De ce fait, chacun peut y trouver matière à la contester et un bon prétexte
pour la rejeter en bloc. Et à droite comme à gauche, ils sont nombreux ceux qui
ne cherchent qu’un prétexte pour s’opposer systématiquement au
Gouvernement.
Certes, le Gouvernement aurait pu écouter, dialoguer, échanger et prendre en
compte les remarques des uns et des autres plus qu’il ne l’a fait (plus de 1
000 amendements ont été pris en compte). Au final on aurait abouti, dans 2 ans,
à un texte édulcoré de tout ce qui fâche à droite comme à gauche, les notaires
comme les auto-écoles, les pharmaciens comme les syndicats, en bref à un texte
vide, creux et parfaitement inutile. Déjà, qu’en l’état, cette loi ne va pas
changer la face de la France alors imaginons ce qu’il en resterait s’il avait
fallut céder à tous les lobbies.
Manuel Valls a décidé de passer en force, il a bien fait. L’heure n’est plus
aux atermoiements, aux piteuses reculades et aux consensus mous. Depuis le
début du quinquennat, on a assez reproché à ce gouvernement de n’avoir pas su
prendre les problèmes de la France à bras le corps. Il fait enfin, via son
premier ministre, preuve de fermeté en assumant enfin son social libéralisme et
c’est tant mieux.
Contrairement à ce que se complaisent à répéter médias et opposants
politiques, utiliser le 49.3 est un acte d’autorité et non une preuve de
faiblesse de la part de l’Exécutif.
Certes, cela confirme la faiblesse de la majorité présidentielle mais il n’y
avait pas besoin de cet épisode pour savoir que celle-ci est courte et
incertaine. Le Parti de gauche est définitivement tombé dans l’opposition, les
Verts contestent ouvertement la plupart des décisions du Gouvernement et une
partie du PS n’accepte pas le virage social libéral de François
Hollande.
Dégainer le 49.3 c’est le choix de Valls qui affirme ainsi haut et fort
qu’il ne se laissera plus emmerder par la frange archaïque du PS.
A partir du moment où le constat est fait d’une divergence de vue profonde
entre le gouvernement et les frondeurs sur les mesures à prendre pour redresser
le pays, le passage en force devenait la seule solution.
On a assez reproché à Hollande et son gouvernement de faire trop peu et trop
lentement, pour ne pas applaudir lorsqu’il décide de tordre le bras à tous ceux
qui rament dans l’autre sens. Il y a eu assez de temps perdu.
D’autant plus que tout le monde en sort gagnant.
Les frondeurs vont pouvoir se poser en victime et dire à leurs électeurs
qu’ils n’étaient pas d’accord avec le tournant libéral du gouvernement sans
pour autant porter la responsabilité du rejet d’un texte que celui-ci considère
comme majeur.
La Droite évite d’avoir à justifier le refus d’un texte sur lequel elle est
fondamentalement d’accord.
Et Valls affirme son autorité et sa détermination, deux qualités qui lui
permettent de réaffirmer sa stature d’homme politique de premier plan et
accessoirement d’apparaitre comme l’anti-Hollande.
Le 49.3 est, de ce point de vue, radical mais c’est une arme qu'à un coup par session parlementaire, il faut donc bien choisir ses cibles. La prochaine sera peut-être la loi Macron 2, parce que rassurez nous, ça ne va pas s’arrêter là, il y aura bien une suite ?