Car sous ses airs de petite fille sage, l'artiste plasticienne est une femme engagée et déterminée à combattre la discrimination qui frappe les Japonaises. De façon un peu monomaniaque.
Comment lui est venue l'idée de représenter le " manko " (le vagin ou même disons " la chatte " en argot japonais) dans l'intégralité de ses œuvres ? Au départ, ce n'était qu'une œuvre parmi d'autres. Mais une œuvre pour laquelle elle a reçu beaucoup de plaintes.
Megumi Igarashi s'en est offusquée et à chercher à comprendre pourquoi, dans un pays où la pornographie est totalement acceptée, la représentation d'organes génitaux féminins est considéré comme obscène ? Et même interdite par la loi.
" Alors que le pénis au contraire est utilisé dans des illustrations, et fait partie de la culture pop [...]. Le vagin est considéré comme obscène parce qu'il est caché en permanence, alors que c'est juste une partie du corps féminin. "Car le travail de Megumi Igarashi est considéré comme un contenu obscène et non de l'art.
Mais l'artiste n'en démord pas, entre en rébellion et décline son œuvre : figurines kawai en plastique, PLV en carton, autocollants, cartes postales, tee shirts, abat-jour, pendentif, voiture télécommandée, étui de smartphone et même un costume.
Dans un japon qu'elle qualifie de " trop sérieux " et même " étouffant ", elle se fait volontairement appeler Rokudenashiko (" bonne à rien "), un surnom provocateur et ridicule.
Arrêtée à l'été 2014, son procès se tiendra en avril prochain. Elle encoure 2 ans de prison et une amende de 2 500 000 yens (18 150 euros) qu'elle affirme ne jamais payer qu'elle que soit l'issue du procès.
Stimulée par l'interdit, l'artiste pousse toujours plus loin la provocation. Quand on lui objecte que le sexe doit être réservé à l'intimité de la chambre à coucher, le noir, elle invente une figurine de manko fluorescente. Qu'imaginera-t-elle comme ligne de défense pour son procès ?