Voilà un billet qui ne risque pas d’être original, tant mon avis se confondra avec celui de tant de lecteurs enthousiastes. Mais j’avais quand même très envie de vous parler de ce livre.
Des fleurs pour Algernon est le récit à la première personne de Charlie, cobaye d’une expérience destinée à le rendre « un téligent ». Car Charlie a toujours voulu être « un téligent », même s’il ne comprend pas tous ces tests ridicules et qu’il a peur qu’on ne le gronde. Lui, il veut juste pouvoir discuter avec ses amis et faire plaisir à son professeur. L’opération marche, et Charlie devient intelligent, très intelligent. Jour après jour, compte-rendu après compte-rendu, on constate ses progrès mais aussi les problèmes que cela lui pose. Être intelligent ne lui apporte pas le bonheur, et le nouveau Charlie a l’impression d’avoir volé la vie de l’ancien. Mais ce dernier n’est-peut être pas si loin…
Il en va des livres comme des gens, certaines rencontres ne s’oublient pas. Vous vous rappelez précisément le moment où vous l’avez ouvert, et celui où vous l’avez reposé. J’ai donc ouvert ce livre juste avant de dormir, je voulais juste en lire quelques mots. Mais il a quasiment été impossible de le reposer, et ce n’est que parce que je devais me lever à six heures le lendemain (et qu’il était déjà deux heures) que je me suis décidée à le lâcher. Pour le terminer quelques heures plus tard dans la matinée.
Alors pourquoi tant d’enthousiasme ? Je vais essayer d’analyser cela pour vous même si je suis déjà frustrée à l’idée de ne pas lui rendre suffisamment justice.
J’ai raremement vu une écriture aussi maîtrisée et d’une manière si particulière. Car tout, de la tournure de phrase à la ponctuation, en passant par le choix du vocabulaire, tout, absolument tout, est au service du récit et nous permet de ressentir les changements de Charlie. Il est rare qu’une oeuvre littéraire soit si entière, où la manière de l’écrire est aussi importante que l’histoire elle-même. Les mots sont l’histoire, et si les dernières phrases nous touchent tant, c’est autant par ce qui est dit que par la manière dont c’est écrit.
« Je n’ai rien fait de mal. Je suis comme un homme qui serait né aveugle
et à qui l’on a donné une chance de voir la lumière »
Un texte touchant, qui nous interroge aussi sur notre rapport à l’intelligence et à ceux qui en ont moins que nous. C’est un roman qui peut plaire à tout le monde, et où chacun peut trouver des choses qui le touche.
Alors, si vous ne l’avez pas encore lu, je ne peux que vous encourager à le faire car il ne faut pas passer à côté d’un si grand texte.
En bonus, dans mon édition augmentée se trouve l’essai autobiographique Algernon, Charlie et moi. J’en recommande également la lecture car la vie de Daniel Keyes est très intéressante mais aussi inspiratrice. Voilà un homme qui a voulu écrire toute sa vie et qui tout n’oubliant pas la réalité, a su réaliser ses rêves. Les apprentis écrivains se sentiront sans doute moins seuls, les autres comme moi y trouveront un regain de motivation pour accomplir ce dont ils rêvent.
On trouve également dans mon édition la nouvelle originale, mais je ne l’ai pas encore lue, j’attends d’avoir un peu oublié le roman pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur.
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