Le destin hors normes de Chris Kyle, tireur d’élite d’exception qui officia à la Navy de 1999 à 2009. On compte plus de 150 personnes tombées sous ses balles…
Décidément Clint Eastwood semble se spécialiser dans les biopics. Après J. Edgar Hoover, Nelson Mandela ou encore Franki Valli, il décide cette fois de relater l’histoire d’un « homme de l’ombre ». Ce dernier se nomme Chris Kyle. S’il est parfaitement inconnu en France, il est l’un des tireurs d’élite les plus redoutables de l’armée américaine.
Le cinéaste veille à dresser un portrait de l’homme au-delà du soldat. Ce qui permet au spectateur de s’attacher au personnage. On le voit tomber amoureux, avoir une enfance pas forcément évidente avec un père autoritaire… Tout ceci permettant d’avoir une certaine empathie pour lui avant que l’on voit en mode soldat. Car sans cette introduction d’une vingtaine de minutes, il aurait été difficile de s’attacher d’une quelconque manière à un homme tuant de sang froid hommes, femmes et enfants. Même si, certes, il tue en tant de guerre pour protéger son pays et éviter que les soldats, qui l’entourent, meurent aussi. Le cinéaste veut nous faire rentrer dans sa tête, pour mieux comprendre comment de simple soldat accomplissant son devoir, il se laisse aveugler par le désir de vengeance. Comme beaucoup de soldat ayant fait la guerre, il n’est plus le même et ne sait plus comment être un simple civil.
Bradley Cooper est plutôt impressionnant dans ce rôle. Il parvient à montrer toute la complexité du personnage, la lutte qu’il mène pour ne pas devenir une machine à tuer sans cœur. Il n’a d’ailleurs pas hésité à briser l’image de sex symbol qu’il se trimbale depuis Very Bad Trip en prenant quelques kilos et pas mal de muscles pour lui donner un aspect mi-armoire à glace, mi-nounours (et la ressemblance avec le vrai Chris Kyle est assez frappante). Tout repose ici sur ses épaules et il parvient avec brio à nous happer dans son histoire.
Pour le reste, le récit nous plonge au cœur de la guerre en Irak post 11 septembre 2001. Naturellement, le film est américain, donc on est bien dans un profil les ricains sont tous bon et les irakiens tous des méchants. Que ce soit la première scène de « combat » avec une mère et son fils tentant de lancer une roquette contre les soldats US, un irakien qui accepte de jouer les informateurs à condition de soutirer un joli pactole en échange, ou encore un islamiste surnommé le Boucher torturant un enfant à coup de perceuse électrique… Mais bon, depuis le 11 septembre, on commence à être habitué à ce que les films mettant en scène des musulmans joue sur cette dualité. Enfin, la liberté d’Eastwood et du scénariste, Jason Dean Hall était un peu limité vu que le film est une adaptation des mémoires de Chris Kyle.
Dans le fond, c’est un bon film, bien réalisé avec un scénario classique mais balisé et un bon jeu d’acteurs. Cependant, l’aspect pro-armée américaine pourra probablement en déranger plus d’un, même si la question de « l’absurdité » de cette guerre est quelque peu abordée par moment. Je trouve dommage que le film prenne plus de profondeur que dans les 45 dernières minutes du film. Enfin, ça sent les Oscars à plein nez quoi qu’il en soit.