Il y a deux ans, un séisme inattendu se produisait dans le paysage artistique en France : le retour au premier plan de l'art cinétique. Julio Le Parc au Palais de Tokyo, Jésus Rafael Soto au Centre Pompidou, les mêmes dans les galeries Denise René, Sobrino à la galerie Nmarino notamment... L’exposition Dynamo au Grand Palais à Paris marquait le point culminant de ce retour en grâce de l’art cinétique et lumino-cinétique.
Retour en grâce
Après les périodes de notoriété , les artistes de ce mouvement semblaient souffrir depuis quelques années des avancées de l'art contemporain qui reléguaient quelque peu au second plan les tenants d'une peinture considérée comme datée, voir dépassée.
Depuis près d'un an, sans que l'on puisse situer l'origine de ce déclenchement, sans qu'il soit possible de désigner un hypothétique grand ordonnateur de l'événement, il faut se rendre à l'évidence : la Figuration narrative connaît un retour en grâce indéniable.
Jacques Monory bénéficie actuellement au Fonds Hélène et Edouard Leclerc à Landerneau, d'une rétrospective magistrale pour ses quatre-vingt dix ans. Erró a les honneurs du musée d'art contemporain de Lyon depuis quelques mois. Après Gérard Fromanger il y a moins d'un an, c'est Valério Adami qui est invité dans le vaste lieu d'exposition "A cent mètres du centre du monde " à Perpignan. Vient de se terminer il y a quelques jours une rétrospective de la coopérative des Malassis (avec notamment Cueco) au musée des Beaux-arts de Dôle, certes fidèle depuis des années au mouvement de la Figuration narrative. Le musée des Beaux-arts de Rennes vient d'ouvrir une rétrospective sur Gilles Aillaud.
Vague de fond
Comment expliquer cet élan d'intérêt en direction de peintres dont l'avènement datait des années soixante ? Comment analyser ce passage de l'ombre à la lumière en quelques mois ? On objectera que des expositions de certains peintres de la Figuration narrative ont eu lieu pourtant les années passées, mais rien de comparable, me semble-t-il, avec la vague de fond observée aujourd'hui aussi bien dans les lieux privés que dans les centres d'art institutionnels. En revanche, l'oubli dans lequel étaient tombés d'autres artistes du mouvement tranchait avec cette résurrection. Pendant combien années le silence a recouvert le travail de la coopérative des Malassis avant que l'on redécouvre sa spécificité?
C'est le déclenchement d'un tel retour qui ne manque pas d'intriguer, comme ce fut le cas pour celui de l'art cinétique. Un critique d'art redoutable, non encarté, semble jouer de son influence : le temps. Ce critique à l'intégrité indiscutable se joue des modes, des aléas du marché de l'art. En outre, il possède sur chacun de nous un avantage implacable: il aura le dernier mot.