" Nous aimons toujours autant la magie, nous les modernes, que les premiers hommes."
"Nous croyons au numérique comme à une nouvelle promesse, comme à un mythe salvateur." Au point de vouloir porter son organe cellulaire en permanence, avec un besoin quasi-vital : hyperconnecté et en quête d'une existence supérieure, comme si la réalité ne suffisait plus à elle-même. À tort, d'après l'auteur, "car notre dépendance au superorganisme gonfle avec l'inflation de la communication que nous observons aujourd'hui." Le doigt fébrile, pendu au fil d'actualité et à l'affût de la moindre notification, faut-il débrancher pour savoir raison garder ? Pas si sûr. Aux oeillères, Hervé Fischer préfère de loin exercer nos "capacités de fascination critique": histoire de faire durer le plaisir virtuel sans se laisser duper. Aussi incontournable qu'aliénant, "le numérique est plus puissant que le feu. Plus humain". Raison de plus pour conserver sa capacité "à jouir de la réalité dont nous avons le privilège ici-bas." Car le propre d'un mythe est d'enchanter l'existence, non pas de la vampiriser.