Si Dolf n'a pas d'amante (hormis Kristina épinglée sur son mur), pas d'ami (hormis Walter, tombeur et noceur de service), pas de vrai chez lui (hormis une chambre miteuse chez une vieille bigote), ce n'est pas parce qu'il est idiot, non. C'est juste à cause de l'odeur. Celle des morts.
Dolf assiste le docteur Sander à la morgue. Fermetures éclairs, cerveaux à peser, il connaît. Dolf n'a qu'une passion : capturer des insectes (surtout les papillons), et les épingler dans sa boîte aux trésors. Pour ne pas les faire souffrir : les endormir, faire vite et bien. Dolf n'a que cette passion jusqu'au jour où une femme vient identifier le corps d'un inconnu avant de se jeter dans ses bras, en quête de consolation.
Moment d'une rare intensité pour lui, il n'aura de cesse de retrouver cette femme à l'étreinte si douce dont il est instantanément tombé amoureux. Jusqu'à perdre le peu de bon sens dont la vie lui avait fait don…
Dans un style narratif simplifié au ressenti, aux raisonnements primitifs (influencé, peut-être, par ce qu’avait fait, de manière experte et bien plus périlleuse, William Faulkner dans Le Bruit et la Fureur), Martin Gülich dresse le portrait d'un personnage à la fois pitoyable et dérangeant, manipulé par ses propres obsessions, perdant son identité déjà fragile et ses repères sociaux. L'Etreinte symbolise le basculement d'un esprit déjà faible et chancelant, et ce, en installant une atmosphère étrange et imagée.
Un auteur à suivre ?