Cette semaine encore, je publie un texte de mon ami Érik. Il s’agit d’une œuvre
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J’ai fait ce que j’ai pu. On devrait se révolter contre la répression. Je me suis évadé dans le psychédélisme, des opéras furieux, les bars de danseuses. Mais l’aliénation me rattrapa : elle est nécessaire, dans l’ordre du pouvoir. Le pouvoir laisse son empreinte dans l’inconscient, c’est comme ça qu’il nous terrorise. On a peur jusque dans nos claques. Mais le sang se rebiffe, alors on joue, leur jeu, celui des révoltes parodiques, des évasions : on regarde des films débiles ; on écoute des musiques insignifiantes ; on se passionne pour des clubs de hockey. La peur nous tient, celle de ne pas appartenir, d’être pauvre, délaissé, socialement un zéro : ainsi nous possède-t-on.
Moi aussi j’ai bu. J’ai cherché des frissons. Plus profondément, je désirais une spiritualité nouvelle, une béatification des corps comme blasphèmes absolus. J’ai profané la tombe à laquelle on voudrait nous condamner. J’ai surpris dans des silences les clefs dont sont dépositaires des êtres fugaces, à jamais mystérieux, et j’ai découvert dans l’ivresse une science nouvelle qui permet à l’imagination d’investir le corps, d’élever ce dernier à la plénitude magique des esprits stellaires. N’avez-vous jamais connu de ces orgasmes qui vous sanctifient comme autant de transsubstantiations de tout votre être ? Ne suis-je pas passé, en certains instants, bien près de me dissoudre dans un bonheur absolu ? Il faut transgresser la peur de se perdre pour apercevoir le dieu en soi. J’ai eu la volonté d’une telle transgression. Je l’avoue, j’ai été et je demeure cet homme du blasphème qui conteste les droits de tous les pouvoirs sur sa conscience. Ma conscience est sacrée ; la vôtre ne l’est pas moins.
Notice biographique