Si cette usurpation d’identité fait frémir les aficionados du personnage, le fait d’offrir le costume de Spidey à Doc’ Oc permet non seulement de se débarrasser du côté boy-scout trop gentillet de Peter Parker, mais permet surtout à Dan Slott de proposer quelque chose de différent. L’attrait principal de cette saga consiste donc à comparer les méthodes de travail et la personnalité de l’ancienne version avec celles de ce Docteur Octopus qui décide de perpétuer l’œuvre du célèbre justicier, tout en essayant de démontrer sa supériorité. Le tome précédent permettait ainsi au lecteur de découvrir un Spider-Man plus méchant, plus efficace et plus calculateur, qui met de surcroît toute son intelligence au service d’une croisade mieux planifiée et plus professionnelle. Et… force est de constater que ce nouveau Spider-Man est effectivement beaucoup plus efficace que le précédent, mais beaucoup moins drôle.
Cette pirouette scénaristique ravive non seulement l’intérêt envers cet adolescent costumé, mais ouvre également de nombreuses perspectives au niveau du scénario. Dans ce deuxième tome, ce sont les Avengers qui s’intéressent d’un peu plus près aux actions plus radicales et au comportement étrange de ce Spider-Man qu’ils ont bien du mal à reconnaître. Ils iront même jusqu’à faire une série de tests afin de vérifier qu’il s’agit bien de Peter Parker. Si cet examen ouvre la porte au retour d’un Peter Parker dont l’esprit lutte toujours afin de reprendre le contrôle de son corps, il permet également à Doc’ Oc de découvrir que Peter Parker n’a pas encore entièrement disparu. La lutte pour le corps de Spider-Man est donc l’enjeu principal de ce deuxième volet et ceux qui s’attendent à ce que Dan Slott profite de l’occasion pour revenir à un statu quo pourraient bien être surpris.
En attendant le résultat de cet affrontement, le lecteur peut se réjouir des interventions du fantôme de Peter qui commente non seulement les actions de son successeur à voix haute, permettant ainsi d’accentuer les différences entre les deux versions du Tisseur, mais qui tente également de reprendre le dessus sur Doc’ Oc. Le fait de conserver l’original sous forme d’ectoplasme permet de garder le côté fun de l’original, tout en ajoutant l’aspect plus violent de sa version supérieure. Les combats qui l’opposent tout d’abord à Jester et Screwball, qui viennent de ridiculiser le maire J.J. Jameson lors d’une conférence de presse, puis à Cardiac, qui subtilise une ancienne invention du Docteur Octopus, confirment l’aspect beaucoup plus radical du nouveau Spider-Man.
Visuellement, on retrouve Ryan Stegman sur les épisodes #9 et #10, tandis que le très talentueux Humberto Ramos s’occupe des épisodes #6 à #8. Si le premier livrait déjà des planches très convaincantes, le style de l’espagnol sied toujours à merveille au personnage de Spider-Man, même sur cette version plus sombre.
Une très bonne saga !