Publié le 21 février 2015 par Lilou Trystram @LitLilou

… Trois petits points. Pourquoi ?

La vie est quelque chose d’à la fois angoissant et merveilleux.

Merveilleux, pour les couchers du soleil, les sourires, les voyages, les liens et l’amour qui nous font vivre.

Angoissant, pour le temps. Ce temps, qui passe si vite, en un clin d’œil, et parfois, si lentement. Toutes ces choses, qu’on aimerait faire, et qui malheureusement, nous passent juste sous notre nez, par manque de temps. Cette frustration, d’avoir l’impression de perdre mon temps, lorsque je dors.

A cela, vient s’ajouter la monotonie. Me lever, sans jamais avoir la sensation de m’être reposée, moi qui fais pourtant des efforts pour dormir huit bonnes heures par nuit. Me préparer, prendre mon petit déjeuner, seule, dans la cuisine, parce que les autres ne sont pas encore réveillés. M’apercevoir qu’il est tard, que je devrais y aller. Me brosser les dents, prendre mon sac, et entrapercevoir mon père, ma sœur, et ma belle-mère, avant de sortir.

Dehors, il fait froid, il fait nuit. Je marche, deux minutes, même pas. Mes mains sont déjà gelées. Alors je les enfile dans ma veste. Une autre personne attend le bus. Mon voisin, qui ne me parle jamais. Quand j’ai essayé de lui dire bonjour, une fois, il ne m’a même pas répondu. Alors je ne lui dis rien. Le bus arrive, je grimpe les trois petites marches, dis « Bonjour » au chauffeur. Je m’assieds un peu devant, là où je suis tranquille. Je n’écoute pas ma musique, je déteste avoir du bruit par dessus. Je ne prends pas la peine d’enlever mon manteau, j’ai froid, et je suis fatiguée. Je m’appuie contre la vitre, et j’écoute la radio qui sert de fond sonore pour le bus. Je reconnais parfois une chanson. Alors je souris toute seule. Je regarde dehors, je soupire. Une nouvelle journée qui s’annonce.

Arrivée au collège, je dis bonjour à ceux qui sont déjà là. Je m’assieds sur le banc froid, cherchant une occupation. J’ai oublié mon livre, alors je regarde distraitement mes cours. Peu à peu, mes meilleures amies arrivent. On se serre dans les bras les unes des autres, comme si on ne s’était pas vues depuis mille ans. On parle. De tout et de rien. Les cours commencent. Rien de spécial. Récré. 2h30 de cours. Déjeuner. Encore trois heures, et ce sera fini. 1h de français, 1h d’anglais. Récré. 1h d’arts plastiques. La sonnerie retentit. C’est terminé.

Il y a ceux qui se croient à un marathon. Ils rangent leurs affaires le plus vite possible, oublient de remettre leur chaise sur la table et leurs découpages dans la poubelle. Ils se ruent vers la porte. On les croirait en compétition. Et puis il y a ceux qui rangent vite, mais pas si vite. Ils n’oublient pas de glisser leur quatre couleurs dans leur trousse, puis ils ferment d’un coup sec la fermeture éclair de leur sac. Et puis il a ceux qui prennent leur temps, dont moi. Je ferme mon cahier délicatement, je le glisse entre deux pochettes, je vérifie que j’ai bien les bons stylos dans ma trousse avant de la fermer. Puis je sors. Je marche sans me presser, généralement

Je retourne dans le bus, je m’assois à la même place que le matin, et j’écoute la radio pour me distraire. Je rentre, je dis bonjour à ma famille, je joue un peu avec ma sœur, je prends ma douche, je mange, je vais me coucher, et le lendemain, tout recommence.

Après la lassitude, vient l’horrible sensation d’être inutile, impuissante. Et avec ça, un goût amer qui me convainc que je suis laide, tel un point noir sur une surface blanche. Indésirable, moche, irrécupérable, une tache qui ne pars pas.

