Les produits plastiques ont envahi la vie quotidienne des villes et campagnes. Pas un mètre carré sans un sachet plastique par exemple. Importé ou produit sur place au Burkina par des sociétés, la fabrication des produits plastiques nécessite une matière première non renouvelable (produit pétrolier), beaucoup d’eau, d’électricité et génère des émissions polluantes.
Le sachet plastique par exemple a donc remplacé, sinon acquis la prédominance sur les paniers, les sacs en coton dans la majorité des foyers burkinabè. Dans un contexte social marqué par la pauvreté de la plupart des ménages, le coût très réduit de ces sachets fait que les communes et villages sont en train de devenir, s’ils ne le sont déjà, des dépotoirs de sachets en plastique de toutes sortes. Résultat, le Burkina Faso est confronté à de nouveaux problèmes d’environnement. Les résidus plastiques causent de sérieux problèmes de santé, d’environnement et compromettent les activités socio-économiques.
C’est donc avec satisfaction qu’en tant qu’Association de journaliste pour la Protection de l’environnement, Média’vert a suivi tout le processus ayant conduit à l’adoption du projet de loi portant interdiction sachets plastiques non biodégradable.
Mieux, selon une rencontre du Ministère en charge de l’environnement le 30 décembre 2014, l’application de la Loi n°017-2014/AN portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution d’une catégorie de sachets et emballages plastiques non biodégradables, pourra être effective à partir du 21 février 2015.
Toutefois quelques inquiétudes persistent quant à une pleine application de cette loi.
En effet dans n’importe quelle localité du Burkina, le problème de gestion des déchets plastiques se pose avec acuité. L’impression qui se dégage est que le problème du déchet plastique se discute simplement entre experts, ONG, associations et industriels, mais que les populations à la base jusqu’à présent n’ont pas intégré le fait que leurs comportements en la matière doivent évoluer. Jusqu’à l’heure actuelle, il vous suffit d’acheter du riz que vous ne désirez pas consommer sur place et on vous le servira avec un sachet « noir » sans se poser de questions.
Dans ces conditions, nous nous demandons comment une telle loi peut être appliquée surtout dans un contexte de post insurrection où de plus en plus l’autorité est défiée. Est-ce l’Etat à travers le ministère en charge de l’environnement qui n’a pas assez fait son travail de sensibilisation ? Ou bien ce sont les populations qui ne sont pas prêtes à abandonner ces habitudes?
Nous pensons à notre niveau que le problème se situe surement entre les deux.
C’est pourquoi nous sommes convaincus que la solution à ce fléau se situe à plusieurs niveaux.
Par ailleurs, les produits de substitutions (sachets biodégradables, sacs en papier etc.) promis par le ministère en charge de l’environnement sont toujours rares.
Quelles solutions pour lutter contre ce fléau ?
Dans le contexte actuel trois aspects que nous jugeons primordiaux constituent le socle indispensable pour lutter contre ce fléau.
Une volonté politique claire et forte : Elle constitue une condition nécessaire à toute durabilité du système de gestion des déchets plastiques. Plus que l’existence d’une réglementation insuffisante, celle existante reste non appliquée. La responsabilité des autorités politiques est plus qu’engagée dans le développement de cet incivisme très développé au Burkina Faso.
Une implication des populations : Elle devra prendre en compte la dimension culturelle, mais également l’état de pauvreté au Burkina Faso. A l’inverse de l’eau qui constitue une demande continue dans un pays sahélien comme le Burkina Faso, les déchets constituent une charge.
Cette charge est difficilement concevable pour la grande majorité des populations. En d’autres termes, l’information, l’éducation, la communication et la sensibilisation des populations doivent constituer des éléments clés.
Les aspects économiques et financiers constituent quant à eux un des premiers facteurs de durabilité du système. Au Burkina Faso, beaucoup d’acteurs vivent de la fabrication et de la commercialisation de produits plastiques. Il s’agit entre autres des commerçants, des restaurateurs, des usines de production des sachets plastiques, des importateurs des produits plastiques. Il va s’en dire qu’il est important de réorienter économiquement ce secteur en créant un autre marché non seulement de produits biodégradables mais aussi de recyclage des déchets plastiques.
En somme, il ne faut pas se leurrer, la loi portant interdiction de certains déchets plastiques seule ne suffira pas à faire disparaître les déchets plastiques du quotidien des Burkinabè. Il faudra aller au-delà de cet acte politique pour mettre en place une véritable campagne de sensibilisation afin de révolutionner les consciences en la matière.
En rappel les résidus plastiques causent de sérieux problèmes de santé et d’environnement.
A titre d’exemples, citons entre autres, le spectacle des sachets plastiques multicolores dispersés çà et là, décorant tristement les arbres, les chaussées dans nos villes et villages. Les sachets plastiques favorisent également, la stagnation des eaux. Ils s’enfouissent dans le sol petit à petit puis, constituent une barrière souterraine pour les racines et les eaux.
L’imperméabilisation des sols occasionne la perte de la productivité agricole et l’insuffisance de la recharge de la nappe phréatique ainsi qu’une diminution des ressources en eau, l’obstruction des caniveaux, pouvant engendrer des inondations tout en favorisant la prolifération de microbes pathogènes.
Au vue de tout cela, il faut que chaque Burkinabè travaille à se passer de cet outil en utilisant ou en exigeant chez son commerçant, des sacs en tissu, en papier et en plastique biodégradables pour ses différents besoins. Cela y va de la survie de notre environnement et notre devoir de le préserver pour les générations futures.
Association des journalistes et communicateurs pour la Protection de l’Environnement Média’vert
(media_vert@yahoo.fr)