La narratrice, aujourd’hui parisienne, se souvient de sa jeunesse à Alphabet City au début des années 80. Dans les rues interlopes de ce qui n’était pas encore l’East Village, son amie Grichka et elles, venues d’Europe des rêves d’artistes plein la tête, évoluaient au milieu des punks, bobos et autres travelos. Dans ces rues où il ne faisait pas bon traîner le soir venu, elles rencontrèrent Peter et Mark, vieux messieurs anglais cravatés comme à la City. Et elles nouèrent avec ce couple aussi désargenté qu’original une étonnante et profonde amitié.
Un petit texte d’à peine 70 pages pour une plongée douce-amère dans le New York des années 80. Au cœur du récit, ces « oncles d’Amérique »ayant dû fuir l’Angleterre trente ans plus tôt pour d’obscures raisons, et vivant depuis dans la clandestinité. Des personnages attachants pour lesquels les deux amies vont développer une affection sincère et bienveillante. Beaucoup de tendresse mais aussi quelques passages grinçants dans cette comédie de mœurs subtile et pleine de nostalgie.
Françoise Bouillot, révélée avec son premier roman « La boue », n’avait rien publié depuis 2002, sans doute trop accaparée par ses travaux de traduction (de Bill Bryson, Agatha Christie et Donald Winnicott, entre autres). Je la découvre ici avec plaisir, enchanté par sa plume élégante et légère.
Mes oncles d’Amérique de Françoise Bouillot. Editions Joëlle Losfeld, 2015. 72 pages. 12,00 euros.