Une fois, j’avais décidé de me remettre au sport. Dans la journée, je m’étais engueulée avec une de mes amies J’ai couru, sur les routes près de chez moi, et le ciel était beau, lumineux, resplendissant. Wait passait à ce moment-là sur mon iPod. Et je voyais ces couleurs, le jaune, le bleu, le rouge, et tout ce confondait. Je voyais aussi toute la beauté de cet instant, sa magie, et je pensais à tout ce que je trouvais beau. Ma famille, mes amis, la nature, le Soleil, la Terre, et à ce moment-là, j’ai commencé à pleurer, comme jamais je n’avais pleuré. Je me suis sentie si laide, au milieu de tant de belles choses, tellement seule. Je me suis demandée comment de si belles choses arrivaient chaque jour, et comment j’avais pu naître au milieu de tout ça. Plus que petite, je me sentais vide, seule, et je me suis imaginée comment les chose seraient si je n’étais pas là. Exactement pareilles. Si je n’étais jamais née, rien n’aurait changé. Le monde se porterait à merveille. Tout se déroulerait presque à l’identique. Je n’avais pas besoin d’être là.

Je ne  suis qu’une personne, parmi plus de six milliards. Une personne qui aurait pu ne jamais naître, et qu’est-ce que ça changerais ?

Je vois d’autres personnes qui savent ce qu’ils deviendront, qui savent ce qu’ils veulent faire de leur vie. Je vois des gens qui font des choses qui leur permettent d’exister. Et moi, dans tout ça ? Je vois les années qui passent, je vois mes cousins, ma sœur grandir. Et moi, je suis toujours aussi perdue. Des choix, on en fait toute sa vie, mais si on ne sait pas ce qu’ont veut en faire, de sa vie, qu’est-ce qu’on doit choisir ?

Je ne vis pas, je n’existes pas, je survis. Je survis en me disant que je fais ça pour plus tard, quand je vivrais vraiment. Alors je ne fume pas, je ne bois pas, je ne me drogue pas. Je ne fais pas punir pour des règles stupides du collège, je respecte les règles stupides. Je bois du jus, je mange des fruits, je mange normalement, j’essaye de faire du sport. Je fais mes devoirs, j’écoute en cours, je me cultives. Mais tout ça, ce n’est pas vraiment pour moi. C’est pour moi, plus tard. Pour que plus tard, je ne puisses jamais regretter en me disant « Si seulement je n’avais pas fumé cette première cigarette, je n’en serais pas là… Si seulement j’avais adopté un rythme sportif, je n’aurais pas autant de mal à sortir pour courir… Si seulement j’avais écouté en cours, j’aurais pu réussir mon bac S… »

Le temps passe vite, mais il passe aussi lentement. Le Brésil, mon collège de là-bas, tout ça me semble tellement loin. Je ne me souviens déjà plus du premier jour où j’ai vu ma sœur, je vois d’autres choses, plus récentes.Le temps passe vite, et je n’avance pas.

Du jour au lendemain, j’ai abandonné ce blog. Je vous demande pardon. J’ai fait comme s’il n’existait plus, je n’ai plus répondu aux commentaires, je n’ai plus lu les articles des autres blogueurs et blogueuses non plus. Je ne suis pas retournée sur WordPress durant un long moment. Mais au final, ça m’a permis de me rendre compte que ce n’était pas que l’inspiration qui manquait. Il me fallait un déclic, quelque chose qui se produise en moi.

Ce blog, c’était presque ma seule manière d’exister. Je ne m’en rendais même plus compte, je pensais que j’étais aussi inutile sur la toile que dans la vraie vie. Mais voilà. Ceux qui viennent ici, viennent pour quelque chose. Parfois, ils ne trouvent pas ce qu’ils cherchent, alors ils s’en vont. Mais parmi ces personnes qui croisent la route de ce blog, il y a ceux qui restent. J’ignore si c’est parce qu’ils y ont trouvé leur compte, si c’est par simple curiosité, mais l’important, c’est que vous, qui me lisez, soyez là. Parce que si vous êtes là, c’est que quelque chose vous retient. Et être capable de ça, c’est déjà quelque chose, je pense.

Alors merci. Merci d’être là. Je me souviens très bien de mes tous premiers articles. Quelle déception, quand je voyais 0 en nombre d' »abonnés ». Mais par la suite, le 0 s’est transformé en 1, et il en est maintenant à 54, pour Wordpress, et 55 pour les mails. J’avais l’impression de parler dans le vide, aujourd’hui j’ai la sensation de parler à des personnes prêtes à m’écouter.

Tout ça pour dire que je suis revenue. Je suis revenue pour vous retrouver, mais aussi pour me retrouver dans ce que j’aime faire. Vous ne pourriez pas savoir à quel point ça me fait du bien, d’avoir osé, osé taper sur toutes ces touches d’ordinateur, pendant une heure.

Merci.

Lilou