Vincent n’a pas d’écailles, soit. Mais le problème, c’est que Vincent, il lui manque plein d’autres choses, et ce malgré toute la bonne volonté de son réalisateur. Pourtant, on partait d’un bon coup marketing (merci Le Pacte) : deux extraits plutôt loufoques en guise de bande-annonce, une affiche sympa et une accroche à faire frétiller plus d’un curieux : « le film de super-héros à la française ». Non, vraiment, il y avait de quoi y croire.
Avec toute la bonne sympathie de Thomas Salvador à vouloir développer un film construit sur une idée originale, la recette du poisson reste fade. Quant à savoir si c’est un manque d’expérience technique ou un choix volontaire de rester sur un encéphalogramme quasi plat, la question se pose là.
Vincent n’a pas :
- De dialogues ou quelques balbutiements dignes d’une cour de récré, préférant mettre à l’honneur des actes plutôt que des paroles. Choix louable, mais pas suffisant lorsque l’action, quelle qu’elle soit, est absente.
- De montage. Les plans se suivent les uns à la suite des autres, sans raccord, sans transition, sans fondu, nous faisant passer du coq au vin, ne laissant jamais le temps à la narration de s’installer (quand elle est présente). Sans parler des répétitions, à défaut du métro, boulot, dodo, Vincent travaille, mange, nage et nage. Au moins, il le fait bien, quand il le fait, car répéter les plans où il fait trempette, les moments où il s’amuse à entrer dans la peau d’un « crocodile », tapit dans l’ombre attendant, on a vu plus palpitant.
- De musique. Ce n’est pas un gros problème en soi, quand le récit est palpitant, quand il y a de la matière, mais comme ce n’est pas le cas, forcément, l’absence se fait ressentir
- De contenu. S’il suffisait qu’on s’aime d’une idée en or pour faire un film, nous nous lancerions tous à l’assaut d’Hollywood, mais n’est pas scénariste et réalisateur qui veut. Des personnalités vides, une action qui se résume à aller nager, pas de but, ça serait presque un film de vacances. Les personnages auraient gagné à être travaillé plus en profondeur suivis par un jeu d’acteur conséquent, le film aurait pris de la saveur. Seulement, Thomas Salvador n’est pas spécialement bon acteur, et donne à Vincent ce côté mou du genou/deux de tension, aussi réactif qu’un piranha sous cannabis. C’est quand même dommage de ne pas faire profiter le spectateur en l’amusant un peu plus, car si on y pense, je suis sûre qu’il peut y avoir plein de situations rigolotes à sortir de l’eau à défaut du chapeau.
Il n’a pas que des défauts ce descendant du dauphin.
Vincent a :
- Une idée originale, assumée (bon, mal exploitée), culottée à l’heure où l’usine à super-héros, Marvel, sort un film par an.
- Réussi à nous faire croire à ses pouvoirs avec peu de moyens et très très peu d’effets spéciaux. Pas facile de faire Laure Manaudou à grande vitesse.
- Réussi à nous attendrir, parce que oui, ça fleure bon le « fabriqué avec cœur et sueur par des artisans français » et donc, on a envie d’y croire et de défendre le produit (même s’il manque de saveur).
- Une séquence avec les gendarmes qui donne un coup de fouet à la seconde partie de son film. Tout n’est pas complètement perdu, malgré quelques incohérences.
Vincent n’a pas d’écailles, ni toutes les qualités du monde, mais il a le mérite de sortir des sentiers battus en proposant quelque chose de frais, nouveau et loufoque là où le cinéma s’évertue à nous servir du réchauffé. On espère que le prochain film de Thomas Salvador sera plus abouti.
Sortie en salles le 18 février.