Le président s'est exprimé lors d'une intervention à la radio et à la télévision peu après l'annonce par l'épouse de l'opposant de son arrestation lors d'une opération à laquelle au moins 80 membres des services de renseignement (Sebin) ont participé, faisant irruption dans ses bureaux dans l'est de Caracas.
M. Maduro a réitéré ses accusations selon lesquelles l'opposition avait fomenté un coup d'État avec l'appui des États-Unis.
Pour preuve de ce supposé coup d'État, le président socialiste a cité un document signé par le maire de Caracas, le dirigeant de l'opposition Leopoldo Lopez, incarcéré depuis un an, et Maria Corina Machado, destituée de son mandat de députée en 2014, intitulé «Accord national pour la transition», diffusé par la presse locale le 11 février et qui présente une série de propositions politiques et économiques.
«Ce n'est qu'à travers la justice que nous pourrons faire échouer ces tentatives de coups d'État et offrir une paix permanente (...). Ceux qui sont derrière ces tentatives de coups doivent payer (...) en cellule, ils doivent aller en prison», a ajouté M. Maduro.
M. Ledezma a été arrêté peu après 17h00. Il a annoncé sur Twitter l'arrivée des policiers sur son lieu de travail. «Mon bureau est perquisitionné en ce moment même par des policiers du régime», a-t-il écrit.
«Ils ont emmené Antonio Ledezma en le frappant, ils ont détruit tout ce qu'ils ont trouvé sur leur passage, ils ne lui ont pas laissé le temps de parler, ils n'ont pas laissé de temps pour informer qui que ce soit», a déclaré son épouse, Mitzy Capriles de Ledezma, à la Radio Union.
Selon elle, les membres des services de renseignement sont arrivés à bord de «10 blindés» au bureau du maire pour procéder à son arrestation. Au moment de quitter l'immeuble, ils ont «tiré en l'air à plusieurs reprises» pour disperser la foule qui s'était rassemblée, a-t-elle ajouté.
«Plus de 80 fonctionnaires» ont été mobilisés, «tout un déploiement pour le prendre, ils n'ont pas présenté de mandat d'arrêt», a déclaré à la radio son avocat Omar Estacio.
Âgé de 59 ans, M. Ledezma est un vétéran de l'opposition vénézuélienne et a été sénateur, député et gouverneur du district de Caracas. Il a été élu maire de Caracas en 2009 puis réélu à cette fonction en 2013.
L'opposition dénonce la violence
Le président Maduro accuse également M. Ledezma, qu'il surnomme «le vampire», d'être un des instigateurs des manifestations antigouvernementales initiées par des étudiants pour protester contre l'insécurité, l'inflation et les pénuries au Venezuela au cours desquelles 43 personnes ont été tuées entre février et mai 2014.
Il lui reproche aussi d'avoir participé au mouvement «La Salida» («La Sortie») qui vise à obtenir la chute du président Maduro. Le président, élu sur le fil en avril 2013 après le décès de Hugo Chavez, emploie la même rhétorique que son mentor et prédécesseur, dénonçant régulièrement des tentatives de putsch orchestrées par la droite locale, soutenue par des complices aux États-Unis et en Colombie, sans jamais apporter de preuves de ces complots.
Des militants et des responsables de l'opposition ont manifesté jeudi leur solidarité avec le maire et ont critiqué le gouvernement du président Maduro.
«Le gouvernement n'arrive pas à faire face à la crise (économique), son seul recours, c'est la violence, ils se sont jetés dans ce précipice, l'outil de la répression génère de nouveaux problèmes», a déclaré à des médias locaux Jesus «Chuo» Torrealba, le chef de la coalition d'opposition Table de l'unité démocratique (MUD).
L'opposante radicale Maria Corina Machado a estimé dans un message posté sur Twitter que l'arrestation de M. Ledezma était «un acte désespéré de la dictature contre un véritable démocrate».
«Ma plus grande solidarité avec le maire Ledezma après cette arrestation inattendue», a écrit pour sa part sur Twitter Ramon Muchacho, le maire du district aisé de Chacao, dans l'est de la capitale, où se concentrent les opposants au président Maduro.
Le Venezuela traverse depuis plusieurs mois une crise économique et sociale grandissante que Nicolas Maduro ne parvient pas à juguler.
Source : LaPresse