Des petits princes, il y en a partout, si on veut bien les voir. Ils ne sont pas cantonnés dans le désert « à mille milles de toute terre habitée ». C’est dans le métro même que cette dame (Pénélope Perdereau), perdue dans une vie qu’elle n’a pas vraiment choisie, et dans la foule d’un arrêt du transport en commun, rencontre un être étrange (Armelle Dousset), enfant qui demande qu’on l’appelle Monsieur Cloche. Elle va découvrir un monde de carton et de papier, un monde où ce qui apparaît soudain peut disparaître aussi vite, un monde peuplé d'origamis et de clunes… Mais il y fait froid parfois et l’alcool réchauffe et l’alcool te fait une drôle de tête, te déchire le rêve, alors comment faire ? Pour qu’il n’ait plus froid, Monsieur Cloche, pour qu’on le voie…
Dans un décor de cartons (qui me rappelle des installations de Thomas Hirschhorn au Centre Culturel Suisse ou à Aubervilliers), le public est au coeur même de la rencontre, installé au milieu, sollicité par les personnages, surpris par les apparitions-disparitions de Monsieur Cloche, par les animaux en papier qui traversent l’espace, par les clunes sous cloche. Nous sommes entrés par un tunnel dans ce monde, comme si nous entrions dans le ventre d’une ville dont nous allons voir, à la fin, la maquette (un peu comme dans l’installation de Krijn de Koning visitée au Centquatre).
En sortant, je fredonnais :
« Il était un petit homme
Pirouette cacahuète
Il était un petit homme
Qui avait une drôle de maison
Qui avait une drôle de maison… »
J'ai vu ce spectacle au Théâtre Antoine Vitez, à Ivry-sur-Seine (94)