Djezzy est pour l’instant en tête de la course que se livrent les opérateurs mobiles algériens. Point sur le marché des télécoms locaux.
Entretien réalisé dans le cadre de la conférence FIKRA, à Alger, avec Vincenzo Nesci, PDG de Djezzy. L’intégralité de l’interview sera diffusée le 21 février, dans L’Atelier numérique sur BFMBusiness.
L’Atelier: Djezzy est aujourd’hui le premier opérateur mobile algérien mais s’est lancé assez tardivement sur le marché.
Vincenzo Nesci : Djezzy a été le deuxième opérateur à être créé. En 2001, il y avait déjà un opérateur historique, du secteur public qui dispensait des services de téléphonie mobile pour les « happy few ». A cette époque, c’était assez compliqué d’obtenir une puce. Un appel d’offres international a donc été lancé et gagné par le groupe Vimpelcom, qui s’était déjà fait un nom en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Djezzy est né de cet appel d’offres, grâce à des investissements importants de ce groupe, ce qui a permis un développement rapide de la téléphonie mobile. En un an, nous avions 1 million d’abonnés, à un moment où l’opérateur historique sur les cinq dernières années n’en avait gagné que 150 000. Aujourd’hui, Djezzy représente 18 millions d’abonnés sur une population de près de 40 millions d’habitants.
Entre 2002 et aujourd’hui, on est passé en Algérie de moins de 2% de pénétration mobile à près de 100%. Est-ce que l’explosion peut aller plus loin?
Je suis très satisfait de pouvoir dire que nous sommes à 100%. Je le suis d’autant plus que des indicateurs dans d’autres pays affichent une pénétration de 130-140%. Il y a encore à faire.
Le Maroc et la Tunisie affichent un taux de pénétration internet qui avoisinent, voire dépassent les 50% quand l’Algérie peine à afficher 15%. Cette explosion du mobile peut-elle en Algérie mener à une hausse de l’accès internet ou en est-on loin? Est-ce une piste?
Pas une piste, un espoir, que nous voulons transformer en réalité. Le lancement de la 3G est récent en Algérie. Nous-même avons lancé notre réseau 3G, en juillet dernier. Nous avons tardé parce que l’agence de régulation imposait un système de double numérotation qui nuit clairement à la qualité de performance. Un de nos concurrents en a d’ailleurs essuyé les plâtres. On s’est lancé quand le règlement de l’agence de régulation a évolué.
Et ça prend?
Oui. Les Algériens commencent à découvrir la 3G. En revanche, un accès à la 3G ne suffit pas. Nous investissons pour offrir plus qu’un accès : offrir du contenu. On a développé un Djezzy Store qui regroupe une série d’applications. Nous avons comme objectif d’aider un écosystème local de chercheurs et développeurs à créer des applications pour nous dans le but de les commercialiser. C’est ainsi que nous voyons les choses, dans l’aide au développement des start-ups en travaillant avec eux.
Vous avez d’ailleurs lancé Be-Djezzy en décembre dernier, en partenariat avec la start-up française Be-Bound, qui permet un accès à internet sans recours à un réseau wifi ou 3G.
Nous en sommes très contents. L’idée est innovante. Ses créateurs me l’ont présentée il y a deux ans. On a travaillé de concert avec eux pour l’intégrer. Ce que j’espère, c’est que, vu l’intérêt du groupe Vimpelcom (NDLR: maison mère de Djezzy) pour l’application, BeDjezzy se déclinera chez les autres filiales du groupe. Ce serait un témoignage à l’international en faveur de ces talents algériens et français qui ont conjointement développé et lancé cette application ici, en Algérie.