure d’un ouvrage plus long, il ne fait pourtant qu’une soixantaine de pages. L’auteure nous entraine dès le début dans un univers banal d’apparence et pas forcément gai, mais qui devient cocasse autant qu’épique sous sa plume. Qui oserait imaginer en effet que, dans une banque alimentaire pour les pauvres, une jeune femme dévouée et bien sous tous rapports se laisse influencer par la suggestion du gérant. Alain voit en elle une femme lubrique, et puisque les indigents qui fréquentent l’endroit louchent sur son buste, il lui propose de leur donner un peu de la tendresse dont ils ont besoin. Contre toute attente, elle accepte, et le lieu monacal se transforme en partouze géante. On retrouve ici un thème cher à l’auteure : le cynisme et l’ironie. Qui oserait penser qu’un endroit philanthropique se transforme en lieu de débauche ? L’auteure l’a fait, et le résultat est jouissif à souhait. Le contexte même prête à rire et à d’autres choses. Pourtant, c’est avec un grand sérieux que les situations sont décrites, et avec de nombreux détails qui rendent la scène réaliste. Chaque personnage a du caractère et des envies, et l’auteure nous mène de l’un à l’autre avec brio.

Nous découvrons que Nathalie, sous des dehors classieux, est en fait une femme aux idées coquines. La voilà qui se laisse charmer par son patron, dentiste, mais aussi ancien amant de sa mère Gabrielle. Le récit fait un bon dans le passé, pour revenir sur les amours de Gabrielle avec le Dr Grignoux, eux aussi cocasses. Mais Nathalie est aussi éprise de Jojo, un pauvre homme qui sait la charmer par sa simplicité. Comment va-t-elle gérer la proposition de mariage du docteur, et son affection pour Jojo ? C’est là tout l’enjeu de l’histoire. Toute femme n’est pas un trésor de chasteté imprenable, et certaines auteures savent manier l’érotisme le plus cru, sans fausse pudeur !

La plume est classique et fluide, elle manie le sujet tantôt avec délicatesse, tantôt avec crudité, dans un mélange de sérieux et de loufoquerie. Chaque situation en amène une autre, tout aussi insolite, ce qui fait que le lecteur ne s’ennuie pas une seconde. L’histoire est bien construite, sans s’appesantir. Aussitôt une scène terminée qu’une autre se profile déjà. À lire absolument !

« Mireille s’empourpra davantage. Depuis combien de mois espérait-elle en secret qu’Alain se souciât d’elle ? L’entrée en matière était inattendue, cavalière même, mais lorsqu’on avait passé cinquante ans, comment s’offusquer d’une telle proposition ? Ne l’avait-il pas invitée à dîner ? C’était plus que n’en faisaient la plupart des hommes qu’elle avait rencontrés ces dix dernières années. Mireille accepta donc avec entrain et soupira d’aise en se souvenant qu’elle s’était épilée trois jours plus tôt. Ses dessous n’étaient certes pas très frais, mais pouvaient encore donner le change. »


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Nathalie et ses bonnes œuvres, de ChocolatCannelle, aux éditions Dominique Leroy