Cette variété de cannabis à taux élevé de THC, appelé » skunk » révèle ses risques pour la santé mentale, avec cette étude anglo-américaine qui alerte sur un risque associé extrêmement élevé de psychose. Mais ce n’est pas tout. L’étude révèle 3 configurations de consommation associées à un risque accru d’épisode de psychose : Commencer à consommer du cannabis "classique" à un âge jeune, en consommer beaucoup et quotidiennement, ou consommer du skunk. Dans ces 3 cas, c’est l’exposition cumulée à vie au THC qui semble expliquer l’effet psychose. Données dans le Lancet Psychiatry.
Qu’est-ce que le Skunk : Il s’agit d’un type de cannabis conçu pour avoir des niveaux très élevés de Δ-9-tétrahydrocannabinol (THC). Ce composé, le principal agent psychoactif du cannabis, peut entraîner des effets comme la relaxation, une sensibilité des sens, une augmentation de l’appétit et a déjà été associé à des symptômes psychotiques. En revanche, le skunk a des niveaux très faibles en cannabidiol, un autre composé du cannabis qui peut contribuer à compenser donc réduire l’effet psychotique du THC. Cette composition particulière peut expliquer pourquoi cet effet psychotique serait plus fort avec le skunk qu’avec un cannabis » traditionnel « .
Les chercheurs du King’s College London et de la Mount Sinai School of Medicine (US) se sont penchés sur les habitudes de consommation de cannabis de 410 patients, âgés de 18 à 65 ans, hospitalisés à Londres pour un premier épisode de psychose vs 370 témoins en bonne santé. Les 2 groupes ont renseigné leur histoire d’usage du cannabis, dont de » super-cannabis « . Les chercheurs ont ensuite comparé les données de consommation de cannabis chez les patients et les témoins.
Les chercheurs ont utilisé ces données pour évaluer l’exposition de chaque individu à vie au cannabis, à l’aide de 7 catégories :
- pas d’utilisation (0)
- moins d’1 fois par semaine (1)
- au moins une fois le week-end (2)
- au moins une fois par jour (3)
- du skunk au moins 1 fois par semaine (4)
- du skunk au moins une fois le week-end (5)
- du skunk chaque jour (6)
Enfin, les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion possibles pour la psychose, soit les facteurs sociodémographiques, le tabac, l’alcool ou l’usage d’autres drogues récréatives et ont basé leur évaluation sur la proportion (de premier épisode psychotique) attribuable à la consommation de cannabis ou fraction attribuable au risque.
Le profil du patient hospitalisé pour premier épisode de psychose, était :
· plus jeune (27 ans vs 30),
· plus masculin (66% contre 56%),
· plus susceptible d’être d’ethnie noire,
· à plus faible niveau d’études,
· à moindre niveau d’activité professionnelle.
Sur l’association cannabis-psychose :
· dans l’ensemble, consommer du cannabis n’est pas associé à un risque accru de premier épisode psychotique vs ne jamais en consommer (OR : 0,83),
· cependant commencer à consommer du cannabis (classique) à un âge jeune est bien associé à un risque accru –et multiplié par 3 (OR 3,04)- de premier épisode psychotique,
· ou en consommer » beaucoup « , soit tous les jours (3) est associé à un risque multiplié par 3, vs ne jamais en avoir consommé,
· consommer du skunk (score 5 et 6) est associé à un risque plus élevé de premier épisode psychotique,
· en consommer régulièrement fait plus que doubler ce risque de premier épisode de psychose (OR 2,91).
· En consommer tous les jours (6) est associé à un risque multiplié par 5 de premier épisode psychotique (OR : 5,40).
En conclusion, un premier épisode de psychose sur 4 pourrait être attribué à l’utilisation du skunk,
19,3% des premiers épisodes de psychose pourraient être attribués à l’utilisation quotidienne de cannabis.
Ainsi, commencer à consommer du cannabis jeune, en consommer fréquemment ou beaucoup, ou en consommer à très forte teneur en THC est bien associé à un risque accru de psychose.
L’étude suggère ainsi un effet psychose de la consommation à vie de THC.
Source: The Lancet Psychiatry February 16 2015Proportion of patients in south London with first-episode psychosis attributable to use of high-potency cannabis: a case-control study (PDF, 439kb)
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