Aujourd’hui, je vous propose des petites histoires socialistes, c’est-à-dire dont les protagonistes sont socialistes. Par définition, cela signifie évidemment qu’ils sont ouverts aux autres, généreux, le cœur sur la main et font toujours passer la personne et la relation avant les sordides histoires d’argent. Parce que le socialisme, c’est l’humain avant tout, bien sûr.
Et l’Humain, Jack Lang, il connaît. Président de l’Institut du monde arabe à Paris, il s’occupe de très près de son institution, et sait s’impliquer dans les moindres aspects de sa gestion. Aimant la relation humaine, on comprend son besoin fondamental de tout savoir, tout comprendre et surtout tout négocier, y compris les contrats de restauration qui lient l’Institut avec un traiteur chargé de lui fournir les repas de son restaurant, un certain groupe Noura.
Comme tout socialiste qui se respecte, Jack ne peut pas s’imaginer payant ses repas sur place. C’est probablement cet humanisme qui l’a donc poussé à réclamer de larges ristournes au groupe Noura pour de nombreux repas pris au Zyriab, le restaurant gastronomique de l’Institut. C’est peut-être cette difficulté à manipuler de l’argent, parfaitement logique chez nos socialistes humanistes, qui a poussé le président à faire passer un nouvel appel d’offre dans lequel il est demandé que « Le président de l’IMA [bénéficie] gracieusement et dans la limite de 1000 couverts par an d’une table ouverte au Zyriab à longueur d’année » ou que « le délégataire [assure] également gracieusement un service café, thé, soft dans le bureau du président lorsque celui-ci reçoit des personnalités. »
Que voulez-vous, pour avoir de l’argent, il convient d’en dépenser le moins possible. Et très manifestement, le socialisme, s’il entend libérer l’Homme des contraintes du réel en lui proposant une égalité taillée au cordeau (ou à la serpe, au besoin), ne peut pas s’embarrasser de contingences grasses que la gestion financière, la fiscalité ou les comptes dans des paradis fiscaux entraînent inévitablement.
C’est aussi pour cela qu’on peut très bien être radical socialiste et empêtré dans un scandale fiscal. Ce n’est pas contradictoire : lorsqu’on est socialiste, on ne veut pas traiter les histoires de gros sous, et on dérape parfois. C’est peut-être à la suite d’un tel dérapage qu’en Espagne, Juan Carlos Monedero, le numéro trois du parti Podemos (dont l’audience électorale croît d’autant plus qu’il critique vertement la corruption des dirigeants espagnols), a semble-t-il oublié de déclarer une rétribution de 425.000 euros qui aurait dû rentrer dans son calcul d’impôt sur le revenu. D’autant que l’origine de l’argent serait quelque peu sulfureuse, l’universitaire affirmant avoir été payé pour un rapport sur la mise en place d’une monnaie commune au Venezuela, en Bolivie, au Nicaragua et en Équateur, ce qui donne du grain à moudre à ses principaux concurrents politiques… eux-mêmes englués dans des scandales fiscaux ou financiers tout à fait comparables.
Et puis, tant qu’on parle socialisme et institutions bancaires, difficile de passer à côté de l’onde de choc provoquée par les révélations sur les fichiers bancaires de HSBC.
Pour rappel, Alejandro Andrade, c’est cet ancien garde du corps de Hugo Chavez, et qui fut reconverti en tant qu’avocat du Trésor avant d’en prendre la direction de 2007 à 2010, et qui fut président de la Banque de développement économique et social du Venezuela. Nul doute non plus qu’Alejandro, ayant jugé sans doute suffisant les sacrifices réalisés pour son pays, s’est installé à Palm Beach County, en Floride, pour profiter de sa modeste retraite investie dans des chevaux de concours. Décidément, le socialisme permet vraiment de donner à certains une solide chance dans la vie.
En attendant que des réponses soient rapidement apportées à ces questions lancinantes et légitimes, on peut tout de même conclure de ces histoires socialistes que nos généreux humanistes ont toujours su conserver les pieds sur terre. S’ils font tous preuve d’une capacité de gestion très particulière en ce qui concerne les finances publiques dont ils ont la charge, et s’ils jouent toujours de malchance lorsqu’il s’agit d’équilibrer un budget municipal ou national, ou même de faire repartir la croissance et l’emploi, ils ont en revanche toujours su déployer une finesse et un entregent décisifs lorsqu’il s’agit de leur propre richesse, de leurs propres comptes (pluriel de rigueur) et de leurs optimisations fiscales.
À vrai dire, cette doctrine politique qu’on applique consciencieusement aux autres mais surtout jamais à soi, cela a quelque chose d’étonnant : le socialisme, vraiment, c’est magique™ !
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