Le 19 février 2015, Ladies Room organise une journée « Gardons notre mauvaise foi » sur l’infidélité. Je leur ai donc concocté une playlist pour l’occasion, que voici.
Aujourd’hui, je savoure les joies du couple bourgeois et exclusif avec Le Chevalier depuis 18 mois (même si je sais que l’amour dure 3 ans). Quand j’ai vu la thématique de Ladies Room, je me suis demandé si j’étais légitime pour parler d’infidélité, alors que je vis le big love de ouf. Ce n’est pas comme si j’étais une oie blanche qui n’avait rien connu avant son preux sauveur – vous-mêmes, vous savez –, mais quand même, en écrivant ces lignes, j’ai comme un petit goût amer dans la bouche.
Malgré tout, sans entrer dans les détails de ma vie intime, elle a été assez bousculée avant mes 30 ans pour avoir connu deux-trois choses en lien avec la thématique demandée. C’est juste que la trentaine m’a rendue conne et moralisatrice au point de ne pas assumer certaines choses de mon passé. J’ai appris grâce à ces choses, et c’est parce que j’ai vécu ces choses que j’évite de faire les mêmes erreurs aujourd’hui. Finalement, ça me va tellement bien d’être conne et moralisatrice à 32 ans…
Comme je ne peux plus parler de l’infidélité à travers mon œil aguerri, je vais donc le faire comme d’habitude : en musique. Car si les chansons parlent d’amour de manière langoureuse, voire cucul, elles peuvent aussi parler des peines de cœur provoquées par la traîtrise de l’autre. Mais là aussi, on n’est pas à l’abri d’un excès de pathos ou de niaiserie. Comme je suis équilibrée, je vais aussi me placer du côté des chansons qui traitent de l’infidélité côté traîtres (côté que je connais le mieux).
Booooooooooooooooh, tu m’as trompée, connard !
Quand on se retrouve du côté trompé du couple, ou quand on soupçonne l’autre de coucher avec un(e) collègue/un(e) pote super proche, on a l’impression parfois d’avoir bousillé sa vie en faisant confiance à une personne qui n’en est même pas digne. Selon les personnes, on peut prendre la chose avec philosophie ou carrément péter les plombs.
Marvin Gaye, I Heard It Through the Grapevine
Bon, je sais, il n’est pas l’auteur de la chanson, mais force est de constater que même quand il doute que sa meuf est en train de fricoter avec l’ex d’icelle, Marvin garde la classe absolue. Dans la chanson, il est certes question de soupçons d’infidélité, mais tant la voix de Marvin que l’orchestration trompe la vigilance de qui ne comprend pas les paroles (ce qui fut mon cas pendant des années). En effet, il résulte de cette chanson une charge érotique tellement lourde que même la jeune femme censée avoir trompé Marvin en est troublée. Ou alors les publicitaires de Levi’s dans les années 1980 sont de gros pervers.
If you know what I mean…
Sheryfa Luna, Il avait les mots
L’histoire de la meuf concon qui sort de l’adolescence et qui s’installe dans une position de maîtresse malgré elle a beau être so cliché, la recette marche toujours. Avant d’être combattantes et séductrices, à peu près 80% d’entre les femmes se sont fait avoir de la sorte. Qui par leur premier petit copain qui a fini, une fois l’affaire faite, avec leur pire ennemie du lycée. Qui, étudiantes ou jeunes travailleuses, par un mec marié enlevait leur alliance en leur présence. Bref, comment refaire confiance à un mec après ça ?
Patricia Kaas, Je voudrais la connaître
La position de cocu(e) peut parfois générer une curiosité malsaine. Puisque désormais, être soi ne suffit plus à conquérir et garder l’être aimé, savoir ce que l’autre a de plus que soi peut parfois s’avérer obsessionnel au point de le/la désirer soi-même. On se plaît à avoir mal, on se surprend à vouloir prendre son conjoint en faute avec elle… A l’extrême, ce sentiment peut générer une grande pulsion érotique, et c’est ce qu’on appelle le candaulisme.
Jeanne Cherhal, Un couple normal
La situation la plus dure, c’est quand on se retrouve sciemment dans le rôle de maîtresse en espérant qu’il va quitter sa femme et qu’on se retrouve à attendre un mec qui finira par faire un troisième à la femme dont il jurait qu’il ne touchait plus le corps. Dans ce cas, il est nécessaire de quitter le bonhomme avant de se faire vraiment du mal au point de ne plus se respecter.
Serge Lama, Les petites femmes de Pigalle
Je me fais tromper ? So what ? Autant en profiter, moi aussi ! Certes, ce point de vue n’est pas partagé par beaucoup de personnes trompées et on peut également regretter cette vengeance malvenue. Mais si Serge nous dit qu’il est cocu mais content, c’est qu’il a pas mal travaillé sur lui-même pour transformer cette crise d’ego en fête du slip.
Je t’aime, oui mais…
Rester en couple avec quelqu’un n’est pas facile, et il arrive que l’usure arrive plus vite que l’on ne pense. On pensait ne pouvoir chérir qu’une seule personne à la fois, et on se retrouve du jour au lendemain dans le lit d’un autre. Là encore, les réactions sont diverses, entre la flatterie de l’ego et la culpabilité.
Rihanna, Unfaithful
Dans cette chanson, nous sommes typiquement dans la culpabilité que provoque l’infidélité. L’autre sait que tu vas voir ailleurs, mais fait comme si de rien n’était, car il t’aime et est persuadé que tu l’aimes encore. La personne infidèle s’en veut donc de trahir cette confiance absolue, mais elle est persuadée qu’elle ne peut pas s’en empêcher. Quelle belle situation perverse en perspective…
Shaggy, It Wasn’t Me
Oooooh, la belle réaction de fumiste du mec qui se fait prendre en flagrant délit et qui ose dire : C’est pas moi, c’est mon jumeau/un mec qui me ressemble/Dominique Strauss-Kahn avec cette meuf… Ceci est peut-être l’un des pires clichés véhiculés sur les hommes : non seulement ils ne savent pas tenir leur bite, mais en plus, ils n’assument même pas leurs actes.
Brigitte Bardot, Ciel de lit
Pour avoir beaucoup discuté du polyamour à une certaine époque avec certaines personnes, même si être en couple avec le Chevalier est un boulot à plein temps, prendre un amant pour le jour et garder le mari pour la nuit peut paraître tentant, mais j’aurais peur de me lasser de ce schéma. Si ça se trouve, c’est peut-être parce que je suis encore un peu verte en amour, ou au contraire trop vieille. Ou alors, c’est vraiment que ce n’est pas mon truc.
Serge Gainsbourg, La femme des uns sous le corps des autres
Les hommes aiment bien les femmes infidèles… sauf quand c’est la leur. Encore un bel apanage de la virilité mal placée que ce besoin de posséder une femme, puis d’autres (même si manifestement, elles sont déjà « possédées » par d’autres).
Hélène Rollès, Amour secret
Rhôa ça va ! On a le droit d’être infidèle ET cucul, comme nous le prouve Hélène Rollès. Cela me rappelle un Toute une histoire récent (ma vie de chômeuse est pas-sion-nante !) sur les hommes amants de femmes mariés et qui étaient, pour le coup, vraiment niais pour certains. Car il ne faut pas oublier que, derrière l’infidélité, il ne se cache pas que des coups de bite à répétition.
Bien que je vous ai parlé d’infidélité et de ses avatars musicaux, je voudrais malgré tout rassurer le Chevalier : ceci est une commande d’écriture et ne reflète en aucune manière mon avis actuel, wokay ? Coucouche panier, mon cœur.