Son ouvrage se compose de la sorte :
I. Le temps de l'illumination
Cette partie traite de la formation de l'architecte, qui préfère faire ses premières armes chez les architectes Huvé et Leclère plutôt que d'entrer aux Beaux-Arts. Mais il se forme aussi par le voyage. Voyage en France, façon Voyages pittoresques, voyages en Italie. Et là, il dessine. Dès 1834, il est professeur suppléant à l'école de dessin de la rue de l'école de médecine. Il est également sous-inspecteur des travaux de l'hôtel des Archives du Royaume et auditeur au Conseil des bâtiments civils. Son premier chantier, c'est Vézelay que lui confie Mérimée. Contemporain des réflexions sur les monuments historiques et le patrimoine, on le trouve aussi sur le chantier de Saint-Denis, de la Sainte Chapelle ou de Notre-Dame de Paris... Mais cela sera plus explicité dans une troisième partie.II. Le temps du gothique
Après le côté biographique, on entre dans une partie plus théorique. Viollet-le-Duc est l'un des penseurs de l'architecture médiévale comme architecture nationale et identitaire. Vous savez, c'est l'époque où la France et l'Allemagne se disputent la création de l'art gothique. Viollet-le-Duc voit dans cette architecture une architecture fonctionnaliste où l'ornement ne viendrait que souligner la logique de la structure. Au cœur de celle-ci, la croisée d'ogive est comme un squelette architectural. Bon, Pol Abraham montre ensuite que les ogives n'ont pas de rôle porteur...III. Le temps des restaurations
Comme son nom l'indique, il est question ici des travaux de Viollet-le-Duc sur les monuments historiques français, notamment les architectures religieuses. Il appartient à la commission des cultes (1848) et au comité des inspecteurs généraux (1853), ce qui lui permet de travailler sur les cathédrales françaises. Sans vous faire une liste des interventions de l'architecte, parlons de quelques chantiers. A Vézelay, qui est en super mauvais état lorsque Viollet-le-Duc récupère le chantier en 1840, l'architecte efface volontairement des ajouts du 13e siècle, reconstruit les voûtes (qui s'effondrent). Bref, il réinvente l'édifice pour en faire du "pur roman". Sa conception de la restauration est la suivante : "rétablir le monument dans un état complet, qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné". Ce n'est pas forcément l'avis de ses contemporains. Lassus prône la conservation de chaque élément, Daly pense que restituer c'est inventer. D'autres chantiers sont détaillés comme celui de la basilique de Saint-Denis (et le superbe projet de flèches), de la cathédrale d'Evreux ou encore de Saint-Sernin de Toulouse (qui a été dé-restauré d'ailleurs)...IV. Du gothique à l'histoire universelle de l'architecture
Est ensuite envisagé l'aspect pédagogue de Viollet-le-Duc et ses productions d'écrivain. Entre son dictionnaire, ses Entretiens sur l'architecture et tous les ouvrages destinés aux enfants, notre architecte n'a pas chômé ! Bien entendu, il y diffuse ses théories, notamment sur la cabane primitive qui évolue du bois à la pierre, de l'Antiquité à la Renaissance...V. Le temps de la construction
Cette dernière partie est consacrée aux créations architecturales de Viollet-le-Duc, plus ou moins influencées par son goût pour le Moyen Âge, mais surtout par une logique fonctionnelle. L'ouvrage se conclut sur ses suiveurs...Un ouvrage qui explore beaucoup d'aspects de la personnalité de l'écrivain et architecte, qui interroge sur la place du patrimoine et sur la mise en place de la notion de monument historique. L'analyse est intéressante même si l'on se questionne sur les choix des parties et leur organisation : l'aspect théoricien apparait finalement très tôt dans l'ouvrage et la théorie semble surgir toute armée pour influencer sa carrière...