Tout ceci accuse quand même une baisse de régime. Nous sommes loin des débuts de Snyder sur le titre, et l'intérêt s'émousse sérieusement. Pire encore, la seconde partie de l'album, celle consacrée à la "cité sauvage" est brouillonne et bancale. Batman y livre une lutte à base d'indices, devinettes, et pièges en tous genres, contre un Sphinx qui est parvenu à neutraliser la ville de Gotham. Celle-ci est coupée de toutes liaisons extérieures, victime d'un bio virus qui a permis à la végétation d'étouffer les édifices faits de main d'homme, et sous la menace d'une destruction totale. Au milieu de cette jungle improvisée, Batman poursuit sa traque avec l'aide de Gordon et de quelques flics d'élite, puis de Lucius Fox. Pour la première fois depuis des années, j'ai décroché notablement en lisant du Batman. Tout d'abord, voire cette version du Sphinx si puissant et capable de mettre la ville entière à sa botte, cela me laisse quelques doutes. Et puis surtout, cette saga en elle même, basée sur l'action et les clins d'oeil au(x) chef(s) d'oeuvre de Miller sur le personnage, souffre cruellement des comparaisons avec le passé. Capullo signe des planches toujours aussi efficaces et reconnaissables, avec un jeune Bruce Wayne au look de marine prétentieux, mais la magie n'opère plus. Pourtant Dc avait une ambition démesurée pour cet arc narratif, au point que de très nombreux autres titres ont eux aussi été consacré, un mois durant, à ce retour dans le passé que constitue l'An Zéro. Mais ces origines jamais narrées (jusqu'à aujourd'hui) de la genèse du Batman finiront assez vite aux oubliettes, pour avoir voulu faire de l'esbroufe, au détriment d'un véritable fond, d'une véritable pertinence narrative, qui m'échappe encore. Sortie de route pour Snyder, cette fois, et c'est bien dommage.
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Poursuivons notre excursion dans le passé de Batman, six ans en arrière. Revenons donc à l'aube de la carrière du héros/détective, avec la seconde partie de la saga Zero Year. Après avoir eu maille à partir avec le gang du Red Hood, cette fois Bruce Wayne se retrouve face à trois fronts chauds en même temps. La menace du Sphinx qui tente de plonger Gotham dans le noir, alors qu'une impressionnante tempête s'annonce à l'horizon. Celle du Docteur La Mort, et ses expériences sur le squelette qui engendrent de terribles excroissances osseuses. Enfin les forces de police du GCPD, dirigé par le commissaire Loeb, qui traque Batman sans relâche. Seul le lieutenant Jim Gordon semble être du coté de notre héros et lui tend la main lorsque rien ne va plus. Comme après une fusillade dantesque où le Dark Knight est criblé de balles par les représentants de la loi. Sauvé in extremis par sa combinaison, c'est Gordon qui lui permet de s'enfuir. D'ailleurs c'est une constante dans cet album (et le précédent, si vous vous souvenez du passage à tabac de Bruce, chez lui), Batman est encore en manque d'expériences, et un poil trop fougueux. Et du coup il se prend une rouste après l'autre, et mange la poussière à chaque épisode. Tirez-lui dessus, rouez le de coups, vous verrez, il encaisse, et il aime ça. C'est un justicier en butte à l'incompréhension, sans alliés ni appuis particuliers (qui repousse ceux qui pourraient basculer dans son camp) et qui apprend ses leçons dans la douleur. Éloquent à ce titre un dialogue entre le majordome Alfred et son protégé. L'avis du vieux serviteur serait que la mssion de Batman n'est pas uniquement de protéger et servir Gotham, mais aussi de prouver à tout ceux qui lui ont tourné le dos ou n'ont pu l'aider (l'assassinat de ses parents) qu'il a su s'en sortir car plus fort qu'eux tous, et que chaque mission est l'occasion de replonger les ingrats le nez dans leurs fautes. Il est colère, le Batman, et légèrement rancunier.