Un départ précipité depuis Cachora
.
C'est ici que je rencontre Eddu: un aventurier Péruvien qui a déjà fais le trek aller-retour aux ruines de Choquequirao. Jonas, l'ami Allemand d'Eddu, sautera dans le collectivo 5 minutes plus tard après nous être arrêtés en face de sa guesthouse.
Tous les deux veulent seulement se rendre aux ruines de Choquequirao et ensuite retourner à Cachora. Toutefois (grâce à Orux Maps) je voudrais faire quelque chose plus aventureux: Le Choquequirao Trek intégrale de Cachora à Aguas Calientes et le Machu Picchu. C'est la raison pour laquelle je voyage: être dans la nature aussi longtemps que possible pour tester mon équipement sportif Outdoor et faire des choses que les autres Globetrotters ne recherchent pas.
Cependant ce n'est pas sans risques et difficultés :
Premièrement nous sommes en plein hiver: les rivières sont gonflées par les pluies quotidiennes, il fait froid durant la nuit et il neige au-dessus de 4300m. Néanmoins quelques nuits fraîches et la pluie ne me font pas peur. Je suis équipé avec des vêtements de sports Goretex et je dispose d'un sac de couchage Valandré me protégeant jusqu'à -5°C. En revanche les glissements de terrains ainsi que les sorties de lit de la rivière sont plus ennuyeux et nécessitent au moins la présence de deux personnes. Oui, j'ai vu le film 127 heures et il y a des risques qui ne valent pas la peine d'être pris lorsqu'on est seul. Si j'étais sponsorisé pour le faire oui peut-être, mais ce n'est pas le cas.
Deuxièmement je sais qu'il y a un col à 4660m. J'ai déjà fais l'expérience du mal de l'altitude dans la Cordillère Huayhuash à partir de 4100m et je connais parfaitement ses effets: j'ai eu les maux de tête les plus forts jamais ressentis, des difficultés à rester concentré et une forte diminution de mes capacités physiques.
Avec Eddu et Jonas, nous achetons deux trois choses pour quartre jours: riz, petits pois, pain tranché, oignons et carottes. Heureusement j'avais pensé à faire des courses à Lima pour compléter mes repas avec des céréales. Il est six heures du soir et Jonas veut commencer dès maintenant le Choquequirao trek. Mon plan était de passer une nuit à Cachora pour marcher une plus grande distance le jour suivant comme il y a une grosse montée depuis le pont de Playa Rosalina jusqu'au camp de Marampata. Cela ne fait pas une grande différence pour moi et tous les trois nous commençons notre aventure vers le camp de Capuliyoc.
Après nous être perdu une fois, je prends la tête. Marcher avec la pleine Lune dans le silence de la nuit est magique. Le halo de la Lune se déplace sur les nuages, influençant les jeux d'ombres et lumières le long des formes des montagnes. Notre progression sur la piste plate est rapide. Nous rejoignons le camp de Capuliyoc quelques heures après notre départ de Cachora.
Le vieil homme vivant ici nous invite à utiliser sa cuisine pour préparer notre dîner. Pendant que nous discutons, je lui demande si le Choquequirao Trek est sûr jusqu'au Machu Picchu. Il sera catégorique:
" N'Y VA PAS TOUT SEUL. Nous sommes en hiver, les rivières sont puissantes et il n'y a pas de passerelle pour traverser le Rio Blanco (une rivière derrière la montagne du site archéologique de Choquequirao). Toutefois il un groupe avec 4mules un jour en avance. Si tu marches vite tu les rattraperas dans deux jours. Tu peux acheter de la nourriture et autres produits dont tu peux avoir besoin dans les camps le long du parcours mais ça te coûtera quelques Soles en plus ".
C'est ma chance. Désormais j'ai la possibilité de parcourir en toute sécurité la longueur totale du Choquequirao Trek : une des deux randonnées en montagne les plus difficiles au Pérou avec le circuit alpin dans la Cordillère Huayhuash.
Est-ce de la chance ou le destin?
.
.
Avant de rattraper le groupe avec les mules, tous les trois avons pour but d'atteindre les Ruines de Choquequirao aujourd'hui. Toutefois Jonas ne se sent pas bien après avoir parcouru un dénivelé négatif cumulé de 2000m. Son genoux droit lui fait mal car il n'a pas l'habitude de porter un sac à dos si lourd et il n'est pas assez en forme physiquement pour absorber les chocs répétés pendant des heures. A partir du pont de Playa Rosalina il n'atteindra pas dans la journée le camp de Marampata 1500m plus haut. Eddu arrivera quelques dizaines de minutes après moi pour m'expliquer la situation avec Jonas et partage avec moi le tiers de la nourriture que nous avions acheté ensemble. Je partirai le lendemain tôt dans la matinée pour marcher les quatre derniers kilomètres me séparant des Ruines de Choquequirao.Le temps est brumeux lorsque j'arrive sur le site archéologique. Personne d'autre que moi n'est là pour capturer l'atmosphère fantomatique. Je suis impressionné par la taille et la qualité de construction de Choquequirao. Des canaux passent partout afin de fournir de l'eau aux maisons construites sur un terrain mis à niveau.
