Si un espion doit se cacher pour observer sa cible avec des jumelles afin de ne pas éveiller de soupçons, ce sera peut-être bientôt (et malheureusement) chose du passé.
Dans le cadre d’une conférence organisée par l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS), des ingénieurs en optique de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse ont dévoilé cette semaine le fruit de leur travail : des verres de contact permettant à celui qui les porte de passer d’une vision normale à une vision rapprochée de 2,8x en un clin d’œil… littéralement.
Lorsqu’on apprend que le projet est financé par la DARPA, difficile de ne pas se poser des questions sur le réel mandat des chercheurs.
Le prototype incorpore un télescope à réflecteur en aluminium à l’intérieur d’une lentille rigide d’une épaisseur de 1,55 mm. Celui-ci est muni de petits miroirs qui font bondir la lumière, agrandissant ainsi la perception des objets de la même façon que le font des jumelles. Ces lentilles nécessitent le port de lunettes électroniques dont la polarisation varie selon l’effet souhaité.
Un clignement de l’œil droit déclenche la polarisation nécessaire pour obtenir l’effet de zoom. À l’inverse, un clignement de l’œil gauche déclenche la polarisation qui rétablit la vision normale.
Les lunettes s’inspirent ainsi de la même technique employée par les lunettes que l’on retrouve dans les salles de cinéma qui projettent des films en 3D (soit la polarité différente des deux verres).
À la rescousse des personnes souffrant de DMLA
«Nous croyons que ces lentilles sont très prometteuses pour les personnes dont la vue est faible ou qui souffrent de dégénérescence maculaire (DMLA)», déclare Éric Tremblay, chercheur de l’EPFL. «Il est impératif, mais difficile de trouver un équilibre entre les bénéfices apportés et les coûts sociaux rattachés au port de tout type de dispositif visuel volumineux. Il y a un réel besoin de quelque chose de plus intégré, et une lentille de contact est une solution attrayante. Bien que l’on en soit toujours qu’à l’étape de la recherche, nous avons espoir de trouver une véritable option pour les personnes atteintes de DMLA.»
La dégénérescence maculaire liée à l’âge est une maladie de la rétine provoquée par une dégénérescence progressive de la partie centrale de la rétine qui provoque un affaiblissement important des capacités visuelles. Une vue rapprochée et éloignée peuvent être des symptômes reliés à cette maladie.
L’objectif du projet est donc tout à fait louable. Par conséquent, doit-on craindre de potentielles applications militaires? Lorsqu’on apprend que le projet est financé par la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA), difficile de ne pas se poser des questions sur le réel mandat des chercheurs.