La lecture est une évidence pour moi. Ce sera une évidence que de partager ma passion avec mon enfant, de lui construire sa petite bibliothèque, de lui lire une histoire le soir, de lui réserver un budget-livres tous les mois et de l’inscrire à la médiathèque dès qu’il tiendra sur ses gambettes.
Mais si ce n’était pas une évidence pour lui ? Bon déjà, il pourrait ne pas aimer lire, tout simplement. Mais il pourrait aussi, comme beaucoup d’enfants, avoir des problèmes avec le langage. Et s’il était dyslexique ? Est-ce qu’un enfant dyslexique est condamné à ne pas aimer lire et à souffrir à chaque mot lu ?
Depuis de nombreuses années, les pays scandinaves et les Pays-Bas se penchent beaucoup plus que nous, français, sur les problèmes de la dyslexie. Mais nous ne sommes pas non plus les derniers et commençons à avoir de l’intérêt pour les enfants souffrant de ce problème.
En 2006, la maison d’édition Danger Public, s’associe à une orthophoniste et crée la toute première collection d’albums spécialement pensée pour les enfants dyslexiques : Les mots à l’endroit.
Tout y est réfléchi pour faciliter la lecture à ces enfants et faire de la lecture un plaisir pour eux aussi. A travers des détails sur la construction de l’album, anodins pour ceux n’ayant pas de problème de lecture, cette collection réunie tous les critères pour rendre la lecture plus facile, sans pour autant la rendre ennuyeuse.
Le papier est mat et non glacé, pour empêcher des reflets de lumière qui seraient trompeurs et pourraient déranger le déchiffrage de certains mots. Le format est grand, les lignes de texte plus aérées, les mots espacés, écrits en plus gros caractères. Une présentation des personnages, au début de l’histoire, permet de ne pas se perdre au cours du récit : la stratégie de la lecture anticipée est adoptée. Les textes sont tous relus par une orthophoniste qui valide la fluidité du récit, le vocabulaire, la trame de l’histoire, l’introduction en douceur de nouveaux éléments au fil du texte…
Cette collection est riche et propose aux enfants diverses histoires pour ne pas se sentir exclu et qu’ils puissent lire les mêmes choses que leurs camarades. Leurs sont proposés plusieurs contes ou mythes classiques, pour se forger une culture littéraire essentielle. On retrouve Aladin, Barbe Bleue, Le Chat Botté, Le voyage d’Ulysse, L’enfant et l’oiseau… Mais cette collection tient également à faire découvrir aux enfants dyslexiques, des albums originaux et plus modernes. Le fabuleux voyage de Valentin et L’enfant qui n’aimait pas les livres font partie de leurs titres. Mais je souhaite vous en présenter un, un peu plus précisément, celui que j’ai déniché dans ma médiathèque et qui m’a fait découvrir cette collection : Mon père, chasseur de montres.
Je l’ai emprunté à la base car il est écrit et illustré par un de mes coups de coeur de l’année dernière : Stéphane Sénégas (rappelez-vous du Chevalier Noir). En plus, d’être conçu pour les dyslexiques, cet album est donc riche de par ses illustrations et son histoire. A mon sens, les dessins de Sénégas sont, sans le faire exprès, tout à fait adaptés aux enfants dyslexiques. Principalement en noir et blanc, très peu colorés, ils ne dévient pas l’attention du lecteur et lui permettent de rester concentré sur les mots. En même temps, noir et blanc, ne veut pas forcément dire minimaliste et sans saveur. Ces illustrations reflètent tout à fait bien l’univers du livre et lui correspondent comme un gant. On est d’autant plus plongé dans l’histoire grâce à cela.
L’histoire justement. C’est celle d’un petit garçon qui a peur d’aller se coucher le soir car des ombres de monstres envahissent alors sa chambre. Mais c’est difficile de l’avouer à son père quand son nom de famille c’est Peurderien. Un soir il se confesse tout de même à son papa. Celui-ci rigole tout d’abord. Puis il s’aperçoit que son fiston ne ment pas et que des ombres menaçantes envahissent bien sa chambre à la nuit tombée. En brave papa, il va alors trouver des solutions pour calmer les angoisses de son bambin.
Nous avons donc là un deux-en-un : un album pour contrer les problèmes de dyslexie, mais aussi contrer la peur des monstres le soir chez les enfants ! Que demander de mieux. D’autant plus que l’histoire ne reste pas dans la classique peur du monstre sous le lit. La touche d’originalité qu’y apporte Stéphane Sénégas est tout à fait sympathique.
Je vous laisse découvrir, car même si créée pour les dyslexiques, cette collection ne leur est pas exclusive et peut être dévorée par tous et à tout âge.
Le récap’ :
Points positifs :
- En ce qui concerne la collection : Une belle prise de conscience des besoins particuliers pour les dyslexiques. Un véritable travail mené pour la reconnaissance de ce problème.
- En ce qui concerne l’histoire : Une originalité donnée à la banale histoire de la peur du monstre. Un trait de crayon simple, mais formidable.
Points négatifs :
- En ce qui concerne la collection : Elle ne compte pas beaucoup de titres et c »est dommage que si peu de choses soient pour l’instant développées pour les enfants dyslexiques.
Bonne lecture les loulous !