Pour son premier long-métrage, le réalisateur du documentaire « Les yeux dans les bleus », Stéphane Meunier, nous livre « Un village presque parfait ». Jérôme L’Hotsky signe le scénario, d’après « La grande séduction » réalisé par Jean-François Pouliot. Didier Bourdon et Lorànt Deutsch tiennent les rôles principaux. Denis Podalysdès, Lionnel Astier et Elie Semoun complètent le casting. « Un village presque parfait » sortait dans nos salles le 11 février 2015.
Synopsis : Saint-Loin-la-Mauderne est un petit village frappé de plein fouet par la crise et la désertification. Son dernier espoir : relancer l’usine de fumage de saumon. Seul problème, les assurances exigent la présence d’un médecin à demeure. Les habitants vont tout faire pour convaincre le très parisien docteur Maxime Meyer que le bonheur est à Saint-Loin-la-Mauderne !
Remake de « La grande séduction », long-métrage québécois, « Un village presque français » n’arrive jamais à s’approprier le scénario afin d’en livrer une quelconque vision personnelle ou artistique. En effet, la condition des habitants, face à la crise et à leur situation de reclus, est traitée pleinement durant la durée du long-métrage. Malheureusement, celle-ci amène (trop) vite un pathos de mauvais goût et des clichés convenus et déjà vus mille et une fois. On pourrait croire que l’humour de « Un village presque parfait » viendrait pimenter l’ensemble grâce à de savoureux dialogues et situations. Il n’en est rien. Alors que l’écriture de Jérôme L’Hotsky avait fait des merveilles sur « La clinique de l’amour » de Artus de Penguern, il n’arrive jamais à trouver le ton juste afin que « Un village presque parfait » devienne la drôlerie que le spectateur est en droit d’attendre, surtout lorsque l’on voit le casting, composé d’acteurs brillants en terme de comédie.
En effet, Didier Bourdon, Lorànt Deutsch, Denis Podalydès, Elie Semoun, Lionnel Astier ou encore Armelle, tous possèdent un pouvoir comique très différent mais efficace dans leur genre. Si l’on peut sentir que la direction artistique prend en compte ces humours spécifiques à chacun, elle n’arrive jamais à créer une homogénéité, qui enlèverait cet aspect sketch, assez désagréable au visionnage. De plus, alors que « Un village presque parfait » mise sur la tendresse et le côté humain de ses personnages, ils se trouvent tous être écrits en surface, à base de mauvais clichés. Les différents acteurs présents à l’écran essayent comme ils peuvent de livrer des interprétations correctes, sans jamais réellement y parvenir. Le côté choral du long-métrage n’aide pas les personnages à exister, puisqu’ils s’éparpillent un peu partout afin que chacun ait son « petit moment ». À vouloir traiter plusieurs personnages, le long-métrage, au final, n’en traite aucun décemment.
Pour sa première réalisation, Stéphane Meunier ne cherche pas à provoquer une recherche artistique ou esthétique. Il ne se contente que de filmer, de manière la plus banale qu’il soit, le scénario et se repose entièrement sur celui-ci et la présence des acteurs. La direction artistique se retrouve très vite standardisée … Champs et contre-champs s’enchaînent sans marquer les esprits. Aucun risque n’est pris. Les décors naturels, bien que présents, sont cadrés et filmés à la manière d’une carte postale, sans jamais offrir toutes les possibilités qu’ils représentent. Le montage, très saccadé en séquences (trop) bien réparties, n’aide pas le long-métrage à maintenir un rythme soutenu dans sa durée. Sans enjeux artistiques, « Une village presque parfait » lasse vite par son manque d’ambition et sa recherche d’une efficacité factice. Au final, tout ceci est à l’image de l’ensemble : vouloir créer un effet de sincérité et de réalité, sans réellement s’en donner les moyens.
« Un village presque parfait », malgré une bonne intention de départ et un casting plus que compétent, n’arrive jamais à être la comédie qu’il voudrait être et ne restera qu’un souvenir ennuyeux …
Un village presque parfait. De Stéphane Meunier. Avec Lorànt Deutsch, Didier Bourdon, Denis Podalydès, Elie Semoun, Lionnel Astier, Armelle, …
Sortie le 11 février 2015.