Titre original : Housebound
Note:
Origine : Nouvelle-Zélande
Réalisateur : Gerard Johnstone
Distribution : Morgana O’Reilly, Cameron Rhodes, Ross Harper, Ian Mune, David Van Horn, Bruce Hopkins, Mick Innes…
Genre : Horreur/Comédie/Thriller
Date de sortie : 16 février 2015 (DTV)
Le Pitch :
Kylie, une cambrioleuse à la petite semaine, est assignée à résidence après le coup foiré de trop. Bloquée chez sa mère et son beau-père, la jeune femme finit par découvrir que la vieille bâtisse de ces derniers recèle de mystères, à l’image de ces bruits étranges, qui semblent indiquer qu’une entité y a élu domicile. D’abord méfiante et septique, Kylie doit pourtant se rendre à l’évidence : un intrus hante les lieux…
La Critique :
Auparavant connu pour avoir officié en tant que réalisateur et scénariste sur la série The Jaquie Brown Diaries, Gerard Johnstone annonce la couleur très rapidement avec son premier long-métrage, qu’il a justement écrit et réalisé : l’horreur et l’épouvante ne se dégusteront pas seules, mais assaisonnées d’une large dose de comédie et de second degré !
Difficile alors de ne pas faire le lien avec les premières œuvres déjantées d’un autre néo-zélandais, aujourd’hui sur le toit du monde grâce à ses adaptations de J.R.R. Tolkien, à savoir Peter Jackson. Lui aussi n’a jamais versé dans le gore frontal et sérieux. Toujours chez Jackson, l’horreur allait de pair avec un humour savamment décalé, rappelant par bien des aspects la scène comique britannique. Cela dit, Housebound n’a pas grand chose à voir avec Bad Taste et Braindead. Johnstone ne donne pas dans la tripaille et les effusions massives d’hémoglobine, même si quand il faut vraiment, il n’hésite pas à ouvrir les vannes, tout en restant raisonnable et mesuré. Ce que préfère opérer le réalisateur, c’est un détournement en bonne et due forme d’une épouvante plus insidieuse, propre aux histoires de maisons hantées. À l’arrivée, étrangement, Housebound se pose un peu comme le mélange des Banlieusards de Joe Dante, de Fenêtre sur Cour d’Alfred Hitchcock, et de La Maison du Diable de Robert Wise. Le tout réarrangé pour coller avec les canons des productions plus modernes du genre, avec quelques clins appuyés à Jackson et à quelques autres de ses contemporains.
Housebound ne manque pas d’originalité, ni d’audace. Soutenue, la rythmique permet à l’intrigue de se dérouler sans heurts et à l’ambiance de se construire convenablement. En revanche, jamais Housebound n’arrive à véritablement atteindre des sommets. Tout en se révélant agréable à suivre et parcouru de quelques fulgurances modestes mais efficaces, le long-métrage de Johnstone reste une série B bien produite, bien exécutée et à sa manière plutôt inspirée, mais indéniablement modeste et parfois même anecdotique. Sa longueur un poil excessive (1h50) accentuant cette dernière impression indéniablement. Housebound est ainsi drôle mais pas trop, et effrayant, mais seulement par moments. Tout spécialement lorsqu’il devient clair que le film choisit lors de sa deuxième partie de s’aventurer davantage dans la comédie gentiment trash, au détriment de l’ambiance poisseuse qui se dessinait jusqu’alors.
Les personnages aussi vont dans ce sens. Le scénario ouvre beaucoup de portes et suggère beaucoup de choses en premier lieu, notamment au niveau des protagonistes. Au final, aucun ne se révèle vraiment déviant, tout en maintenant en place un cahier des charges qui met de plus en plus, au fil des minutes, la gaudriole en avant, au détriment de la peur et du gore. On appréciera les faux-semblants mais pas trop non plus, car rapidement le métrage dévoile sa véritable identité et s’avère beaucoup moins malsain que prévu et ainsi plus conventionnel.
Les acteurs étant tous très bons, bien aidés par des partitions travaillées, en particulier en ce qui concerne la sympathique héroïne rebelle incarnée avec une belle énergie rock and roll par Morgana O’Reilly, le film gagne en épaisseur, mais encore une fois, semble se limiter lui-même à un exercice de style vraiment attachant, mais moins percutant que prévu.
Au final, Housebound ne démérite jamais, mais apparaît plus sage que son pitch ne pouvait le suggérer. À chacun de voir si le chemin choisi par Gerard Johnstone est le bon, mais en tout cas, le metteur en scène assume tout et conduit sans défaillir du début à la fin, droit dans ses bottes, avec ses références et les maladresses dont il fait preuve. C’est probablement aussi pour cela que son film est aussi divertissant, et sait se faire pardonner ses petites imperfections cumulées.
@ Gilles Rolland