Les habitants de San Telmo défendent leur parc Lezama [Actu]

Publié le 16 février 2015 par Jyj9icx6

Manifestation devant le palais municipal en avril 2013 (photo Télam)
En noir sur fond blanc on lit : Pas de grille !
En rouge : Association [de riverains] Parque Lezama

Depuis au moins deux ans, le gouvernement municipal de Buenos Aires enferme systématiquement les petits espaces verts derrière des grilles ce qui enlaidit beaucoup la ville, y fait régner un sentiment d'insécurité fictive (jusque dans des quartiers aussi tranquilles que Palermo, Recoleta ou Belgrano) et complique la vie des habitants qui doivent faire à pied tout un détour pour profiter de l'espace vert qui ne dispose plus que d'un seul point d'entrée et de sortie ou pour le contourner pour atteindre l'une ou l'autre des autres rues qui délimitent la place. Et tout ça dans une ville où marcher sur la pelouse ne lui fait aucun mal : l'humidité est telle à Buenos Aires que la végétation n'a rien à craindre des chaussures des hommes. Rappelons que la ville est bâtie sur une zone marécageuse, le delta du Río de la Plata, lui-même formé par la jonction de deux énormes cours d'eau principaux, le Paraná et l'Uruguay (à quoi il faut ajouter au sud de Buenos Aires même le Riachuelo, dont on voit l'embouchure sur le plan, en bas, à droite : le coude vers l'ouest que l'on aperçoit à l'extrémité des quais de Puerto Maderno, bâti sur le Río de la Plata).

Vue satellitaire légendée du parc en juin 2011
C'est l'hiver, ce qui vous explique le manque de verdure
Au sud, vous reconnaissez une zone industrielle


L'année dernière, j'ai constaté avec stupeur que la place du Chili, qui fait face à la Plaza Gran-Bourg, sur laquelle donne le bâtiment de l'Institut National Sanmartinien, à Palermo, avait subi cet affront : les grilles cassent toute l'harmonie du lieu et du mariage entre les statues des grands héros de la vie de José de San Martín en Amérique et en Europe (pendant son exil), avec les arbres majestueux qui s'épanouissent sur cette place, très sereine, malgré la proximité de l'artère automobile qu'est Avenida del Libertador. La même chose est arrivée au Parque del Centenario à Flores et tant et tant d'autres lieux bucoliques en pleine ville.
L'année dernière encore, je n'avais pas mis les pieds au Parque Lezama dans le sud de San Telmo qui était entouré d'engins de travaux, boueux, abîmé de partout par ces travaux qui semblaient très lourds.

Plan de l'est de Buenos Aires
Le parc est au centre, au sud de l'autoroute vers La Plata et à l'est de l'autoroute Frondizi (orange)
Le grand canal bleu correspond à trois bassins du Vieux Port de Buenos Aires
A l'ouest de l'autoroute Frondizi, on reconnaît le départ de la gare de Constitución (gris)


Il s'avère qu'ils avaient pour but de clore le parc (en fait un grand jardin public, délicieux par ailleurs, à l'extrémité duquel on trouve le Musée national historique pour lui donner son nom en français (Museo Nacional Histórico). Mais les habitants des environs ne l'entendent pas de cette oreille et vont manifester en ces jours fériés des jours gras avec une murga de carnaval bien ancrée dans la lutte politique pour dénoncer cette absurdité urbaine. Página/12 raconte par ailleurs dans un article de ce matin comment ils s'organisent pour bloquer les travaux et la pose des grilles, après que la justice portègne leur a donné raison en faisant suspendre l'opération. Les habitants se sont organisés en association de riverains pour ester en justice et organiser la défense d'un accès libre à cet espace vert et de la manière dont ils l'investissent au quotidien. Le jardin sert en effet de raccourci quand on veut le traverser en diagonale pour aller d'une avenue à l'autre...
C'était un grand progrès d'urbanisme au vingtième siècle que les grilles des espaces verts soient abattues. Mauricio Macri ramène sa ville un siècle en arrière alors qu'il faudrait développer la marche à pied et la bicyclette pour lutter contre la pollution automobile dans toute la capitale. Il fait l'inverse. La même chose peut être dite de sa politique d'enchérissement inflationniste des transports en commun qui pèsent de plus en plus sur le budget des ménages qui voient aussi augmenter les impôts locaux. Il faut croire que trop c'est trop !

Une carte postale du Parque Lezama avant 1931
C'est l'année où l'on a abattu cette enceinte et améliorer la circulation pédestre des riverains