Avec Simon Eine, Catherine Sauval, Alain Lenglet, Jérôme Pouly, Pierre Hancisse, Noam Mortensztern, Claire de La Rüe du Can, et Pauline Méreuze, dans une mise en scène de Hervé Pierre
Voici une pièce dont je ne garde que de faibles souvenirs d’une représentation masquée au Théâtre 13. Ici, pas sûr que je tienne grand chose de plus. J’ai entendu le texte, certes, peut-être plus que lors de cette ancienne représentation, mais c’est davantage parce que j’ai tenté d’écouter que parce qu’on me l’a livré sur un plateau d’argent. La raison de ce sentiment peu enthousiaste ? Une mise en scène confiée un acteur que, certes, j’admire lorsqu’il joue, mais qui de toute évidence n’était pas inspiré face à cette pièce de Molière.
« Vous l’avez voulu, George Dandin » se répétera l’intéressé à plusieurs reprises dans la pièce. Dans quelle galère s’est-il embarqué… Paysan – mais riche – désirant s’élever au-dessus de sa condition, il se marie à une jeune noble avec l’accord de ses parents plus que de sa future. Cela donnera lieu d’ailleurs à quelques belles tirades sur la condition des femmes, malheureusement malmenées par les actrices, mais j’y reviendrai. Sa jeune épouse, Angélique, ne l’entendant pas de cette oreille, se laisse courtiser par Clitandre devant son mari, avec l’aide de sa servante Claudine pour cacher cet outrage à ses parents. Dandin, quant à lui, tente par tous les moyens de leur montrer l’action indigne de leur fille, mais toujours sans succès.
Hervé Pierre a fait un travail simple. Peut-être trop ; on n’y voit pas les idées. Comique ou tragique ? Défenseur de Dandin ou d’Angélique ? On ne s’y retrouve pas. Certains personnages sont caricaturaux, d’autres mal dessinés. A commencer par les parents de Dandin, incarnés par Catherine Sauval et Alain Lenglet. Probablement dirigés par un acteur plus qu’un metteur en scène, ils sont ridicules et comme inachevés, car c’est là leur seul trait de caractère. On voit beaucoup trop les acteurs devant les personnages et, pour des Comédiens-Français, ce n’est pas normal. N’est-on pas là dans le premier théâtre de France ? Pas ce soir-là, en tout cas.
Les actrices ne sont pas à la fête dans ce spectacle : c’est simple ; Pauline Méreuze gâche toutes les scènes dans lesquelles elle apparaît, par son ton monocorde et criard : sa voix mal posée, sa gestuelle oscillant entre des actions trop brutales ou des bras ballants, me font comprendre les raisons son départ rapide ; étrange, car pour l’instant elle n’avait pas spécialement attiré mon attention, ni en bien ni en mal. Sa partenaire directe, Claire de la Rüe du Can, qui incarne Angélique, la suit de près ; je ne retiens rien de son interprétation, si ce n’est des cris à répétition. Jérôme Pouly, que j’attendais depuis longtemps dans un grand rôle, ne semble pas trouver sa place dans cette mise en scène. On sent qu’il pourrait être un grand Dandin, mais il ne décolle que trop peu souvent. Seul Noam Morgensztern tire son épingle du jeu, par sa vivacité et son humour toujours bienvenus : voilà un acteur qui ne m’a encore jamais déçue.
Trop de cris, de gestes inutiles… on ne sent pas l’amour de Dandin pour Angélique : cette mise en scène manque cruellement de sentiments. Pour combler cette absence – mais comment ne pas s’en apercevoir ? – des scènes de danses sont ajoutées, peut-être dans le but de réveiller un spectateur qui décroche. Inutiles. Incompréhensibles. Dommage, car cette pièce est sans nulle doute un chef-d’oeuvre de plus de Molière,
Un échec de plus, lié à un metteur en scène qui n’en est pas un. Espérons que le nouvel administrateur saura reprendre contact avec les grands metteurs en scène d’aujourd’hui…