Depuis la place principale quelques mètres en-dessous du sommet de la montagne, je profite d'une vue à 360° au milieu et au-dessus des nuages. Depuis cet endroit je vois quelqu'un montrer les escaliers. J'ai réussi: ce couple Australien est celui qui se rend au Macchu Picchu. Je demande à Hector (le guide et directeur de la compagnie Choquequirao Trek) si je peux marcher avec eux. Il n'y voit aucune objection et m'invite à les suivre.C'est une bonne chose que je sois avec eux car sur les coups de midi nous devons traverser la fameuse rivière dont le vieil homme m'a averti : le Rio Blanco. Deux nuits auparavant, il m'a dit que nous aurons à traverser une rivière large de 4 mètres avec de l'eau jusqu'à la taille. Cela aurait pu être un moment délicat avec un sac à dos de 15kg en plus du courant si j'avais été seul!
Heureusement personne n'aura à faire cela. Un groupe de péruvien est ici et ils viennent juste de finir de construire une passerelle faite de pierres, troncs et branchages il y a moins d'une heure. Les mules purent également traverser, rendant ce passage plus facile pour tout le monde.
Après déjeuner, un après-midi similaire au précédent est prévu: 1100m+ jusqu'au camp de Maizal. Une pluie soutenue nous rafraîchit au cours de notre ascension. Je n'ai pas trouvé le sentier aussi pentu qu'hier mais mentalement le camp fut plus dur à atteindre. Quand je regarde les statistiques sur Orux Maps, il m'indique plus de 1800m+. Avec 15kg sur le dos, je suis assez fier.
Le quatrième jour est facile avec seulement 700m de dénivelé positif jusqu'au col de San Juan à 4150m. Encore une fois nous sommes chanceux: nous restons dans les nuages qui nous maintiennent au frais jusqu'au col. La vue de l'autre côté me laisse bouche-bée: la Cordillère Willkapampa nous offre ses deux sommets les plus près (Pumasillo and Quriwayrachina) et ses différents affluents convergent vers la rivière Yanama. Malheureusement je ne verrai pas de condors. La pluie nous forcera à nous arrêter à Yanama. Nous passerons le col de Mariano Llamoja à 4660m le lendemain.Le sentier le long de la rivière Yanama fut relativement dangereux avec beaucoup de glissements de terrain. Éviter tous types d'erreurs ne fut pas une option mais une nécessité avec uniquement mon empreinte de pas me séparant d'une chute de 30m plus bas. Juste au-dessus de 4000m, je commence à ressentir quelques difficultés pour respirer mais je n'éprouve pas de maux de tête avant d'arriver à Totora de l'autre côté du col 1000m plus bas.
.
Dois-je opter pour la solution facile ou celle ennuyeuse...seul ?
.
.
A partir de Totora j'ai quelque peu triché pour plusieurs raisons : les délicieux plats préparés par Jammy (le cuisinier du groupe) auxquels je suis conviés depuis peu sont certainement la première raison! Deuxièmement, le sentier le long du cours descendant de la rivière jusqu'au camp de Playa n'est pas exceptionnel. De plus à cette période de l'année le sentier est détruit par les glissements de terrain. Toutefois j'aurai pu quitter la voiture à Playa et marcher les deux jours suivants à Llactapata puis Aguas Calientes. Mais sans réchaud pour cuisiner, sans compagnie à qui parler et avec un manque de douche prolongé, j'ai choisi l'option facile. Aujourd'hui je le regrette un peu mais ce n'est pas dramatique. Après tout nous sommes en hiver, cela joue beaucoup sur la motivation lorsque vous devez affronter la pluie et le froid tout seul de manière prolongée.A la place je patogerai aux sources chaudes de San Teresa avant un délicieux dîner préparé par Jammy en compagnie d'Hector, Will et Claire !
Nous rejoignons Aguas Calientes en suivant la voie ferrée depuis Hydroelectrica le jour suivant après d'importantes chutes de pluie au cours de la nuit. J'imagine que c'était l'accumulation de toutes les averses que nous n'avons pas eu pendant que nous étions en montagne! A ce propos, nous fûmes vraiment chanceux: cela maintint le Rio Blanco à un niveau plus bas pour permettre la construction d'un pont et rendit le Choquequirao Trek plus agréable.
Enfin, le septième jour, je courrerai jusqu'au Machu Picchu à partir du point de contrôle au niveau du pont pour découvrir la septième merveille du monde dès l'ouverture...avant que le site soit bondé de 2500 personnes.